Caricature et politique au Cameroun de 1974 à 2008 par Amina DJOULDE [1]
La réflexion portant sur « Caricature et politique au Cameroun de 1974 à 2008 », s’inscrit dans le cadre de l’histoire politique et culturelle du Cameroun et s’intéresse particulièrement aux modes artistiques d’énonciation du politique, tels que les caricatures.
Au Cameroun, les études sur les caricatures sont peu exploitées. En effet, très peu d’historiens en font un champ d’étude bien que cela soit d’un grand intérêt pour saisir le fait politique dans sa longue durée, c’est la preuve que peu de chercheurs s’intéressent à l’approche pictographique du politique. Cependant, quelques auteurs se sont intéressés à la question à l’instar de : Célestin Monga,[2] Achille Mbembe,[3]Lyombe Eko[4]et dans une certaine mesure Francis Nyamjoh.[5] Mais, ces quelques travaux s’inscrivent davantage dans la perspective des sciences politiques, de la sociologie et de la communication politique. Ils pèchent par une absence quasi-totale de dimension historique. Or, la représentation par l’image en politique permet aux acteurs politiques et artistes caricaturistes de s’exprimer et de se faire entendre. La spécificité de cette réflexion réside dans le fait qu’elle s’appuie sur la caricature comme « mode artistique d’énonciation du politique » pour reprendre l’expression de Gilbert L. Taguem,[6] un mode d’expression dont l’existence au Cameroun remonterait à 1974. Ainsi donc, en politique, l’image satirique soulève une interrogation qu’il convient de préciser.
Cette analyse pose le problème de la fonction de l’imagerie caricaturale dans l’évolution politique de ce pays. Autrement dit, à partir de la caricature produite dans la presse locale de 1974 à 2008, peut-on analyser et comprendre la dynamique politique au Cameroun? Cette interrogation permet de mettre en exergue la place de l’art graphique dans le processus politique du Cameroun. En effet, la caricature est une arme dont l’usage varie selon l’utilisateur. Ses divers usages sont l’expression des rapports de forces entre l’Etat et sa cible. En effet, le paysage politique au Cameroun dans le contexte de la démocratisation est caractérisé par des tensions entre le politique et certains acteurs de la société. De ce fait, la pratique de la caricature fait partir de ces activités qui en politique permet d’illustrer et d’entretenir ces rapports de forces. Le justificatif en est que pour le politique, la pratique caricaturale est le moyen de soigner son image. Tandis que pour le caricaturiste opposant, le dessin caricatural est l’occasion de faire du politique un objet de dérision et de subversion. La dérision imagée et verbale que subit le politique fait de lui une cible, ce qui traduit la domination du dominé sur son dominateur. Aussi, les faits énoncés par la caricature font état des préoccupations politiques d’une société selon l’espace et le temps.
De ce fait, pour nous éclairer sur ce lien qui existe entre l’art graphique déformé et le politique, nous nous sommes intéressés aux caricatures politiques publiées dans la presse écrite au Cameroun. Plus précisément dans Cameroun Tribune[7], et La Nouvelle Expression[8]. Ici, l’usage de ces caricatures est fait dans un but illustratif. Mais pour mieux illustrer nos arguments, nous avons procédé à une décomposition de l’image pour en extraire l’historicité. L’objectif est de voir comment l’image caricaturale relate un fait politique. Pour déterminer les différentes fonctionnalités de l’art caricatural dans la presse écrite au Cameroun, nous avons fait usage de la méthode comparative. Toutefois, la comparaison a été appréhendée de manière verticale au détriment de la comparaison horizontale. C’est dire que la comparaison n’a pas tenu compte de l’approche thématique mais plutôt de la philosophie éditoriale de chaque journal. Ce choix résulte d’une volonté d’analyser le fait politique que développe la caricature en fonction des positions politiques de chaque organe de presse écrite. Pour mieux illustrer nos propos nous nous sommes intéressés aux caricatures politiques produites entre 1974 et 2008. En marge des sources caricaturales, les sources orales ainsi que les sources écrites ont été prises en compte. Ainsi, la structuration de cet article s’établit sur trois articulations majeures. Premièrement, l’essor de la caricature de presse au Cameroun est retracé brièvement en fonction des contextes politiques de 1974 à 2008. Deuxièmement, l’art de la caricature est présenté comme un instrument au service du politique. Troisièmement, nous présenterons la pictographie de la charge comme arme de dénonciation des dérives politiques.
Bref historique de la caricature de Presse au Cameroun
Les débuts
Le premier janvier 1960 Ahmadou Ahidjo prononce le discours qui officialise l’indépendance du Cameroun Oriental dont il est le premier président. Il entreprend la construction d’un Etat fort autour de sa personne, puisque « l’Etat c’est lui »[9] pour reprendre l’expression de Philippe Gaillard. La construction d’un Etat fort passe par la mise sur pied d’un système politique liberticide avec le désir de la conservation de l’unité nationale comme socle. Ahidjo a opté pour le monolithisme comme système politique, tandis que le régime politique semble avoir été le présidentialisme.[10] C’est donc dans ce contexte politique que les responsables politiques ont trouvé indispensable de développer la presse écrite gouvernementale comme outil d’information et de communication.[11] La réalisation de ce projet fut possible après la création en mars 1974[12] de la société camerounaise de publication (SCP)[13] qui engendra le premier juillet de la même année un quotidien gouvernemental connu sous l’appellation de Cameroun Tribune.[14] Selon nos investigations, l’avènement de la caricature de presse au Cameroun indépendant remonterait à la création de ce quotidien national. Car dans les pages du journal, dès ses premières publications, la caricature fait son apparition sous le crayon d’un artiste connu sous le pseudonyme de Tita’a[15], de son vrai nom Nkoumou Amengle Martin Michel. L’introduction de la caricature dans la presse gouvernementale s’est faite par imitation du modèle de la presse occidentale (cf. Le Monde en France). En tant que moyen d’information, cet art s’est développé selon les prérogatives de la philosophie du journal. Rappelons que la presse quotidienne nationale privilégie l’information institutionnelle et véhicule une image idéaliste du gouvernement en place. Cette philosophie est en quelque sorte la cause de la naissance de la presse privée indépendante qui a pour souci de donner des informations qui se rapprochent des interrogations réelles des lecteurs. Elle est aussi support du dessin satirique comme mode journalistique.
Au même titre que la presse écrite gouvernementale, les médias écrits privés au Cameroun ont aussi introduit dans leurs pages des rubriques consacrées à la caricature. Mais il fallait que cette caricature soit conçue selon la logique de la ligne éditoriale.[16] Avant 1990, l’utilisation de la caricature au départ était dans une logique illustrative en raison du manque de photographie. Mais aussi, il était question d’imiter Cameroun Tribune qui était leur principal rival. C’est dans une logique contestataire que la caricature dans les médias écrits privés devient un moyen de donner l’information à part entière à partir de 1990. C’est ainsi que la pictographie de la charge a donc pour principal objectif la satire politique. La Nouvelle Expression en fait même un éditorial, c’est ainsi que les rubriques « vu à la télé », « la griffe » ou « le coup de crayon d’Abou » sont comme un second éditorial mais de manière illustrée. Le Messager choisit de présenter certains titres à la une de ses parutions par des illustrations caricaturales. A l’intérieur du journal, l’analyse des questions politiques au travers de l’image satirique est faite dans la rubrique « cinéma le Popoli ».[17] La presse illustrée quant à elle fait son apparition dans le paysage médiatique camerounais en 1993 avec la création du Messager Popoli. Dans son sillage, « Mami wata », le Porc-épic sont créés. De nos jours seul Le Popoli reste visible dans le marché de la presse. Cette forme de presse a du succès au sein de la grande famille des médias. L’association des techniques du journalisme d’investigation et des images stéréotypées font de cette forme de presse le support idéal de la caricature. Pour être pertinente, elle reprend et manipule ce qui est déjà codé. De ce fait elle n’est pas une création artistique ex-nihilo, produit de l’imaginaire de son auteur et ne saurait non plus être abstraite.[18]
En fonction de la mosaïque qu’offre le paysage de la presse au Cameroun, on distingue deux grandes écoles de caricature. L’école des caricaturistes de la première génération qui regroupe Tita’a, Kiti, Lemana Louis Marie, Go’Away, Retin et Jaimes. La seconde école est dite celle de Plantu[19], Cabu[20], Wolinsky[21] et Zapiro[22]. C’est à cette école qu’appartiennent la plupart des caricaturistes camerounais au nombre desquels on compte Nyemb Popoli, Abou, et Senou , etc.
Selon les caricaturistes de la première génération, « caricaturer ne consiste pas à faire du griffonnage de dessin sous prétexte de la charge ».[23] Les caricatures qui sont produites selon les canons de cette école sont moins exigeantes sur le poids de la charge. Les dessins satiriques sont plus filtrés et tendent à se rapprocher du dessin simple. Le langage développé dans la caricature s’inscrit dans le registre du style courant ou soutenu. Cette école caricaturale regroupe les caricaturistes soumis aux exigences telles que celles érigées par le politique camerounais depuis le régime Ahidjo. Il est à noter que l’ère au cours de laquelle la caricature de presse prend corps est marquée par le monopartisme. En effet, au lendemain de l’indépendance, plus précisément en 1962, Ahmadou Ahidjo a stratégiquement réussi à comprimer toute opposition politique par la promulgation de la loi contre la subversion sur toutes ses formes. La naissance de l’Union Nationale Camerounaise (UNC)[24] en septembre 1966 qui sonne le glas du pluralisme politique vient renforcer les positions politiques du président et le mythe qu’il a crée autour de sa personne.[25] Dans ce contexte juridique et politique, il n’est plus opportun de développer l’esprit critique, ni opposition au pouvoir politique.[26] La pensée critique est muselée, la caricature qui serait née à cette époque ne peut que suivre cette logique politico – juridique préétablie. Par conséquent, l’imagerie caricaturale ne devait pas traiter des questions politiques, de même que les hommes politiques ne devaient en aucun cas faire l’objet de représentation caricaturale. D’autant plus que dans cet environnement politique, les dirigeants politiques sont infaillibles, leurs discours ne doivent pas être critiqués.[27] Il y a là une volonté pour le politique de soigner son image publique. Le fait de soigner l’image du politique consiste inévitablement à passer sous silence les nombreuses atteintes et violations des droits de l’homme dont l’Etat se rend coupable. Comme exemple l’absence d’élections multipartites, (cf. l’élection présidentielle dont le vainqueur est connu d’avance), ou l’institution d’un organe législatif complice du président de la république. C’est aussi faire une tâche d’ombre sur les pillages de biens publics, les détournements financiers par les membres du gouvernement et le clientélisme observé au sein de la classe politique camerounaise.[28] Sous ce régime, la subversion, qu’elle soit linguistique, écrite ou iconographique n’était pas tolérée. Ce climat politique était favorable au musellement de la pratique caricaturale. A ce propos, le dessinateur professionnel Thomas Durand Kiti nous confie qu’à partir de 1974, l’environnement politique effrayait les caricaturistes qui avaient peur de dessiner ; par conséquent « on était très peu en nombre ceux qui faisaient des caricatures dans la presse ».[29] La caricature politique est par conséquent étouffée et très peu vulgarisée.[30] La peur des répressions par l’administration frustre les caricaturistes dont bon nombre préfèrent s’abstenir de dessiner.
Par contre, à l’époque du renouveau, il en va tout autrement. Après une brève période de continuité (1982-1984) du système autocratique connu sous le régime Ahidjo, de nouvelles missions sont attribuées à la presse en général et à la caricature en particulier. Ceci étant, la presse écrite doit être le support idéal de la rigueur et de la moralisation et un espace où le débat politique où les camerounais de manière responsable apprennent de manière responsable à débattre sans se battre.[31] Cette atmosphère de renouvellement de la pensée politique va se faire ressentir dans le domaine du dessin satirique. Très vite, les dessins satiriques vont s’attaquer aux questions politiques et aux représentations imagées des hommes politiques. L’homme politique ainsi que ses actes sont désormais la cible des caricaturistes. C’est dans cette logique qu’apparaît en 1985, la première caricature politique[32] réalisée par Kiti. Les sujets autrefois interdits sont désormais traités avec acuité, préférence est faite aux questions politiques. L’action du gouvernement ne représente plus un caractère singulier, au contraire elle devient un fait analysé et critiqué à travers les dessins humoristiques. Ce changement s’explique par le fait que la rupture entre Biya et Ahidjo a entraîné des changements d’hommes à la tête de certaines structures étatiques. Entre 1984 et 1990, l’absence au gouvernement des hommes de force tels qu’Andzé Tchoungui et surtout Fochivé aurait toutefois influencé les pratiques de la caricature. il faut donc attendre les années 90 pour que la caricature politique devienne plus critique et croustillante. Le contexte juridique marqué par l’avènement officiel du processus démocratique[33] est un important stimulant pour la caricature. La loi n°90/052 du 19 décembre 1990[34] relative à la liberté de la communication sociale apparaît comme le « printemps » de la caricature au Cameroun « la Bastille est prise ».[35]La monarchie juridiquement renversée, on observe l’éclosion de talents laissant libre cours à la pratique caricaturale. Cependant, cette éclosion n’est pas l’émanation d’une volonté politique de la part du régime Biya, mais plutôt le résultat de pressions externes et internes. Au plan externe, le régime de Biya cède à la pression internationale. Car, dans le contexte du mouvement du « vent d’Est », lors du 16e sommet franco-africain de la Baule qui s’est tenu du 19 au 21 juin 1990, la France posa le problème de la démocratisation des Etats Africains. De plus, elle conditionna son aide au développement par cet effort de démocratisation. A l’échelle nationale, l’environnement sociopolitique camerounais des années 1990 est marqué par des tensions connues sous l’appellation des « villes mortes ». Les populations revendiquent leurs libertés et contestent vivement le pouvoir en place. Les espaces d’expression se multiplient et l’art est érigé comme moyen d’expression politique.[36] Il y’a lieu de mentionner ces propos avec cet avis de Luc Sindjoun[37] pour qui la prolifération de la pratique caricaturale matérialise le désordre inventif dans le cadre de la recomposition de l’espace d’expression politique suite à la démocratisation. C’est donc dans ce climat politique que la caricature de la seconde génération prend corps.
L’école de la seconde génération émerge au Cameroun dans les années 90, époque où la caricature politique est jugée par les hommes politiques au pouvoir comme mode de contestation. Elle stipule qu’insister sur la déformation des traits rend la caricature plus croustillante, c’est-à-dire idéale. Cette école se focalise donc sur la forte déformation des traits physiques dans la représentation. Le caricaturiste doit insister de préférence sur les malformations physiques du sujet représenté. La rhétorique produite s’appuie sur le style familier de préférence (argot). Dès lors, il y a production et reproduction de langages particuliers et courants. C’est ainsi que les mots tels que « pistaché », « écrasage »[38], « gâteau national », « mangeoire »[39], sont inventés pour designer des choses ou des actions. Les déformations de noms ou d’appellations sont aussi récurrentes. « Poupol », « Pô Mbia »[40], « mal dosé »[41], « Efra yim »[42], « ipcé »[43], « ciartivi »[44] et « chantoux ».[45] Cette école est l’apanage des caricaturistes qui publient dans la presse écrite privée. Malgré tout, ces caricaturistes qui émergent sous l’ère de la démocratisation ont été et sont encore victimes de répressions faites par le politique. C’est le cas, par exemple, de Tita’a sous le régime Ahidjo et de Nyemb Popoli sous Biya qui ont été victimes de censures, de violences et d’intimidations faites par le politique camerounais. Ce qui permet de comprendre comment la démocratisation dans le contexte camerounais ne s’éloigne guère du régime autocratique, à la seule différence que dans la démocratisation le politique donne l’impression à l’artiste qu’il est libre. Car ces artistes caricaturistes avaient la liberté de produire, mais ils n’étaient pas libres de critiquer. C’est ce qui a posé le problème de la liberté d’expression au Cameroun dans les années 1990 et explique les intimidations et l’exil des artistes.[46]
La caricature, que ce soit sous le régime dictatorial ou sous le régime de la démocratisation, a servi de manière directe ou indirecte le politique. Ceci étant, elle est transformée en arme politique, ce qu’il convient d’analyser.
Dans la presse écrite au Cameroun, la pictographie de la charge a la possibilité d’atteindre certaines couches de la société en matière de lectorat.[47] Pierre Bourdieu pense que la transmission des opinions dans une population déterminée est conditionnée par l’état des instruments de perception et d’expressions disponibles, ainsi que l’accès que ces individus ont à ces instruments.[48] Dans cette perspective, l’image satirique chargée semble être le moyen de communication idéal pour la transmission des messages. Car l’image visuelle permet d’atteindre un large lectorat. Cet avantage qu’offre la caricature attire l’attention du politique. La logique du politique veut que la caricature soit confinée dans un pré-carré qu’il a établi. Par exemple, à l’époque du monopartisme sous haute prescription du politique, le verbe caricatural ne devait pas prendre en considération les questions politiques, ni les représentations d’hommes politiques. A la suite des mutations politiques qu’a connues ce pays, la caricature politique dans le journal gouvernemental devient une réalité, mais sa mission première est l’éloge des membres du gouvernement. C’est ainsi que les caricatures dans Cameroun Tribune vantent les mérites de l’establishment politique (figure 1).
Figure 1 : Cameroun Tribune du mardi 05 janvier 1999.
Ainsi, dans ce journal, l’image caricaturale du président est a contrario dithyrambique il en est de même des faits représentés. Ici la morale faite aux forces armées est dans une certaine logique commentée et vantée. Pour raconter un évènement, l’expression figurée est moins exagérée, les termes utilisés ne font aucune allusion à une déformation quelconque. Le dessin caricatural qui a pour but d’attirer l’attention du lecteur par la représentation comique d’une situation se trouve être un bon moyen de marketing politique. Cette illustration entre dans une perspective propagandiste et contribue à la popularisation et à la socialisation des personnages politiques de la société. Dans certain cas, il arrive que le dessin chargé des hommes politiques dans la presse privée écrite rentre dans cette logique de marketing politique tel que l’illustre cette caricature d’Abou (figure 2).
Figure 2 : La Nouvelle Expression, n°2355 du mercredi 19 novembre 2008, p.11.
Cette caricature extraite de La Nouvelle Expression[49] est titrée « Pratique de sorcellerie à Douala 5e. Ma’a Fô trouve du sang et des graines de riz devant la mairie. » Cette bande de caricature produite dans le contexte des élections municipales à Douala 5e présente Françoise Foning, maire de la commune de l’arrondissement de Douala 5e qui observe les grains de riz, les traces de sang, les poils de chèvre (marques des pratiques ésotériques ou sorcellerie) posés à l’entrée de la mairie. Son expression imagière permet de décoder l’ironie dans ces propos. Il s’agit donc dans cette caricature de montrer comment Françoise Foning se moque des pratiques ésotériques faites contre sa personne au lendemain de sa victoire aux élections municipales dans l’arrondissement de Douala 5e. Le dessin caricatural qui a pour but d’attirer l’attention du lecteur par la représentation d’une situation comique se trouve être un bon moyen de marketing politique. Ainsi quelque soit la fonction que le caricaturiste donne à son œuvre, il use de la dérision pour le faire. D’une certaine manière cette caricature vante les mérites et le courage de Françoise Foning. Malgré la représentation faite de manière burlesque, on voit donc dans cette image quelqu’un de plus malin (elle s’est imposée au moment des élections par des techniques frauduleuses et s’en vante, de plus elle est courageuse par rapport à ses adversaires politiques). Ce genre d’image est le plus souvent capitalisé par le politique pour accentuer sa popularité. Comme l’affirme Jean Pascal Daloz la dérision est un moyen qu’utilise le politique pour créer sa popularité.[50]
Dans d’autre mesure, il arrive que l’image chargée rencontrée dans le média privé écrit qui est plutôt rigide dans la charge semble contribuer à la démystification des autorités politiques. Elle démolie les mythes crées autour de certains personnages qui font l’actualité politique au Cameroun. Par le seul fait de modifier physiquement un personnage, le caricaturiste peut contribuer à sa désacralisation telle que l’illustre cette caricature (figure 3) de Francis Faï Yengo alors Gouverneur de la Région du Littoral.
Ce dernier qui à la réputation d’être intransigeant dans la répression des mouvements de grève dans son unité administrative. La manière dont il est représenté ici démontre comment il semble fatigué de repousser les marches de Mboua Massock dans le contexte de l’opposition à la révision constitutionnelle en 2008.
Figure 3 : La Nouvelle Expression, n°2171, du mercredi 20 février 2008.
Il ressort donc que la caricature politique est un art ambigu, car elle comporte une triple dimension. Aussi bien qu’elle fustige par le burlesque des représentations, elle contribue à la popularisation et à la socialisation des autorités politiques. Elle produit un aspect démystificateur qui crée un l’effet de rapprochement entre « l’Etat et sa Cible ». Ceci parce que le politique dans une autre mesure l’utilise pour embellir son image salie par la presse privée au moyen des dessins satiriques moins chargés qui tentent de faire appel au beau. Par conséquent, nous sommes ici dans une approche publicitaire en plus des fonctions informative et humoristique. Nos propos vont dans le sens d’Aïssa Khelladi, pour qui l’humour politique est encouragé par le politique dans la mesure où il est au service de ses intérêts et ne se retourne pas contre lui.[51] Tout fois, cette perception de la caricature n’exclut pas le fait qu’elle soit un instrument qui matérialise une nouvelle manière de résister au politique. Dans ce cas donc, l’artiste caricaturiste peut être considéré comme un acteur politique.
Langage caricatural de satire et de résistance politique
C’est à partir de 1988, que la caricature politique de fustige aurait timidement commencé à s’émanciper dans le Cameroun postcolonial. Elle s’accroit exponentiellement pendant la période trouble des années 1990. En effet, à partir de 1986, au Cameroun, l’environnement socio-économique est caractérisé par la crise : le chômage, la corruption et l’appauvrissement de la population vont grandissant. Au plan politique, les revendications sont calquées sur l’image des mouvements contestataires et le politique pour asseoir son autorité et faire usage de la répression. C’est dans cette optique que le Champ social camerounais va se recomposer.[52] Dans ce contexte, la caricature est érigée en une sorte de tribune où se déroule le « procès scripturaire »[53]des actes politiques du gouvernement ainsi que ceux des leaders de l’opposition politique. Le procès scripturaire par la charge entre dans une logique de déconstruction du « régime particulier de violence et de domination». Cette situation va engendrer la décomposition du mythe de l’Etat tout puissant. D’ores et déjà, le quotidien politique est marqué par la tension entre le « commandement et ses cibles »[54] et l’activité de paroles par des signes graphiques est mise en évidence dans le cadre de la matérialisation de cet affrontement. Ceci étant, l’usage de l’art graphique satirique pour dédoubler le sens usuel des mots et des actes du politique consiste à élaborer une parodie chargée qui engendre la dérision. Dans ce cas, le politique considéré comme dominateur devient l’objet de sa cible. Par conséquent la domination n’est plus à sens unique, vu que le politique est devenu lui-même une cible. La dérision et l’hilarité populaires quasi officialisées dont est victime le politique déconstruit l’image du « commandeur » dont il fait l’objet au sein de la société. Mais ici la déconstruction est envisagée dans le but d’anéantir le politique et de mettre à nu sa théâtralisation. Du coup, dans cette perspective, la cible semble prendre le dessus sur le politique. C’est donc, si l’on suit Mbembe, qu’en régime postcolonial, il serait aberrant d’interpréter la relation entre l’Etat et sa cible comme une relation de domination absolue de l’Etat.[55]
Cet anéantissement du politique passe donc par la dénonciation par l’image satirique de ses dérives qu’il développe à travers un ensemble de mises en scène politiques. La représentation de ces scénarios politiques au moyen de la caricature est une façon de révéler les pratiques politiques qui connotent le dysfonctionnement de l’appareil étatique. Nous avons choisit dans le cadre de cette analyse d’insister sur le clientélisme politique communément appelé dans le jargon caricatural camerounais « la ventrocratie ». Ce choix subjectif relève de notre volonté de présenter le sens de la gouvernance et surtout de donner un aperçu du paysage politique au Cameroun. Autrement dit, il s’agit d’une part de démontrer comment est-ce que dans cet Etat, l’opposition politique n’est qu’une illusion. D’autre part, il est question de tenter de démontrer comment est-ce que la caricature conteste le système politique dans son ensemble.
La pratique clientéliste au Cameroun peut être considérée comme un type d’échange fondé sur le don et le contre don. Dans un langage local, reprenant les expressions d’un homme politique, les camerounais ont l’habitude de dire « politics na njangui »[56] ce qui se traduit littéralement, « la politique c’est la tontine ». Dans une autre perspective, en politique c’est le « donnant- donnant » ce qui suppose une relation entre partenaires. C’est ainsi que certains faits politiques permettent de démontrer ce point de vue. Comme l’illustre cette caricature.
Figure 4 : La Nouvelle Expression, n° 1783 du Mardi 1er Août 2006.
La bande de caricature dont Abou est l’auteur est intitulée « Bello sommé de quitter le Gouvernement ». Elle a été publiée dans La Nouvelle Expression, n° 1783 du Mardi 1er Août 2006 et met en scène Bello Boubka Maigari, Paul Biya et des inconnus qui représentent les partisans de l’UNDP[57]. Cette image représente Bello Bouba en train de manger dans une marmite et ses partisans qui le tirent par son boubou. Les traits imagiers des visages de ces partisans laissent imaginer qu’ils sont en colère. Bello Bouba résiste et Biya l’encourage à manger et à terminer son plat.
Produite à la période au cours de laquelle les partisans de l’UNDP exigent la démission du gouvernement de leur président national, cette caricature démontre comment l’axe UNDP-RDPC[58] confirmé en 2004 dans le cadre de l’élection présidentielle a été bâti à la base des logiques clientélistes. Bello Bouba serait donc l’unique bénéficiaire de cette alliance au détriment de ses camarades de parti. En effet, l’alliance qui se confirme en 2004 serait une manière pour le président national de l’UNDP de respecter les clauses du dialogue de 1997. En effet, c’est dans le contexte du remaniement ministériel du 01 décembre 1997, que Bello Bouba Maigari a été intégré dans le gouvernement de Paul Biya. Bello Bouba en réalité est le président du parti de l’opposition UNDP, il fut candidat à l’élection présidentielle de 1997. Quelques mois après la victoire de Paul Biya à la présidentielle de la même année, il se rapproche du RDPC parti au pouvoir sous prétexte du dialogue. Ce qui lui a valu la visite d’Amadou Ali en tant que représentant du président du RDPC pour éclaircir les modalités du dialogue. Quelques semaines après la visite d’Amadou Ali, Bello Bouba est nommé Ministre de l’industrie et du commerce dans le gouvernement du 1er décembre 1997. Le dialogue aurait alors été une manière pour le président de l’UNDP de négocier une place au gouvernement en contre partie de son soutien au parti au pouvoir. Ce que les journalistes ont qualifié de reconstruction de l’axe Nord-Sud serait alors une manière pour Paul Biya de conquérir une partie de l’électorat dans le Grand Nord. Pour Bello Bouba, c’est l’occasion de se faire une place dans le gouvernement et de jouir de cette position au détriment de son parti.
De ce fait, du point de cette image satirique, le clientélisme constitue un mode de fonctionnement et de dysfonctionnement de l’Etat.[59] Fonctionnement parce que la pratique clientéliste a été intégrée dans les rouages de l’Etat. Et dysfonctionnement dans la mesure où il constitue la négation même des valeurs de la démocratie. Puis qu’il contribue à la négation des oppositions politiques et en même temps favorise la mise en place de l’autocratie. Dans une autre vision le clientélisme politique ne joue pas en faveur de l’alternance politique. Cet exemple d’alliance politique entre le RDPC et l’UNDP démontre comment le clientélisme politique est vécu au Cameroun. Elle permet aussi de faire l’autopsie des partis politiques et leur rapport à l’Etat. De ce point de vue, il est observé que la bataille politique que mène l’opposition politique camerounaise serait une sorte de course vers cette « mangeoire », l’objectif étant le partage du « gâteau national ». Ces opposants politiques sont désignés dans la caricature comme les « gourmands politiques » ou les « tchoppeurs au gomna»[60], ceux pour qui la politique n’est pas la bataille pour l’intérêt générale, mais la recherche de positionnement au pouvoir dans l’optique de réaliser toute accumulation matérielle. Cette conception du pouvoir est aussi observée chez certains élus du peuple qui sont ici les maires tel que le présente cette image (figure 5).
Figure 5 : La Nouvelle Expression n° 1967, du mardi 24 avril 2007.
Cette bande caricaturale publiée dans La Nouvelle Expression n° 1967, du mardi 24 avril 2007 est intitulée « les maires en fin de mandat ». Publiée au moment où le mandat des maires s’achève, cette pige met en scène un maire en fin de mandat qui mange avec une pelle dans une grosse marmite (intitulée bouffe communale) qui représente en fait la caisse de la commune. Le dialogue avec son fils permet de comprendre que ce maire n’a qu’un souci s’enrichir au maximum pendant l’exercice de ses fonctions. Pour lui, sa fonction de maire est l’occasion d’accumulations matérielles.[61] Cette image caricaturale a été publiée dans le contexte des élections législatives et communales de 2007, elle démontre comment au Cameroun devenir maire est un moyen d’enrichissement. « La ventrocratie communale » est une réalité manifeste au Cameroun au même titre que la corruption.[62] Pour les élus locaux, les élections municipales représentent une sorte de business ou constituent un investissement.[63] La problématique de « politics na njangui » prend aussi corps dans ce contexte. Pour nombre de candidats, il faut investir financièrement pour être élu. Et une fois au pouvoir, le candidat récupère l’argent dépensé par le biais des fonds destinés à la réalisation des projets publics. Cet investissement repose sur le principe selon lequel « à soutien égal, bénéfice égal ».[64] Autrement dit, « je vous donne à manger pour que vous me voter et par après je m’enrichis ».[65]Au vue de ces illustrations, il convient d’affirmer comme Antoine Socpa, qu’au Cameroun, faire de la politique est pour beaucoup une sorte de passerelle pour opérer un véritable hold-up sur les ressources de l’Etat.[66]
Ceci étant donc, le burlesque que développe la caricature pour dénoncer les dérives du politique connote l’acte de résistance au politique. La résistance apparaît ici au niveau du non respect de l’ordre établit par l’autorité politique au moyen du grotesque. Et ceci traduit une façon pour l’artiste caricaturiste de s’opposer au jeu politique vécu au quotidien.
Au terme de cette analyse, il convient de dire qu’au lendemain de la colonisation, il s’est développé au Cameroun de nombreuses formes d’expression politique. Et l’activité graphique de la charge fait partir de ces formes d’expressions qui s’émancipent dans le champ médiatique camerounais. A travers la pictographie de la charge, les gouvernés deviennent capables de dénoncer et critiquer les exactions du politique. Dans une autre approche, certaines caricatures sont capitalisées par le politique dans le sens de la propagande et de la familiarisation. La représentation caricaturale manifeste par conséquent un acte politique. Ce qui permet de dire que la pratique politique se manifeste aussi à travers la création artistique caricaturale.
Achille Mbembe, 1996, « la chose et ses doubles dans la caricature camerounaise », Cahiers d’Etudes africaines, vol 36, n° 14, pp.143-170.
Achille Mbembe, 1992, « Provisional notes on the postcolony », Africa, N° 62, pp.3-37.
Aïssa Khelladi, 1995, « Rire quand même : l’humour politique dans l’Algérie d’Aujourd’hui », revue du monde musulman et de la méditerranée, vol 77, n°17, Pp.225-237.
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Presse et article de presse
Journal officiel de la République du 1er janvier 1991.
Cameroun Tribune n°9382/5583, du Jeudi 2 juillet 2009.
La Nouvelle Expression, n° 1783 du Mardi 1er Août 2006.
La Nouvelle Expression, n° 1783 du Mardi 1er Août 2006.
La Nouvelle Expression, n°2171, du mercredi 20 février 2008.
Alain Pangop, 1999, « Tita’a : pionnier de la caricature camerounaise », in Hirondel Quoi de Neuf ?
[1] Nous rappelons que ce travail est un extrait de notre sujet de thèse Master soutenu à l’université de Ngaoundéré au Cameroun. Il est à mentionner que ce travail a bénéficié du financement du CODESRIA.
[2] Celestin Monga, 1997, “Cartoons in Cameroon. Anger and political derision under Monocracy”, pp.150-171, in Kofi Anyioho, The words behind bars and the paradox of exile, Northwestern University press.
[3] Achille Mbembe, 1996, « La chose et ses doubles dans la caricature camerounaise », Cahiers d’Etudes africaines, vol 36, n° 14, pp.143-170
[4] Lyombe Eko, 2004, “Hear all evil, see all evil, rail all evil: Le Messager and the journalism of resistance in Cameroon” in, John Mukum Mbaku, Joseph Takougang (eds), The leadership challenge in Africa, Political Sciences.
[6] Gilbert Lamblin, Taguem Fah, 2001, « Questions démocratiques, créativité artistique et modes politiques clandestins », in, Taguem Fah Gilbert Lamblin (ed), 2001, Cameroun 2001 : politique, économie et santé, Paris, L’harmattan.
[8] La Nouvelle Expression, dirigée par Sévérin Tchounkeu est un journal écrit de l’opposition qui voit le jour en 1990. Son contenu majoritairement politique fait état de critiques vis-à-vis du politique au Cameroun.
[9] Philippe Gaillard, 1994, Ahmadou Ahidjo patriote, despote, bâtisseur de l’Etat camerounais, Paris, Jalivres, p.9.
Selon J.F Bayart, c’est le chef de l’Etat qui assure la conduite des affaires de la République. L’Assemblée Nationale est réduite à une chambre d’enregistrement qui étudie hâtivement et adopte à l’unamité des projets de lois élaborées ou des mesures décidées par la présidence, les ministères. Les principaux textes législatifs sont édictés par voie d’ordonnances présidentielles à la faveur des dispositions transitoires des constitutions de 1961 et de 1972. La mise sur pied du parti unique consistait à désintégrer toutes les oppositions politiques plus ou moins structurées.
[11] Erik Essousse, 2008, La liberté de la presse écrite au Cameroun. Ombres et lumières, paris, Harmattan, pp.110-113
[13] L’Etat camerounais en était l’actionnaire principal avec 69% des parts contre 31% pour certaines entreprises françaises, ce qui fait que cette société n’était pas totalement indépendante.
[14] Cameroun Tribune n°9382/5583, du Jeudi 2 juillet 2009.
[15] Alain Pangop, 1999, « Tita’a : pionnier de la caricature camerounaise », in Hirondel Quoi de Neuf ? p.8.
[16] C’est à partir de 1985 que les caricatures d’hommes politiques sont produites dans la presse privée.
[17] Depuis le départ de Nyemb Popoli, cette rubrique n’est plus intitulée de la sorte. La rubrique caricature se présente désormais sous le modèle d’une bande caricaturale.
[18] Angelika Schröber, « La caricature, genre populaire ou divertissement pour intellectuels ?», disponible en ligne, http://www.eiris.eu/eiris/index.php?option=com_content consulté le 10-09-2009.
[19] De son vrai nom Jean Plantureux, dessinateur français et caricaturiste pour le quotidien français Le Monde.
[20] Cabu est le pseudonyme de Jean Cabut, dessinateur et caricaturiste français ayant collaboré avec le journal satirique Le canard enchaîné et le journal écrit Charlie Hebdo
[21] De son vrai nom Georges Wolinski, dessinateur français pour la presse.
[22] Jonathan Shapiro, né en 1958 au Cap, est un des plus célèbres caricaturistes sud-africains. Il publie aujourd’hui ses caricatures dans de nombreux journaux sud-africains, le Star, le Cape Times, le Pretoria News, le Mail and Guardian ou le Sunday times
[24] Ce parti est la résultante de la fusion de l’Union Camerounaise (U.C), Kameroun National Democratic Party (KNDP), Cameroon United Congress (CUC), et Cameroons Peoples National Convention (CPNC).
[25] Jean François Bayart, 1970, « L’Union Nationale Camerounaise », in, Revue Française de Science Politique, Vol 20, n°4, pp.681-718, p.695.
[26] Jean-François Bayart, 1985, L’Etat au Cameroun, Paris, Presse de la fondation nationale des sciences politiques, 2e édition, p.147.
[28] Jean Pierre Yetna, 1999, Langues, média, communautés rurales au Cameroun. Essai sur la marginalisation du monde rural, Paris, L’Harmattan, p.24.
[30]Séverine Thivillon, 2003, « La caricature dans les médias », Mémoire de fin d’étude à l’Institut d’Etude Politique de Lyon,p 19.
[31] Séverine Thivillon, 2003, p.32. C’est ce qui justifie les arrestations, intimidations voire exils de journalistes. Le poids de la censure était lourd pour la presse écrite, les saisies et les articles censurés étaient fréquents.
[32] Nous entendons par caricature politique les dessins chargées des hommes politiques et ceux qui traitent des questions politiques qui ont fait l’actualité d’une période précise.
[33] L’introduction du processus démocratique au Cameroun n’est pas une émanation de la volonté du politique camerounais uniquement. Elle est liée à des facteurs externes tels que le mouvement « vent de l’Est » et les pressions des anciennes puissances colonisatrices.
[34] Journal officiel de la République du 1er janvier 1991.
[35] Erik Essousse, 2008, p.165. Il fait allusion à la Révolution Française de 1759 qui renverse la monarchie et consacre l’avènement des libertés individuelles. Il transpose et contextualise cette situation avec le grand bond que connaît l’évolution de la presse en 1990 au Cameroun.
[37] Luc Sindjoun, 1996, « Le Champ social camerounais : désordre inventif, mythes simplificateurs et stabilité hégémonique de l’Etat », Politique Africaine, n°62, pp.57-67.
[38] Ces termes populaires utilisés par le journal satirique Le Popoli renvoient à la pratique de l’acte sexuel.
[43] UPC (Union des Populations du Cameroun) dont la transcription est l’imitation de l’appellation en langue Bassa.
[44] Cameroon Radio and Télévision (CRTV)
[46] A cette période la censure est dure et les artistes caricaturistes au même titre que les journalistes sont victimes des répressions. Ils sont victimes de menaces, corrections, et emprisonnement à cause des dessins des hommes politiques produits. Nombre de caricaturistes ont été contraint à se convertir certains comme Nyemb ont connu maintes exil après des semaines d’emprisonnement.
[48] Pierre Bourdieu, 1981, « La représentation politique », Actes de la recherche en science sociale, vol 36, N°1, p.4.
[49] La Nouvelle Expression, n°2355 du mercredi 19 novembre 2008, p.11.
[50] Jean Pascal Daloz, 1996, « Les ambivalences dans la caricature des dirigeants politiques : illustrations africaines », Mots, Vol 48, n°1, pp.74-86, p.78.
[51] Aïssa Khelladi, 1995, « Rire quand même : l’humour politique dans l’Algérie d’Aujourd’hui », Revue du monde musulman et de la méditerranée, vol 77, n°17, pp.225-237, p.227.
[55]Achille Mbembe, 1992, « Provisional notes on the postcolony », Africa, N° 62, pp 3-37, pp.35-36.
[56] Du point de vue de Luc Sindjoun cette expression en pigdin-english a été utilisée par Simon Achidi Achu à l’époque où il était premier ministre (1992-1996). La politique du donnant-donnant est considérée comme un retour de l’ascenseur. Ainsi, au lendemain de l’élection présidentielle de 1992 et des municipales de 1996, la victoire de John Fru Ndi et celle du SDF à l’Ouest-Cameroun a été interprétée comme une ingratitude de la population de cette région envers un régime qui leur a apporté la liberté et placé bon nombre de leurs fils aux hauts postes de responsabilités. Pour les punir, on a considérablement diminué leur nombre dans le gouvernement de novembre 1992.
[57] Union National pour le Progrès et la Démocratie. Parti de l’opposition crée en 1991 par Samuel Eboua, Bello Bouba Maigari est le président national depuis 1992.
[58] Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais. Parti politique au pouvoir depuis 1985 date de sa création sous les cendres de l’Union Nationale Camerounaise (UNC).
[59] Jean François Médard, 2000, « Clientélisme politique et corruption », Revue Tiers Monde, Vol41, n°161, pp.75-87, p.81.
[61] La Nouvelle Expression n° 1967, du mardi 24 avril 2007.
[62] J.P Kaya, 2006, « Introduction à l’analyse de la politique du ventre », disponible en ligne, http://illassa-benoit.over-blog.com/article-15811527.html consulté le 10/10/2009.
[66] Antoine Socpa, 2000, « Les dons dans le jeu électoral au Cameroun », in, Cahiers d’Etudes Africaines, n°157, pp 91-108, p.92.