« La crise française des années Trente vue par Gassier et par Sennep », par Pierre Allorant, Cahiers Daumier n°4 (à paraître), revue publiée par l’association les Amis d’Honoré Daumier.
Ce sentiment dune prospérité non menacée, dune paix durablement établie par le rapprochement avec lAllemagne, de démocraties parlementaires triomphantes, les Français lont largement éprouvé, confortés en cela par lhomme politique le plus brillant de sa génération, André Tardieu, qui croit pouvoir annoncer la prospérité lors de sa déclaration ministérielle du 25 novembre 1929, un mois après le Krach de Wall Street.
La crise globale des années Trente, crise de civilisation, ressentie en France plus tardivement mais plus durablement, correspond également à un moment critique pour
Représentants dune même tendance graphique, Gassier et Sennep incarnent les deux pôles politiques du portrait-charge des ténors politiques de la République des camarades, ce qui donne lidée à léditeur Mana de les réunir pour réaliser une Histoire de France de 1918 à 1938[15]. La préface dAurélien Philipp illustre bien létat desprit de cette coopération entre « le sans-culotte Gassier et le poilu Sennep », ces « deux grands artistes venus de bords si différents » qui nont pas hésité à collaborer pour conter ces deux décennies, en une moderne incarnation de « la France une et indivisible », la France des râleurs, critiques sur les débats parlementaires[16], la France des « frondeurs, critiques acerbes, éternels mécontents, quils soient de droite ou de gauche, [qui] savent se tendre la main quand un danger commun les menace ». A partir des évènements les plus marquants de chaque année de lentre-deux-guerres, Gassier et Sennep sinquiètent des palinodies dune classe politique aveugle et impuissante face à la renaissance du danger militariste allemand, incompétente et corrompue face à la crise économique institutionnelle et morale de la société française des années Trente.
Fig. 1. Gassier, Doumergue à la T.S.F, 1934
Limpossible retour à lUnion sacrée : la fin de la génération des illusions genevoises
Lesprit de ce recueil ressort de cette caricature irénique de 1934[17] [Fig. 1], au paroxysme de la crise parlementaire : en pleine affaire Stavisky, affaibli demblée par lassassinat de Louis Barthou à Marseille et par la démission consécutive de ses ministres de lIntérieur et de la Justice, le « sage de Tournefeuille », lancien président Gaston Doumergue, a quitté sa retraite pour mixer une drôle de salade, un ministère dunion nationale dans lequel se côtoient Herriot et Tardieu. Mais cette classique « conjonction des centres » à mi-mandat suscite le scepticisme des radicaux, hostiles à toute remise en cause de la prépondérance du Parlement et inquiets de la prétention du président du Conseil à être lintermédiaire obligé entre la souveraineté populaire et la représentation nationale. La pratique inusitée dinterventions radiodiffusées, pourtant couronnée de succès en Amérique avec Roosevelt, heurte la classe politique, qui voit dans toute personnalisation du pouvoir un retour à Millerand, voire à Mac-Mahon ou à « Badinguet ». Derrière « Gastounet », la chorale de ses ministres ne semble guère à lunisson, de léternel sourire figé dAndré Tardieu à la grimace menaçante de Pierre Laval à larrière-plan, en passant par le stoïcisme perplexe dÉdouard Herriot. Malgré laccent chantant du soliste toulousain, le ministère dunion nationale ne semble guère parler dune même voix, et Gassier paraît mettre en garde le chef du gouvernement contre ses prétendus « amis », de drôles de « compagnons de la chanson »[18] dont les manuvres devraient, tout au contraire, le convaincre de se faire du souci. A la manière de lorchestre chantant de Ray Ventura et de ses collégiens dans un tour de chant loufoque au Casino de Paris, Doumergue, en bon « juge de paix de province »[19], transmet à lopinion le message lénifiant, non pas encore que « tout va très bien », mais quindiscutablement, « ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine »[20], puisque « ces petites misères seront passagères, tout cela sarrangera ». Toutefois, les difficultés et les divisions de son cabinet sur sa demande de trois douzièmes provisoires conduisent Doumergue à démissionner dès le 8 novembre 1934, laissant la place à la tentative de concentration du leader de lAlliance démocratique, Pierre-Étienne Flandin[21], frêle incarnation dun « tiers parti » au prix de labandon de la réforme de lÉtat[22].
Fig. 2. Gassier, De quoi se marrer – Pan, dans le pèlerin de la Paix !, 1932
Ce dessin grinçant de Gassier [Fig. 2] rappelle lun des plus célèbres de Sennep[23], « Le désarmement moral », dans lequel dès 1924, il se moquait de la naïveté de lesprit de Genève face aux manuvres du chancelier de la République de Weimar, Gustav Stresemann. Aristide Briand, apôtre de la mystique de la « sécurité collective »[24], se satisfaisait de faire pousser au pied du poste frontière ses frêles oliviers, pendant quen face les petits grenadiers proliféraient[25]. Ce « flirt » entre les deux sempiternels chefs de la diplomatie a semblé culminer en 1926 lors dun banal déjeuner à Thoiry qui devint le symbole médiatisé de la réconciliation franco-allemande, sous légide de la SDN et incarnée par deux hommes dÉtat de bonne volonté. Lannée 1931 marque à linverse le déclin de lesprit de Locarno. La tignasse rebelle du « pèlerin de la paix » nen est plus à déclarer la « guerre à la guerre » ; elle en est réduite à fleurir la pierre tombale où lidentité du défunt est explicitée par linscription mortuaire : « ci-gît Locarno ». A lheure où la convention douanière de lAllemagne avec lAutriche est interprétée par la Cour de La Haye comme un Anschluss commercial illégal, lintensification de la propagande hitlérienne conduit à édifier
Le personnage dAristide Briand est loin dêtre indifférent à Gassier, puisque son premier grand succès lui est lié : membre de la SFIO dès sa création en 1905, proche de Gustave Hervé, Gassier fait partie des grands admirateurs de Briand, avant que celui-ci, ancien défenseur de la grève générale révolutionnaire, ne trahisse ses idéaux en devenant ministre et en brisant des grèves, devenant dans une célèbre affiche signée Gassier : « le Jaune ».
Fig. 3. Sennep, Notre Fühmer, 1932
Un tandem de caricaturistes engagé contre une République parlementaire déconsidérée
En apparence, 1932 souvre sur une possible consolidation du régime parlementaire, avec la victoire, huit ans après le premier cartel des gauches de 1924[30], dÉdouard Herriot, grand vainqueur de la consultation populaire. Les élections générales consacrent la primauté du parti radical sur la vie politique française, mais surtout la popularité personnelle de son leader. Bien loin des manifestations de force des S.A., dévoués à leur Führer, les pratiques radicales sont ancrées dans les usages républicains, ce quillustre ici à la fois la bonhomie naturelle du maire de Lyon[31] et la présence burlesque des pipes croisées en lieu et place de la croix gammée [Fig. 3]. Derrière lironie, Sennep, jadis mordant à lencontre de la « boucherie cartelliste »[32], laisse percer son inquiétude face au fossé croissant entre la montée du péril hitlérien, palpable dans la progression électorale du parti nazi, et limpéritie de la communauté internationale, qui accorde à lAllemagne avec indulgence un moratoire de trois ans pour le paiement des réparations, au moment où la conférence du désarmement senlise. Dès 1933, Sennep enregistre le basculement du rapport de forces au détriment des conservateurs de la République de Weimar en représentant le vieux maréchal Hindenburg poussé par son jeune chancelier sur une chaise dont les roues ont des croisillons à croix gammées. Quant à Herriot, en dépit dune popularité préservée et des leçons quil a su tirer de son échec financier de 1926, il choisit de quitter la présidence du Conseil, se refusant à ce que la France renie ses engagements financiers à légard de lallié américain. Le côté pathétique du départ dHerriot, alors même que beaucoup le supplient dy rester, est dédramatisé par Sennep qui voit dans les pipes du maire de Lyon les nouvelles « Suppliantes », peut-être inquiétantes de la personnalité de ses successeurs.
Fig. 4. Gassier. Le tandem, 1932
Comme lors des compétitions de pistards qui rencontrent alors un grand succès populaire au Vélodrome dHiver, le tandem Tardieu-Laval se relaie au pouvoir et domine le début des années Trente [Fig. 4]. Le président Doumergue en est réduit au rôle de starter goguenard, mais on ne sait pour qui son coup de pistolet annonce le dernier tour de piste gouvernemental[33]. A larrière-plan, un poursuivant, aussi épuisé que le programme radical qui remonte à lavant-guerre, semble avoir renoncé à défendre ses chances. Le sourire à laméricaine du « mirobolant » est aux antipodes de la mèche renfrognée de lauvergnat dAubervilliers[34].
Écarté des affaires en février 1932, Laval effectue un retour au gouvernement aux Colonies dans le cabinet Doumergue avant de succéder à Barthou au quai dOrsay en octobre 1934, puis daccéder à la présidence du Conseil le 7 juin 1935. Sa popularité, réelle, repose sur un malentendu quant à sa politique étrangère : alors quil se présente comme le continuateur de Barthou, ce briandiste écarte totalement le recours à la guerre, et refuse même la constitution dalliances solides en souvenir de lengrenage de Sarajevo. A linverse, sa politique des « petits pas » et des contacts directs écarte la France de lalliance anglaise, sans obtenir une véritable alliance avec lItalie, voire avec lUnion soviétique de Staline[35], incarnant un « néo-pacifisme de droite » philofasciste[36]. Mais cest bien la politique économique déflationniste, à fondement monétariste, qui va causer la perte du cabinet Laval. Préparées par sa brillante équipe dexperts (Bouthillier, Rueff, Gignoux, Dautry)[37], les mesures drastiques sont insérées à trois trains de décrets-lois qui réduisent les dépenses publiques, en particulier les traitements des fonctionnaires. Or, cette cure sévère restreint la demande sans rétablir la confiance, à quelques mois délections législatives périlleuses ; en outre, les « décrets de misère » sont insuffisants pour assainir la situation ou pour redonner une compétitivité à des produits français pénalisés par le niveau du franc, obérant la timide reprise de la fin de lannée 1935[38].
Quant à André Tardieu, il occupe une position inédite sur la scène politique française[39]. Lors de la campagne électorale de 1932, président du conseil sortant, il conduit la majorité et ose intervenir, y compris par des discours radiodiffusés, dans le but de guider le choix de lopinion tout en dissuadant les radicaux de sallier aux socialistes[40]. Dénoncé par la presse de gauche comme « lhomme au micro entre les dents », le nouveau général Boulanger[41] qui ose rompre avec le traditionnel émiettement arrondissementier de la campagne, Tardieu échoue à casser la dynamique de la « discipline républicaine » entre les partis de la gauche non communiste. Non seulement il perd la majorité à la Chambre au profit dun « second Cartel » de fait, mais le petit groupe parlementaire du Centre républicain quil constitue ne peut, avec ses 35 députés, dissuader les républicains modérés tels Georges Leygues ou Louis Barthou[42] de poursuivre la formule de concentration avec les radicaux en entrant au gouvernement Herriot, contrariant la logique bipartisane. Cet échec stratégique relance lactivité des ligues antiparlementaires, singulièrement des Croix-de-Feu du colonel de La Rocque[43], qui avaient appelé à voter « national » pour reconduire
En 1936, la démission des ministres radicaux contraint Laval à se retirer du gouvernement, remplacé par Albert Sarraut[46]. Celui-ci forme un cabinet de transition jusquaux élections ; à la suite de lattentat dont est victime Léon Blum, il dissout les ligues. André Tardieu décide de ne pas se représenter à la députation, critiquant les dérives du système parlementaire. Sennep le montre les bras croisés, assis face au Palais Bourbon sur son morceau de travée de lhémicycle quil a emporté pour faire du camping « Sur la pente »[47] : en attendant Léo Lagrange et ses auberges de jeunesse, cest Hitler qui installe son campement sur la rive gauche du Rhin et peut dire, en une formule à double sens : « Rien ne nous sépare plus de la France ! ». Sennep ny voit rien de rassurant, le représentant goguenard en train de franchir le rubicond, enjambant allègrement
Fig. 5. Sennep, LArche de Noé, 1934
1934 est lannée où laffaire Stavisky[48] éclabousse le personnel politique, en premier lieu radical[49]. Accusé davoir tergiversé ou pire, couvert des complices, Camille Chautemps doit démissionner[50] au profit du « taureau du Vaucluse », Édouard Daladier[51], dont lopinion espère davantage dautorité. Le congrès radical de Clermont-Ferrand en mai souvre dans une atmosphère délétère, entre les accusations de corruption et les soupçons de menées factieuses à lencontre de
Fig. 6. Sennep, Pour rassurer lépargne, 1936
De la crise financière et économique à la guerre : défiance et désunion
Les questions monétaires et financières occupent une place centrale dans le débat politique de lentre-deux-guerres, sans commune mesure avec leur cantonnement technique de la Belle Époque. Du leitmotiv lénifiant « lAllemagne paiera » du ministre Gustave Klotz, moqué par Gassier, au « mur dargent » dénoncé par Herriot comme cause de léchec du Cartel, le dilemme budgétaire et laffaiblissement du franc minent la stabilité de nombreux gouvernements. Depuis 1924, les nombreux cabinets successifs ont vainement tenté de restaurer léquilibre des comptes publics, en dernier lieu par la déflation avec Laval. Prenant le contre-pied de cette politique restrictive des dépenses, Blum tente denclencher le cercle vertueux de la relance par la consommation[57]. Le ministre des finances Vincent Auriol entend revaloriser les salaires modestes, mais cette distribution de pouvoir dachat suscite la réprobation des détenteurs de capitaux et les doutes des économistes classiques, comme Paul Reynaud, qui annoncent linéluctable dévaluation. « Au pesage », la vieille rossinante Léon Blum, étique, semble ployer sous la pourtant faible charge du petit franc Poincaré, à nouveau amputé. Le propriétaire de cette écurie prend conscience que même ce frêle handicap cambre jusquà la rupture ce concurrent à bout de souffle. Traduction : tardive, subie, mal maîtrisée, la dévaluation du franc nest quune nouvelle humiliation, un sacrifice qui ne peut suffire à redonner aux produits français une compétitivité. Seule solution ? Lhumour. « Pour rassurer lépargne », Sennep feint de ne plus voir quune solution : le retour aux valeurs orléanistes, « enrichissez-vous par le travail et par lépargne ! » [Fig. 6]. Complétant le tableau de famille, il campe un Blum en nouveau roi-bourgeois, lisant en famille Le Constitutionnel[58] au coin du feu, sous les portraits tutélaires du baron Laffitte et de Monsieur Thiers, avec un Auriol en chapeau melon emprunté, en lattente des modernes daguerréotypeurs
Fig. 7. Sennep,
Lassé des critiques des communistes, Camille Chautemps[59] démissionne de la présidence du Conseil[60]. Le président de
Fig. 8. Gassier, Le nouveau carnet B., 1938
Publié à la fin de lannée 1938, cette « Histoire de France de 1918 à 1938 » apparaît bien comme le fruit bien amer dun contexte particulier, celui du retour à une époque dunanimité nationale face à la montée des périls ; cest un geste politique caractéristique du « moment Daladier »[66], un sursaut de deux polémistes « fatigués de haïr », mais limage qui ressort de ce tableau est peu rassurante, aussi bien sur létat de santé de la démocratie française que sur la situation internationale : comment interpréter autrement le fait que ce recueil se ferme sur une caricature de Gassier montrant à la frontière du Brenner Mussolini cirer les bottes dHitler, avant son entrée triomphale à Vienne ? LAnschluss amène ce commentaire final, en forme daccusation envers une classe politique française inconséquente, redevable envers les anciens combattants : « 1938 ! Que reste-t-il de notre Victoire de 1918 ! »
En ce moment dramatique, les controverses sur les mérites du traité de Versailles semblent appartenir à un passé lointain, tant la crise française des années Trente apparaît inséparable des conséquences de la saignée de 14-18, des illusions dangereuses dune victoire acquise à un prix humain exorbitant. Les deux plus grands caricaturistes français ne semblent pas avoir pris la mesure du changement de nature du conflit à venir, représentant Mussolini et Hitler comme de grands enfants mégalomaniaques ou des fous ridicules, le « peintre en bâtiment » à la gâchette facile[67] et le Duce qui se prend pour « Dieu le père »[68], à tout prendre plus grotesques queffrayants. Lépoque marque ainsi également une crise de la pertinence politique de la caricature, évolution placée entre parenthèses par la mise sous le boisseau de la liberté de la presse sous le régime de Vichy. Si les tracts distribués par les mouvements de Résistance utilisent ce vecteur, le message semble mieux relayé par lhumour radiophonique à
Chroniqueur à lAction française, illustrateur de trois ouvrages de Léon Daudet[70], ancien collaborateur en 1931 de lhebdomadaire lancé par le chansonnier dextrême droite Martini, Le Coup de patte, Sennep qui avait naturellement salué lavènement dun régime aussi antiparlementaire quanticommuniste, déchante dès 1941, caricaturant Laval et Pétain pour mieux admirer de Gaulle[71], quand Gassier dénonce immédiatement le régime en illustrant le « carnet de la trahison »[72].
Après la Libération, Sennep devient le dessinateur attitré du Figaro, tournant en ridicule les caciques de la Quatrième République[73], ne cédant sa place quen 1967 à Jacques Faizant qui le considère, avec Gassier et Effel, comme son maître[74]. Quant à Gassier, retiré dans sa propriété de La Seyne en 1940, surveillé par la police en tant que communiste, il ne sadresse à Pierre Laval que pour lui transmettre une requête en faveur de Jacques Sadoul. Se refusant à toute participation à une presse aux ordres, il se cantonne à fournir de rares dessins à Lectures pour tous. A la Libération, à nouveau adhérent au PCF, il est dessinateur à LHumanité, à Action et aux Lettres françaises, participant à la campagne électorale de son ami de toujours, Marcel Cachin, à la veille de sa mort en 1951[75].
Mais
[1] Paul-Émile Littré, Dictionnaire encyclopédique, Paris, Librairie Hachette et Compagnie, 1876, p. 1339.
[2] Jacques Néré, La crise de 1929, Paris, A. Colin, collection U 2, 1968, 220 p. Julian JACKSON, The Politic of Depression in France, 1932-1936, Cambridge University Press, 1985.
[3] Mission Wolinski, Rapport sur la promotion et la conservation du dessin de presse, Paris, Journal Officiel, 2007, 50 p., p. 6.
[4] Jacques Lethève, La caricature et la presse sous
[5] Le Journal du peuple du 4 août 1917.
[6] « Le communiqué de la Semaine », Le Canard enchaîné, 1918.
[7] Françoise Navet-Bouron Censure et dessin de presse en France pendant la Grande guerre, Thèse de doctorat dhistoire Paris I, 1997. 3 volumes.
[8] « Alors ça finirait comme ça ? Quoi ? Déjà ? », dialogue dun couple de lecteurs de La Victoire brossé par Gassier dans Le Canard enchaîné du 16 octobre 1918.
[9]
[10] Le 8 février 1934, Sennep publie dans Candide un dessin assimilant la Chambre des Députés à un tas de fumier ; dans Le Rire du 10 mars, les leaders de gauche jettent à pleines mains le sang des manifestants du haut du pont de la Concorde.
[11] Ainsi le 2 juin 1936, Sennep caricature les députés de gauche, qui vendent à la criée la liste des deux cents familles, quand sur la page opposée, Gassier montre les députés de droite proposant la « liste complète de députés francs-maçons ».
[12]
[13] « Ce qui rattache Sennep aux nouvelles formes de lhumour, ce sont les variations dune fantaisie dont il nexiste avant lui que des exemples limités. Il transforme ses personnages en animaux, voire en objets, faisant du gros Herriot un fauteuil capitonné, du maigre Blum une enseigne ou un cheval [
] Avec un goût prononcé pour les maisons dillusions et les lits où attendent de belles favorites, il arrive à transposer dans cette perspective particulière tout le personnel politique de
[14] L’Humanité, 22 juillet 1909, Dessin de HP Gassier, « La fin dune dictature », la Chute du ministère Clemenceau, mis en minorité à la Chambre des députés.
[15] Henri-Paul Gassier et Jean Sennep, Histoire de France de 1918 à 1938, Paris, Éditions Mana, 1938, n. p.
[16] Octave Aubert, Le moulin parlementaire. Plus de son que de farine, Paris, Quillet, 1933, illustrations de H.-P. Gassier.
[17] En 1934, les Français possèdent deux millions de postes récepteurs de radio. André-Jean Tudesq, « Les rapports de la presse et de la radio en France entre les deux guerres mondiales », Bulletin de la Société dhistoire moderne, n° 3, 1973. Sur lhistoire de ce média, voir Jean-Noël Jeanneney, Une histoire des médias des origines à nos jours, Paris, Seuil, Points-Histoire, 1992 et Cécile Méadel, Histoire de la radio des années trente : du sans-filiste à l’auditeur préface de Jean-Noël Jeanneney, Paris, Anthropos, Institut national de l’audiovisuel, 1994.
[18] Ce groupe ne se forme quen 1941, quelques années avant celui des « Frères Jacques » en 1948.
[19] Formule de René Viviani, citée par Jean Rives, Gaston Doumergue. Du modèle républicain au sauveur suprême, IEP Toulouse, 1992.
[20] « Dans la vie faut pas sen faire », paroles A.Willemetz, musique H.Christiné, 1934 ; interprété par Maurice Chevalier, Albert Préjean, Andrex et Jean Sablon.
[21] Donald G. Wileman, « Pierre-Étienne Flandin and the Alliance démocratique » (1929-1939) », French History, 4, 2, juin 1990, p. 139-173.
[22] Nicolas Rousselier, « Gouvernement et Parlement dans la France de lentre-deux-guerres », in Möller Hans, Kittel Manfred, Demokratie in Deutschland und Frankreich, 1918-1933/1940, München, Oldenbourg, collection « Quellen und Darstellungen zur Zeitgeschichte Bd. 59 », 2002.
[23]
[24] Achille Élisha, Aristide Briand, la paix mondiale et lunion européenne, Paris, éditions Ivoire-Clair, 2000, et Jacques Bariéty, Aristide Briand, la Société des Nations et lEurope : 1919-1932, PU Strasbourg, 2007.
[25]
[26] Maurice Vaisse, Sécurité dabord. La politique française en matière de désarmement, 9 décembre 1930-13 avril 1934, Paris, Éditions Pédone, 1981.
[27] Wladimir dOrmesson, Brüning et Hitler, Paris, Nouvelle école de la Paix, 1931.
[28] Gassier sempare de ce thème en montrant la joyeuse collusion de Laval et Tardieu, enfin débarrassé de lencombrant pèlerin, parti avec son bâton prêcher dans dautres cieux : « De quoi se marrer Pan, dans le pèlerin de la Paix ! » (1932).
[29] Jacques Bariéty, Les relations franco-allemandes après la Première guerre mondiale : 10 novembre 1918-10 janvier 1925, de lexécution à la négociation, Paris, Pédone, 1977 et Pierre MIQUEL, Lopinion française et le traité de Versailles, Paris, Flammarion.
[30] Jean-Noël Jeanneney, Leçon dhistoire pour une gauche au pouvoir. La faillite du Cartel, 1924-1926, Paris, Seuil, 1977.
[31] Michel Soulié, La vie politique dÉdouard Herriot, Paris, A. Colin, 1962, et Serge Berstein, Édouard Herriot ou la République en personne, Paris, FNSP, 1985.
[32] Jean Sennep, A l’Abattoir les cartellistes!! album-souvenir des Élections de 1928, Paris, éditions Bossard, 1928, Édition sur véritable papier de boucherie.
[33] Ou bien si Gassier rappelle ici lassassinat de Paul Doumer, remplacé par Albert Lebrun selon une sorte d« avancement hiérarchique » coutumier, le président du Sénat accédant à nouveau à lÉlysée.
[34] Fred Kupferman, Pierre Laval, Paris, Balland, 1987.
[35] Voir le dessin « Affaires étrangères et élections municipales » dans lequel Gassier place Staline et Laval au grand opéra de Moscou, le maire dAubervilliers sautorisant à demander au petit père des peuples de venir entonner la Marseillaise au théâtre municipal de sa commune de banlieue.
[36] Voir en particulier la pétition préparée par le maurrassien Henri Massis, « Pour la défense de lOccident », hostile à toute sanction contre Mussolini. Jean-François Sirinelli, Intellectuels et passions françaises. Manifestes et pétitions au XXe siècle, Paris, Fayard, 1990.
[37] Rémi Baudoui, Raoul Dautry, le technocrate de la République, Paris, Balland, 1992, et Gérard BRUN, Technocrates et technocratie en France (1918-1945), Paris, Albatros, 1985.
[38] Michel Margairaz, LÉtat, les finances et léconomie, 1932-1952, Paris, Comité pour lhistoire économique de la France, tome 1, 1991.
[39] François Monnet, Refaire la République : André Tardieu, une dérive réactionnaire, Paris, Fayard, 1993.
[40] Charles Seignobos, « Le sens des élections françaises de 1932 », LAnnée politique française et étrangère, novembre 1932, p. 273-290.
[41] Frédéric Monier, Le complot dans la République, stratégies du secret de Boulanger à la Cagoule, Paris, La Découverte, collection « L’Espace de l’Histoire », 1998.
[42] Jean Bousquet-Mélou, Louis Barthou et la circonscription dOloron (1889-1914), Paris, Pedone, 1972.
[43] Jacques Nobecourt, Le colonel de La Rocque, 1885-1946 ou les pièges du nationalisme chrétien, Paris, Fayard, 1996. Sur les Croix de feu et le PSF, Kevin Passmore, « Boy scouting for grown-ups ? Paramilitarism in the Croix de Feu and the Parti social Français », French Historical Studies, vol. 19, n° 2, 1995, p. 527-557. William D. Irvine, « Fascism in
[44] Sur les prémisses de cette réflexion, voir Charles Benoist, La Réforme parlementaire, Paris, Plon, 1902.
[45] André Tardieu, LHeure de la décision, Paris, Flammarion, 1934, et La Révolution à refaire, tome I, Le souverain captif, Paris, Flammarion, 1936, et tome II, La profession parlementaire, Paris, Flammarion, 1937.
[46] Sur linfluence des frères Sarraut au sein du parti radical, voir Henri Lerner, « La Dépêche », journal de la démocratie, publications de lUniversité de Toulouse, 2 volumes, 1978, et Serge Berstein, Histoire du parti radical, Paris, Presses de la FNSP, tome 1 : La recherche de lâge dor, 1980, et tome 2 : Crise du radicalisme, 1982.
[47] André Tardieu, Sur la pente, Paris, Flammarion, 1935.
[48] Voir en dernier lieu, Paul Jankowski, Cette vilaine affaire Stavisky. Histoire dun scandale politique, Paris, Fayard, 2000.
[49] Ernest Lafont, Rapport général fait au nom de la commission denquête chargée de rechercher toutes les responsabilités politiques et administratives encourues depuis lorigine des affaires Stavisky, Paris, Imprimerie de la chambre des députés, 1935, 7 volumes.
[50] Camille Chautemps, La vérité sur laffaire Stavisky, Paris, Comité exécutif, 1936.
[51] Élisabeth du Réau, Édouard Daladier, 1884-1970, Paris, Fayard, 1993.
[52] Serge Berstein, Le 6 février 1934, Paris, Gallimard Julliard, collection « Archives », 1975.
[53] Roland Vouette, « 6 février 1934, Montargis dans la tourmente », Bulletin de la Société dÉmulation n° 126, 2004 et Jean Goueffon, « Un leader mal connu de la 3e République, Eugène Frot », LInformation Historique, n° 1, 1978.
[54] Dominique Versavel, Les voyages présidentiels dans la France de lentre-deux-guerres : rôles et images des chefs de lEtat de 1918 à 1940, thèse dhistoire et « Le voyage de Gaston Doumergue dans le Sud-Ouest inondé », Arkheia, revue dhistoire. Histoire, mémoire du XXe siècle en Sud-Ouest, n° 4, 2001.
[55] « La Lumière », LÉcho de Paris du 19 janvier 1934.
[56] « Dante et Virgile aux enfers », Candide du 1er février 1834.
[57] Olivier Dard, « Économie et économistes des années trente aux années cinquante : un tournant keynésien ? », Historiens et géographes, n° 361, mars-avril 1998, p. 173-196.
[58] Le Constitutionnel est un quotidien politique fondé à Paris pendant les Cent-Jours par Fouché sous le titre L’Indépendant. Organe de ralliement des libéraux sous la Restauration des Bonapartistes, et des anticléricaux, il est supprimé cinq fois et reparaît à chaque fois sous des titres différents. Premier quotidien français devant le Journal des débats en 1830, il tire alors à 20 000 exemplaires, Adolphe Thiers étant rédacteur en chef. En 1848, il joue un rôle capital dans l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte et devient l’un des principaux journaux gouvernementaux du Second Empire, avant de décliner à partir de 1880 et de cesser sa parution en 1914.
[59] Fondateur en 1921 avec Painlevé de la Ligue de la République, Chautemps est ministre de lIntérieur dans le gouvernement Herriot en 1924 ; en 1930, il tente en vain de conduire un cabinet de concentration. Dans le « second cartel », il retrouve le portefeuille de lIntérieur, de juin 1932 à sa démission le 28 janvier 1934. Ministre dÉtat auprès de Léon Blum pour représenter le parti radical, Chautemps remplace le leader socialiste à la présidence du conseil le 22 juin 1937, puis à nouveau le 18 janvier 1938 ; il démissionne dès le 10 mars, prenant acte du refus socialiste de lui accorder les pleins pouvoirs financiers, au moment où Hitler réalise lAnschluss. Dans le gouvernement Daladier de concentration, il est vice-président chargé de la coordination des services à la présidence du conseil. Lors du conseil des ministres du 15 juin 1940, Chautemps propose dinformer lAngleterre de la demande à lAllemagne des conditions darmistice, puis il est ministre dÉtat et vice-président dans le gouvernement Pétain. Guy Bourdé, La défaite du Front populaire, Paris, Maspero, La Découverte, Bibliothèque socialiste, 1977 et Jules Jeanneney, Journal politique (septembre 1939-juillet 1942), édition critique par Jean-Noël Jeanneney, Paris, Colin, 1972.
[60] Le 14 janvier 1938, Chautemps est pris à partie sur la politique sociale du gouvernement ; il saisit cette opportunité de rompre la coalition : « M. Ramette réclame sa liberté : il a parfaitement le droit de la demander, quant à moi, je la lui donne. » Jean-Marie Mayeur, La vie politique sous
[61] Georges Dupeux, « Léchec du premier gouvernement Léon Blum », Revue dhistoire moderne et contemporaine, 1963, 1.
[62] Voir Jean Vavasseur-Desperriers, Culture, structures, stratégie dune organisation de la droite parlementaire entre les deux guerres : la Fédération républicaine de 1919 à 1940, thèse dhistoire Lille III, 1999.
[63] Sur les évolutions du parti communiste, voir Philippe Robrieux, Maurice Thorez. Vie secrète et vie publique, Paris, Fayard, 1977 et du même Histoire intérieure du parti communiste, tome I, 1920-1945, Paris, Fayard, 1980.
[64] Gassier voit dans la menace deffondrement de la France républicaine le sacre du roi des Belges, « chevalier de la 5e colonne » adoubé par le Führer. La Lumière, 31 mai 1940.
[65] Jean-Jacques Becker, Le carnet B, Paris, Klincksieck. et Jean-Jacques Becker, 1914. Comment les Français sont rentrés dans la guerre, Paris, Presses de la FNSP, 1977.
[66] Jacques Bourdin (sous la direction de), Édouard Daladier chef de gouvernement, avril 1938-septembre 1939, Fondation nationale des sciences politiques, 1977.
[67] Dessin de Sennep au lendemain de la nuit des longs couteaux, Candide du 2 août 1934.
[68] Caricature de Gassier en 1937 au moment de la signature à Rome du pacte anticommuniste par les membres de lAxe Berlin-Rome-Tokyo.
[69] Jean-Pierre Azéma et Olivier Wieviorka, Les libérations de la France, Paris, Éditions de la Martinière, 1993, et Stéphane Marchetti, Affiches 1939-1945. Images dune certaine France, Paris, Édita Lazarus, 1982.
[70] Le voyou de passage. Aristide Briand, Le nain de Lorraine. Poincaré et Le garde des sceaux.
[71] Jean Sennep, Dans l’honneur et la dignité souvenirs de Vichy
[72] De Montoire au 13 décembre par un témoin, Le Carnet de la trahison, T. III, Paris, librairie des sciences et des arts, 1945, illustrations de Gassier.
[73]Jean Sennep, De Vincent à René, Paris, Laffont, 1954. n.p. ill.
[74] « Travailler avec Sennep ! Mon père admirait déjà ces dessins nerveux qui mordaient. Il les découpait et les conservait dans son portefeuille pour les montrer. Moi jétais encore un petit garçon qui apprenait à lire. Cartel des gauches ». Pierre MACAIGNE et Jean SENNEP, Le Tour du monde en 80 visas, Paris, P.Horay, 1959, p. 23.
[75] H. P. Gassier par lui-même, Édit. Léon Ullmann, Paris, 1930.
[76] Dessin de Moisan, chronique publiée dans Le Canard enchaîné puis en volumes chez Julliard. Voir Jacques Lamalle,