Appel à contributions
La Grande Guerre des magazines illustrés
Paris, 6-8 juin 2013
Appel à contribution, « La Grande Guerre des magazines illustrés », Paris, 6, 7, 8 juin 2013
Colloque organisé par l’OPIIM, le LabSIC, la MSH-Paris Nord, l’Université de Paris-XIII.
L’année 2014 marquera l’anniversaire de l’éclatement de la Grande Guerre. Ce sera l’occasion de faire le point des connaissances actuellement disponibles sur cet événement. On pourrait penser que les vingt dernières années ont balayé tous les champs de l’histoire culturelle de la Grande Guerre et épuisé les perspectives de renouvellement du sujet. Mais, dans le domaine de l’image, peu de travaux sont venus soutenir cet effort de renouvellement historiographique, à part ceux de Laurent Véray sur l’image animée, des actualités (1993) aux films de fiction (2011). Le cas de la presse illustrée est symptomatique. Si ce domaine a récemment fait l’objet d’une revisitation historiographique (Beurier, 2007), il reste peu abordé à l’échelle européenne (Tomassini, 2007) et a engendré peu de travaux comparatifs comme cela a été le cas pour la guerre de 1870 (Martin, 2006). Pourtant, démultipliant à l’envi les discours iconographiques sur le conflit, les magazines illustrés sont le vecteur d’une grande partie de l’imaginaire visuel collectif des sociétés européennes, pendant et après le conflit. Le présent colloque voudrait profiter de l’événement anniversaire pour défricher la question des presses illustrées européennes et américaines, dans les représentations culturelles des nations en guerre, de leur place et de leur rôle, avant, pendant et après l’événement.
Plusieurs axes de recherches sont envisagés : * La période antérieure au conflit nécessite de s’interroger sur la culture visuelle de l’avant-guerre. Qu’en est-il des « images en guerre » ? A quel degré de violence le public est-il habitué et sous quelle formes iconographiques ? En termes de lectorat, quels sont les types d’informations et d’images qui font vendre l’événement ? Dans quelle mesure également la couverture des guerres précédentes (1870-1871, Balkans, événements coloniaux) a-t-elle mis en place une culture visuelle qui rejouerait entre 1914 et 1918 ? Par ailleurs, les magazines permettent d’interroger la question de la préparation à la guerre. Dans le cas de la France, il n’existait pas de volonté de revanche comme on l’a prétendu pendant longtemps. Toutefois, dans quelle mesure le culte de l’armée qui domine dans la presse illustrée des années 1910 peut-il être interprété comme une préparation psychologique ? Qu’en est-il dans les autres pays d’Europe ?
*En ce qui concerne la période 1914-1918, il s’agit de faire le point sur les discours des presses illustrées sur l’événement. Quels sont les thèmes privilégiés dans les différents pays d’Europe ? Quel est le rapport des images et des textes à la violence du front, aux occupations ? Quels sont les discours de genre ? Quelle est la vision des soldats coloniaux ? Quel rôle attribuer à l’esthétique photographique pour dire la violence ? Quelles évolutions se dessinent dans la chronologie ? Il importe également de comprendre les rapports entre presse illustrée et guerre dans le cadre d’une histoire du medium : dans quelle mesure la Grande Guerre joue-t-elle le rôle de stimulus, favorisant les transformations éditoriales, modifiant le paysage du magazine, transformant les maquettes, bouleversant la hiérarchie traditionnelle entre les sources iconographiques (photographie et peinture) ou favorisant l’émergence de nouvelles pratiques professionnelles, comme ce fut le cas pour la France ?
*Une troisième période entend réfléchir sur les héritages. Quel fut l’impact de l’événement dans les presses illustrées des années 1920, en Europe et Outre-Atlantique ? Il s’agira d’interroger certes les contenus et la représentation de la Grande Guerre dans les magazines postérieurs, d’un point de vue national : quel rôle l’image photographique peut-elle jouer dans la réinsertion (ou non) des soldats ? Quelle représentation du conflit, de la Nation, etc. véhicule-t-elle ? Quelle place est laissée à l’oubli, au déni ou, au contraire, à l’exhibition de la violence ? Ici, la question des circulations mérite d’être étudiée à part entière : les nombreuses publications, journalistiques (Témoignage, 1931) ou éditoriales (Krieg dem Kriege, 1924) influencent-elles le regard des magazines illustrés de l’entre-deux-guerres ? Comment s’effectue la circulation des images ? Avec quelle source et quel point d’arrivée, quelles modifications ou quelles constantes ? Entre quels pays ? De même, dans quelle mesure l’héritage thématique ou iconographique de la Grande Guerre dans la presse illustrée de l’Entre-deux guerres est-il remployé dans la couverture de divers conflits ultérieurs (guerre du Rif, guerre civile en Russie) ? Le retrouve-t-on également à l’œuvre, et sous quelle forme, au fur et à mesure que se rapproche le deuxième conflit mondial ? Enfin, du point de vue de l’histoire des médias, il existe un « trou noir » concernant l’héritage de 14-18 en termes de pratiques de presse. Plus précisément, on peut se demander pourquoi il faut attendre en France la fin des années vingt et le lancement de Vu en 1928 par Lucien Vogel pour voir réapparaître un photoreportage digne de ce nom, ce qui fut aussi le cas dans d’autres pays ? Que s’est-il passé entre-temps ? Que sont devenus les magazines photographiques du temps de guerre ? Comment ont-ils amorcé leur reconversion ? Les pratiques éditoriales ou professionnelles ont-elles tenu compte des enseignements de la guerre ? Comment des photographes célèbres de l’après-guerre comme André Kertesz réinvestissent-ils leur expérience de 14-18 ? En dernier lieu, on peut se demander s’il existe un lien possible entre l’information magazine de la Grande Guerre et les pratiques de presse actuelles (place des photographes amateurs, contenus ravivant l’image de 14-18) ? Les contributions portant sur l’Est de l’Europe et sur le monde Outre-Atlantique seront particulièrement bienvenues.
Le colloque se déroulera les 6, 7, 8 juin 2013 à la MSH-Paris Nord. Les articles retenus par le comité scientifique (30 000 signes) feront l’objet d’une publication en 2014. Les frais de déplacement et d’hébergement des participants seront pris en charge
Les propositions (250 mots) doivent être envoyées à joelle.beurier@… et karine.grandpierre@… avant le 25 février 2012.