Naguerre et aujourd’hui


Rappel (plus que quatre semaines pour les personnes intéressées)

Appel à contribution pour le numéro 20 de Ridiculosa
« Naguerre et aujourd’hui – La réception de la Première Guerre mondale au cours d’un siècle d’images satiriques »
Date limite de soumission de proposition: 10 janvier 2013

ARGUMENTAIRE RIDICULOSA N° 20 :

NAGUERRE ET AUJOURD’HUI
LA RECEPTION DE LA PREMIERE GUERRE MONDIALE AU COURS D’UN SIECLE D’IMAGES SATIRIQUES

Le choix de ce thème s’inscrit dans un contexte bien précis : celui de la commémoration de la date anniversaire (100 ans) du début de la Première Guerre mondiale. Celle-ci est un sujet qui a déjà été abondamment traité sous l’angle de la caricature et de la satire graphique, une nouvelle avalanche de publications est à attendre à l’occasion du centenaire. Tout cela est et sera souvent passionnant, certes, mais la menace d’une impression de déjà-vu plane sur toute entreprise « commémorielle ».

Par ailleurs, il nous semble que d’autres aspects, étroitement liés à ce bouleversement historique, n’ont pas rencontré tout l’intérêt qu’ils méritent. Ceci est particulièrement vrai pour la réception de la « Grande Guerre » dans l’image satirique.

Un certain nombre d’anciens combattants, qui n’admettent pas d’avoir souffert pour rien, veulent en garder une mémoire positive et on assiste, du coup, à la création de personnages stéréotypés qui confortent ce besoin : notamment le poilu et l’infirmière. S’ajoutent à cela des faits et gestes glorieux – comme par exemple l’histoire des taxis de la Marne – qui sont autant de lieux de mémoire. La commémoration solennelle trouve son expression dans les innombrables monuments aux morts dont se peuple la France après 1918. L’aspect (faussement) héroïsant de tous ces phénomènes peut devenir un lieu de cristallisation de la satire visuelle. D’autres pays ont d’autres lieux de mémoire qui, eux aussi, ont nécessairement induit une production satirique plus ou moins vaste.

Les luttes « mémorielles » sont d’autant plus exacerbées que cette guerre a vu naître ou a contribué à renforcer de puissants mouvements politiques, notamment le communisme et le pacifisme. Tous deux se réfèrent à la formule aussi belle qu’illusoire de « la der des der ». On posera donc la question de savoir comment ce combat entre les mémoires communistes, pacifistes et socialistes d’un côté et la mémoire ancienne combattante de droite et d’extrême-droite de l’autre côté se traduisent dans le langage de la satire visuelle. Ces combats idéologiques sont aussi observés dans un pays neutre comme la Suisse, qui, bien sûr, s’intéresse aussi aux séquelles économiques de la guerre.

Les rues de l’après-guerre étaient peuplées, notamment en France, en Belgique et en Allemagne, par des gens qui portaient des traces visibles de la guerre, les gazés, les amputés, les « gueules cassées » etc. Leur physique s’oppose à celui des profiteurs de la guerre et de l’après-guerre, et ce contraste devient un « topos » dans l’art et le dessin de presse. George Grosz n’est pas le seul à l’exploiter à des fins satiriques. L’étude de Grosz, de Dix, de Beckmann et de tant d’autres dans tous les pays concernés permettra aussi d’étudier les aires d’échanges entre l’art satirique et l’art tout court ou de faire des analyses comparées entre, par exemple, le graphisme satirique et le reste de l’œuvre pictural d’un même artiste. Les travaux de Félix Vallotton en fournissent un bel exemple (cf. l’exposition « 1917 » à Metz). Mais il n’est pas le seul qui permette de se poser la question de savoir si ou comment des ruptures esthétiques provoquées par la guerre trouvent des répercussions et des prolongements dans l’image satirique.

S’il y a eu ruptures, il existe cependant aussi des codes satiriques qui perdurent. On devra donc s’interroger sur l’interaction entre les traditions picturales nationales spécifiques et l’expérience, plus ou moins commune, de la guerre. On pense, dans ce contexte, entre autres, aux danses macabres d’Italie, situées entre le grotesque et la satire.

Des années, voire même des décennies après la guerre sont nées de nouvelles façons de la commémorer qui, de leur côté, ont été traitées maintes fois de manière satirique. On pense ici notamment au geste de Kohl et de Mitterrand, se tenant par la main à Verdun, en septembre 1984.

On pourra aussi se pencher sur la question des rapports entre des genres relativement nouveaux comme le roman graphique historique, parfois à caractère satirique, et la Première Guerre mondiale.

La Grande Guerre a été aussi livrée sur le champ de batailles de la mémoire collective, de 1918 à nos jours. Si on peut continuer à l’étudier dans son époque, on peut aussi appréhender son image à travers les temps, comme référence permanente et fluctuante, ‘telle qu’en elle-même le siècle l’a changée’ (cf. Stéphane Mallarmé, « Le tombeau d’Edgar Poe »). Tel est le propos du numéro 20 de la revue Ridiculosa, auquel nous vous invitons à contribuer.

Délais et adresses:
Présentation d’une esquisse de projet de 2.000 signes maximum avant le 10 janvier 2013.
Remise de l’article, rédigé selon les normes de la revue « Ridiculosa » (cf. www.eiris.eu/….), avant le 31 mars 2013.
A envoyer à hduccini@wanadoo.fr et à w.fekl@gmx.net .

Sont admises des contributions en langues française, anglaise et allemande pourvues d’un résumé de 1500 signes maximum, traduit dans au moins l’une des deux autres langues susmentionnées.