Représenter l’auteur de bande dessinée


Appel à contribution pour la revue en ligne Comicalités. Études de culture graphique
Représenter l’auteur de bande dessinée
Date limite : 1 novembre 2011

Date limite : 1 novembre 2011

« Représenter l’auteur de bande dessinée »

Benoît Berthou (université Paris 13),

Sylvie Ducas (université Paris Ouest-Nanterre La Défense)

Comicalités. Études de culture graphique est une revue en ligne entendant aborder la bande dessinée, et plus largement les formes de rencontre entre textes et images, selon des approches esthétiques, économiques et sociologiques. Après « La bande dessinée : un art sans mémoire ? », nous lançons aujourd’hui un nouvel appel à communication intitulé : « Représenter l’auteur de bande dessinée ».

Confondue avec son noble alter ego – l’écrivain – ou sa variante romantique – l’artiste, l’auteur est, en effet, ce complexe faux ami mis à toutes les sauces par tous ceux qui prétendent poser l’épineuse question de la création artistique. Appliqué au « mauvais genre » de la « BD », cet auteur n’en avance pas moins masqué : est-il une figure, une simple représentation de celui qui prend le crayon et signe le livre ? le sujet de l’énonciation (qui n’existe que dans l’espace de la planche) ? une représentation de soi imaginaire, voire fantasmée ? ou les trois à la fois ? et que déduire d’une telle « fonction auteur » des réalités nouvelles liées aux industries du livre et de la culture dont la BD est une incarnation ?

Cette « thématique » invite les chercheurs à s’appuyer sur des dessins représentant l’auteur de bande dessinée dans son activité créatrice, que celui-ci apparaisse dans une simple case (à l’instar d’Hergé dans Tintin ou Quick et Flupke) ou se voit accordé une place prépondérante dans le récit. Nous sommes donc ouverts à l’analyse de toutes sortes de productions que nous pouvons sommairement ranger dans plusieurs catégories.

* Autoreprésentation lorsque l’auteur se met en scène lui-même, comme dans le cas de l’autobiographie ou de l’autofiction, selon des modalités qu’il serait intéressant d’étudier (Fabrice Neaud se représente ainsi, dans le quatrième tome de son Journal[1], sous les apparences d’un petit personnage rappelant une marionnette et contrastant avec le trait précis du reste du récit, alors que Jean-Christophe Menu semble oscille dans Livret de phamille[2] entre dessin d’après nature et caricature). On pourra notamment interroger la mise en abyme des outils et du geste de la création, ainsi que celle de l’album ou de la planche en train d’être créé(e) dans ce qui s’apparente alors à des autoportraits. Seront les bienvenues des propositions se demandant quels rapports (contestation ? imitation ? indifférence ?) entretiennent ces représentations avec les postures auctoriales littéraires et se demandant quels nouveaux modes d’apparition se construisent avec l’auteur de bande dessiné.
* Représentation de ses pairs lorsque l’auteur semble vouloir porter un regard sur d’autres auteurs, que celui-ci soit particulièrement sarcastique (dans le cas des Mauvaises humeurs de James et la Tête X[3], voire d’Approximativement[4] de Lewis Trondheim) ou mette l’accent sur leur place au sein d’un dispositif de publication (à l’instar du Journal[5] de Serge Clerc qui relate la création de Métal Hurlant et des Humanoïdes Associés ou encore de La Véritable Histoire de Futuropolis). Le travail biographique consistant à évoquer la vie ou l’oeuvre d’autres auteurs nous semble également relever de modalités qu’il nous semble très intéressant d’examiner : au parti-pris que l’on pourrait dire « critique » du McCay[6] dessiné par Bramanti et construit autour de la notion « d’attraction » chère au scénariste Thierry Smolderen, s’oppose ainsi sans doute le parti-pris « épique » de la très longue biographie consacrée à Tezuka[7]…

Cette liste est très loin d’être exhaustive et nous invitons des chercheurs à la compléter par des oeuvres ou des représentations d’auteurs par exemple issus de bandes dessinées japonaises ou américaines. Nous entendons, en effet, avant tout permettre le traitement le plus exhaustif possible d’une question : quelle valeur et quels enjeux recouvrent la représentation de l’auteur de bande dessinée ?

Il est en effet frappant de constater qu’une représentation de l’auteur encore complètement marginale il y a 30 ans (au sens propre, pensons aux « Hauts de page » de Yann et Conrad ou au caractère cocasse des signatures de Franquin qui s’exprimait en périphérie de la planche) est aujourd’hui extrêmement courante et nous semble pouvoir donner lieu à plusieurs approches que nous soumettons à titre d’exemples.

* Approche éditoriale : il serait intéressant de mieux cerner (dans le temps ou l’espace) les modalités d’apparition de l’auteur de bande dessinée, autrement dit de s’interroger sur les modes de publication (collections, traductions…) des oeuvres concernées ainsi que sur l’aspect structurant (au sein de la pratique du « blogging » ou encore à travers la définition du « roman graphique ») de cette pratique.
* Approche esthétique : il s’agit de cerner les modalités d’apparition de l’auteur, que ce soit sur le plan graphique (s’apparente-t-elle à des genres comme le portrait, la caricature ?) ou narratif (l’auteur devient-il un personnage à part entière ou est-il traité sur le mode de la référence, voire de la connivence ?)
* Approche symbolique : elle s’interroge sur la valeur qu’acquiert cette représentation de l’auteur sur le plan des filiations (comment se réclame-t-on d’un auteur ou d’une école en bande dessinée ?) ou plus largement d’une inscription dans le champ de la littérature (en représentant un auteur de bande dessinée à côté d’écrivains ou en s’inscrivant dans un dispositif comme le pacte autobiographique). Pastiche et hommage, ou parodie et subversion des héritages, pourront notamment être examinés à l’aune de la question des filiations ou au contraire des avant-gardes dans la création artistique initiée par la bande dessinée.

Le présent appel à communication est ouvert à tous les chercheurs, quel que soit leur statut (universitaire ou non) et leur origine (même si nous ne pouvons publier que des textes écrits en français ou en anglais). Nous les invitons à nous répondre en nous soumettant deux documents :

* Une fiche signalétique prenant la forme d’un court Curriculum Vitae exposant les axes de recherche du candidat.
* Un texte anonyme de 3000 signes espaces compris, présenté sans aucun enrichissement autre que l’italique ou le caractère gras, et adoptant une présentation standardisée (Times New Roman 12 pts pour le corps de texte, 10 pts pour les notes, aucun alinéa ou retrait de paragraphe, interligne 1,5).

La proposition sera évaluée de façon anonyme par deux membres du comité scientifique de la revue : son acceptation vaudra encouragement et suggestions quant à un article d’une taille comprise entre 25000 et 50000 signes espaces compris. Elle doit nous parvenir aux adresses électroniques suivante avant le 1er novembre 2011:

ben.berthou@orange.fr

sylvie.ducas@wanadoo.fr