Appel à contribution : De traits et d’esprit – Formes, histoires et fonctions de l’illustration. Colloque international, École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, 13 et 14 janvier 2011. Date limite d’envoi des propositions : 10 octobre 2010
Le mot illustration, du nom de l’hebdomadaire « à images » fondé en 1843 par Alexandre Paulin, Adolphe Joanne et Édouard Charton, renvoie à un univers sémantique et historique complexe.
L’occurrence conduit à l’histoire du livre illustré, c’est-à-dire aux origines incunables du livre moderne tout autant qu’à un domaine d’études, le rapport entre le texte et l’image, apparu dans les années 1870. Retenons que l’illustration, dans la plupart des cas, est une image accompagnée d’un texte. A ce titre, elle s’immisce dans toutes les tournures de l’édition. Cette définition à minima laisse à découvert d’immenses possibles, tout en mettant en exergue le rapport imprévisible du texte et de l’image. Sont-ils mariés, amants, concubins ou simples passants se croisant au gré d’une page (qu’elle soit numérique ou de papier) ? À force d’être confronté à ses occurrences aussi multiples que variées, on se rend compte que l’illustration ne saurait se réduire au magazine type Journal de Mickey ; elle s’étend au contraire à un triple rôle, formel, didactique et esthétique et se conçoit au travers d’un curieux rapport. En effet, chaque livre, chaque publication amène à la recréation d’un lieu amphibie, le rapport entre l’appareil textuel et l’image qui l’accompagne. Un livre pour enfants, un fanzine pornographique, une image pieuse ou un catalogue de vente par correspondance, chacun dans son genre avec plus ou moins de bonheur, est confronté à cette association contre nature, celle d’un texte et d’une image.
L’illustration est une valeur, une respiration, parfois, elle peut être rapprochée d’une idéologie. L’illustration est un phénomène complexe, polysémique qui requiert un travail d’analyse critique et de contextualisation historique. Au centre de nombre de débats sociétaux, elle est un des principaux vecteurs de l’image fixe du monde contemporain, pourtant elle reste particulièrement méconnue et peu étudiée. C’est pourquoi, au-delà des phénomènes de mode, elle est à replacer au cœur de l’histoire des idées et de l’art, voire de l’histoire des pratiques culturelles et sociales. Le colloque De traits et d’esprit a pour but d’étudier l’illustration de manière interdisciplinaire dans ses rapports avec les individus, les techniques, les cultures, les sociétés mais aussi avec le dessin, son pendant dans le domaine des Beaux-arts. Il s’agit de faire le point sur les approches possibles de l’illustration, c’est-à-dire à prendre en compte les diverses étapes de son évolution mais aussi les défis conceptuels auxquels elle a été confrontée depuis ses origines imprimées, de replacer l’illustration dans l’histoire des arts, d’ouvrir d’autres perspectives de recherches permettant de mieux cerner ses enjeux passés et contemporains.
En effet, quels que soient le sujet et l’époque, on retrouve l’illustration discrète ou plénipotentiaire : elle détourne le livre d’un texte sacralisé, multiplie le sens et devient en soi la marque d’une création singulière et hybride. Difficile, partant de cette plasticité, de lui assigner un territoire restreint, de l’asservir à des spécificités contextuelles – livres pour enfants, manuels scolaires, bandes dessinées – qui ne feraient que cacher l’étendue du domaine à explorer. L’illustration rechigne à la hiérarchisation tellement le corpus offert est abondant. La difficulté devient presque insurmontable lorsque l’on prend en compte ses rapports avec le texte que nous évoquions plus haut. Le colloque souhaite s’inscrire dans le mouvement de redécouverte d’un genre majeur qui s’exprime par des études portant sur des personnalités de l’art ou sur leur rapport avec les autres disciplines de l’histoire de l’art (voir les travaux de Martial Guédron et Laurent Baridon, Philippe Kaenel, Ségolène le Men…) Donner l’illustration dans sa profusion c’est-à-dire dans le flux de ses inventions permet d’envisager le phénomène dans ses métamorphoses constantes sans pour autant s’égarer dans un inventaire fastidieux – c’est l’un des enjeux de ce colloque.
Les résumés des communications (une page environ), accompagnés d’une courte biographie, devront parvenir aux organisateurs avant le 10 octobre 2010. Ils seront adressés par courrier électronique à Guillaume Dégé (responsable de l’atelier d’illustration de l’Ésad) et Olivier Deloignon (enseignant en théorie rattaché à l’option communication de l’Ésad), aux adresses électroniques suivantes :
anemone.duroy@free.fr
odeloignon@club.fr
Des propositions qui n’auront pu être retenues pour le colloque pourront donner lieu à des articles publiés dans le volume final.