Humour, communication et didactique des langues


UNIVERSITÉ PAUL-VALÉRY, MONTPELLIER III
Département des Sciences du Langage
Équipe de recherche : Dipralang EA 739
Journée d’études : « HUMOUR, COMMUNICATION ET DIDACTIQUE DES LANGUES »
Date : mardi 19 mai 2009
Organisateur : Tayeb Bouguerra : tayeb.bouguerra@univ-montp3.fr

Dans le débat actuel engagé autour des finalités de l’école et des « enseignables » (J.-F. Halté 2006), les « savoirs esthétiques » (littéraires, symboliques, notionnels, ludiques…) sont soumis, au nom des « compétences », des savoirs d’action (J.-M Barbier 1996), à un profond questionnement. La mise en tension des savoirs esthétiques avec la notion de compétence, notion issue d’une logique économique tout entière tournée vers la rentabilité, met ces derniers en demeure de justifier leur place dans la transmission des valeurs (G. Langlade 2004), la construction des connaissances et leur rôle dans le développement des savoir-faire. Dans un monde obnubilé par la rentabilité immédiate des savoirs utilitaires et de plus en plus tenté par « le basculement de l’axiologique au technologique » (V. Eck 1996), la notion de compétence, « lieu géométrique des disciplines contributives », et ses diverses actualisations (compétences de base, approches par compétences, référentiel de compétences…) envahit le champ didactique.
Or, les raisons d’apprendre une langue étrangère ne sont pas toujours de l’ordre de l’instrumental, du fonctionnel, de la survie mais aussi de l’ordre du subjectif et de l’affect, de l’hédonique, du plaisir des sonorités et des mots. Et si l’apprentissage d’une langue étrangère favorise l’entrée dans l’altérité, il importe de faire prendre conscience à l’apprenant que la communication à la française ne s’énonce pas toujours sur le mode du référentiel mais aussi de l’implicite, du ludique, du satirique, de l’ironique : sarcasme, malentendu, ambigüités programmées (C.Hagège 1996) participent au mode de communication médiatique, ordinaire, interpersonnelle, professionnelle, pédagogique. Dans cette perspective, en réaction aux approches actionnelles qui se focalisent sur la survie linguistique, les tâches et les compétences, cette journée d’études, qui se propose d’échapper à la « tyrannie des compétences et des lobbies disciplinaires » (Ph. Perrenoud 2001), aura à débattre de la place du ludisme, de l’humour et de ses hétéronymes, de la littérarité, des jeux sur les mots (P. Guiraud 1977) dans le développement de la compétence de communication (R. Galisson 2002, 1987). Prenant appui sur cette spécificité ludico-esthético-référentielle de la discursivité sociale, cette rencontre se fonde sur le « pari-sémio-textuel » qui constitue l’humour en objet d’étude à prendre « très au sérieux » (R. Galisson 2002 : 123) et s’efforce de mettre le rire au service d’une nouvelle éducation à la perception sémiolinguistique du quotidien. 3 axes sont privilégiés :
-Linguistique et analyse du discours : le fonctionnement linguistique de l’humour, jeux avec et sur les mots, l’humour et ses hétéronymes (ironie, satire, sarcasme…) compétence lexicale et compétence idiomatique, les mots valises, humour et communication : stratégies énonciatives et discursives…
-Sociolinguistique : Humour et représentations de soi et de l’autre, humour et interculturalité, humour et idéologie, humour et socialisation, humour et axiologie, le rire politique…
– Didactique : activités ludiques, humour et compétence de communication, approches ludiques de la grammaire, peut-on enseigner/évaluer l’humour ? Comment mettre l’humour au service du sens et de la communication ?