Exposition. A l’occasion de la sortie de leur livre Bêtes de pouvoir – caricatures du XVIe siècle à nos jours (ed. du Nouveau Monde, 256 p.), Jacky Houdré et
L’exposition sera visible du 25 septembre au 3 octobre. Visites guidées le samedi 25 à 17h et le dimanche 26 à 14h.
Elle s’articule autour d’une centaine de caricatures et dessins de presse tirés d’éditions originales de journaux, feuilles volantes, cartes postales, affiches, etc. classés par animal et décryptés dans des notices fournies.
Présentation par les auteurs :
Depuis ses origines antiques, l’image satirique interroge le règne animal. De l’Egypte pharaonique à la Rome paléochrétienne, la parodie animalière singe l’humanité pour souligner ses contradictions ou vise plus rarement à flétrir un adversaire. Quand nait la caricature politique avec la Réforme de Luther, le pape subit diverses et violentes animalisations dégradantes dans une guerre d’images propagandistes sans précédent dans l’histoire. L’animalisation devient alors un procédé à part entière, particulièrement prisé par les dessinateurs.
La gravure satirique de tradition germanique, hollandaise ou anglaise (avec les dessinateurs James Gillray (1757-1815), Thomas Rowlandson (1756-1827) ou encore George Cruikshank (1792-1878), puis le dessin de presse à partir du XIXe siècle, n’ont cessé de recourir à un bestiaire d’une grande variété et d’une rare efficacité graphique. Louis XVI après Varenne subit l’affront du porc comme plus tard Napoléon III, Zola puis Guillaume II ; les volatiles nocturnes visent les jésuites, l’Eglise s’incarne dans le corbeau ; la caricature antisémite grouille d’insectes inquiétants, quand l’extrême gauche présente le capitalisme sous la forme d’un vautour, d’une pieuvre tentaculaire ou d’un porc engraissé.
De Luther à nos jours, le monde animal passionne les dessinateurs politiques dans un art avant tout fondé sur la métaphore, sur la condensation, sur l’hybridation des idées et des formes. L’image satirique s’inspire bien sûr des expressions langagières et des fables, très nombreuses à anthropomorphiser l’éthologie animale. A partir du XIXe siècle, les progrès de l’Histoire naturelle renforcent cette fascination pour le règne animal, tandis que la folie pour les animaux de compagnie se développe, suggérant de nouveaux angles d’attaques à la caricature. Le dessinateur Grandville est l’un des premiers à renouveler le genre satirique de l’animalisation comme base d’une puissante critique sociale. Le procédé inonde la caricature du XIXe siècle et se trouve encore très largement utilisé aujourd’hui par les dessinateurs.
Exposition conçue et réalisée par Jacky Houdré et Guillaume Doizy auteurs de Bêtes de pouvoir – La caricature du XVIe siècle à nos jours aux Ed. du Nouveau Monde et de Marianne dans tous ses états – La République en caricature de Daumier à Plantu (Ed. Alternatives, 2008).
Tous les documents présentés proviennent de la collection de Jacky Houdré (hjacky2@wanadoo.fr), et dans une moindre mesure des archives de Guillaume Doizy et Alban Poirier.