Charger

Charger – L’idée de poids dans la caricature
Alain Deligne, L’Harmattan, 262 pages, 27 eurosISBN : 978-2-343-07216-6


Voici un livre savant qui est appelé à devenir un ouvrage indispensable de référence.

Le sous-titre « L’idée de poids dans la caricature » de ce livre nous met sur la voie : ce livre aurait pu s’intituler tout simplement « Philosophie de la charge ». Alain Deligne nous mène en effet conceptuellement à travers l’histoire récente de la caricature, principalement de la Renaissance italienne jusqu’à nos jours. Il exploite toutes les potentialités cognitives contenues dans l’acte de charger, également dans d’autres arts comme la littérature, la peinture, la danse, la sculpture ou l’architecture. Ce qui apporte une utile mise en perspective. Mais ce n’est pas sa seule qualité. Un autre mérite de ce livre est en effet que l’auteur évite l’abstraction. Et, fait assez rare dans la recherche en ce domaine, le soin qu’il met à interpréter en profondeur certaines images satiriques ou humoristiques jouant sur l’idée de pesanteur (en particulier de Daumier) montre à quel point il reste attaché au sensible. Ce travail se recommande ainsi par une réflexion personnelle et originale.

Jean-Claude Gardes

Commentaire de la quatrième de couverture:

L’étymologie italienne du nom (caricatura) nous renseigne sur ce qu’est une caricature au sens propre: une charge. L’idée de pesanteur et avec elle, l’idée de déplacement du centre de gravité que fait subir le caricaturiste à son objet, permet donc de saisir adéquatement ce qui constitue l’idée de charger: donner plus de poids aux caractéristiques retenues. Le livre s’attache à dégager les implications de cette idée première, selon un parcours sélectif allant de la Renaissance italienne à l’esthétique-choc contemporaine.

En passant entre autres par les réflexions de Léonard de Vinci, des frères Carrache, de Hogarth, Diderot, D’Alemabert, Lessing, Kant, Rosenkranz, Baudelaire, Flaubert, Warburg et Cavanna, cette étude scande quelques moments forts d’une figuration esthétique de la pesanteur en caricature tout en situant celle-ci par rapport à d’autres arts comme la littérature, la peinture, la danse, la sculpture et l’architecture. La question consite à se demander si, à force d’exagérer, certains caricaturistes ne perdent pas en réflexivité et si l’équation tant recherchée de la caricature ne pourrait pas consister en une charge sans lourdeur.

Le livre développe une analyse théorique, mais toujours soucieuse de la confronter à une interprétation d’images (25 au total), ce qui la prémunit contre la spéculation.