Histoire de la caricature au Québec


Histoire de la Caricature au Québec, de Robert Aird et Mira Falardeau
VLB Editeurs (www.edvlb.com), Montréal 2009, 258 pages, 27,95 Dollars canadiens

Commentaire de la quatrième de couverture:

Au Québec, la caricature est née en même temps que le journalisme, avec l’arrivée de l’imprimerie au début du régime anglais, et ces deux pratiques sont restées, depuis, indissociables. Le XIXe siècle a vu le foisonnement d’une infinité de journaux satiriques qui devaient une bonne part de leur succès aux caricatures qu’ils contenaient. Et quand la grande presse est apparue, elle a su, elle aussi, profiter de l’engouement du public pour ces dessins. La caricature a ainsi accompagné toutes les idéologies, tous les débats politiques, qui ont agité la société québécoise : on la retrouve aussi bien dans les feuilles fascistes de l’entre-deux-guerres que dans les publications syndicales militantes.
Ce livre, qui contient plus de 200 illustrations, est le premier à présenter l’histoire de cet art populaire de ses débuts jusqu’à aujourd’hui. Faire l’histoire de la caricature, c’est refaire l’histoire du Québec d’une façon qui replonge immédiatement le lecteur dans la vie sociale et politique du temps passé. Et ce parcours amusant offre aussi l’occasion de revisiter les œuvres d’artistes considérables : Jean-Baptiste Côté et Hector Berthelot, Henri Julien et Albéric Bourgeois, Robert LaPalme et Normand Hudon, Girerd et Berthio, Serge Chapleau et André-Philippe Côté.

JCG

L’étude de la caricature se porte bien au Québec… Nous nous faisions il y a peu l’écho du projet monté à l’UQAM sous la houlette de Dominic Hardy sur la satire graphique québecoise de 1890 à 1940. Mirra Falardeau et Robert Aird, deux spécialistes de l’humour et de la bande dessinée au Québec, nous proposent aujourd’hui un ouvrage passionnant qui devrait susciter intérêt et attention et servir de modèle. Pour le lecteur français, qui souvent ne connaît guère que les oeuvres de Henri Julien, Albéric Bourgeois ou Robert LaPalme, il s’agit d’une ouverture vers un nouveau monde insoupçonné…, extrêmement riche puisque de 137 à 1876 par exemple une cinquantaine de journaux humoristiques sont nés dans les villes de Montréal et de Québec.
En 250 pages, richement illustrées (plus de 200 illustrations en noir en blanc), les deux auteurs retracent l’histoire de la satire graphique au Québec, de ses débuts à aujourd’hui. Les intitulés des huit chapitres, d’importance sensiblement égale, rendent bien compte des propos de Mira Falardeau et Robert Aird: « La naissance de la caricature dans la presse satirique au Canada franaçais », « Le développement de la presse satirique au XIXième siècle », « Les caricaturistes et la naissance de la grande presse », « La caricature d’une guerre à l’autre », « Les caricaturistes artistes: LaPalme et Hudon », « L’extension du domaine de la caricature: 1950-1980 », « Les nouveaux caricaturistes 1980-2000 » et « La caricature à l’ère numérique 2000-2010 ».
Le lecteur découvre une caricature qui joue soit sur l’exagération, soit sur la simplification, les deux auteurs y voyant une influence de la caricature anglaise du début d’une part, une influence de la tradition française d’autre part. Dans leur conclusion, ils soulignent que la caricature québécoise est souvent l’expression du nationalisme, « notion éminnement variable selon les époques et les contextes », avant de s’interroger sur la liberté de la satire graphique et d’affirmer que l’on assiste à une érosion de l’influence des caricaturistes, suite à la « surenchère de discours humorisitiques excessifs dans les magazines, les émissions de télévision, les spectacles en DVD, puis désormais sur le Web ». Le lecteur appréciera dans ce contexte le dernier chapitre dédié à l’ère du numérique, certaines carrières se bâtissant de nos jours sur le web.
Bref, un livre à vivement conseiller. C’est le temps des étrennes…