Guillaume Doizy & Didier Porte,
Présidents, poil aux dents! 150 ans de caricatures présidentielles,
224 pages, relié 160/220 mm, Flammarion, 25 Euros
A la veille des élections présidentielles, ce superbe ouvrage richement illustré tombe à point pour mettre en perspective, comme l’écrit Didier Porte dans son avant-propos, la fonction présidentielle et ses servitudes.
Les vingt-trois présidents qui se sont succédé de Louis-Napoléon Bonaparte à Nicolas Sarkozy sont présentés par Guillaume Doizy par ordre chronologique et toujours selon le même modèle. Un rappel historique, nécessaire, permet au lecteur de se remémorer les faits et gestes marquants de chaque président, avant que ne soit évoqué le sort réservé à chacun dans la caricature (française, à quelques exceptions près). Divers dessins, dans l’ensemble excellemment reproduits et dotés d’un commentaire conséquent bienvenu, forment le socle du discours tenu sur chaque président. Ces documents sont tirés essentiellement de la presse satirique, mais aussi de quotidiens, de magazines, notamment pour l’époque la plus récente. L’intitulé de chaque chapitre suggère de façon synthétique l’image que les dessinateurs ont retenue de chacun : Louis-Napoléon Bonaparte est traité de « fossoyeur », Adolphe Thiers de « girouette »… et Nicolas Sarkozy d’ « hyper bling-bling ».
Une petite précision s’impose : si Guillaume Doizy se penche en premier lieu sur les années de présidence, il expose également,souvent, lorsque le destin politique du président ne cesse pas avec la fin du mandat présidentiel, l’évolution des représentations satiriques de chacun. On trouve ainsi des caricatures sur Napoléon III datées de 1870, 1871 et même 1872, alors que le « fossoyeur » n’est plus président depuis une vingtaine d’années, G. Doizy reproduit aussi à propos de Poincaré plusieurs caricatures relatant l’épisode glorieux de l’occupation de la Ruhr en 1923…
Précisons enfin que Didier Porte signe dans chaque chapitre un petit texte satirique et polémique dans lequel est établi à plusieurs reprises un lien avec l’actuel président, ne serait-ce que dans le premier texte où D. Porte reproduit un texte très virulent de Victor Hugo sur « Napoléon le Petit » avant de préciser que le futur empereur avait donné à ses sbires la consigne de ne pas faire de prisonnier au cas où ils croiseraient Victor Hugo et de rappeler sa mise à la porte avec S. Guillon de France Inter.
L’ensemble est extrêmement convaincant et on reste admiratif devant le travail de fourmi accompli par G. Doizy (avec la collaboration de Jacky Houdré) afin de recueillir autant de documents significatifs. Le lecteur ne peut que prendre plaisir à feuilleter, ou plutôt à lire cet ouvrage, grâce auquel il peut suivre l’évolution de la fonction présidentielle. Ce livre pourrait – et devrait même – susciter des vocations… L’image de maint président mériterait sans doute d’être encore précisée, notamment à l’aide de l’étude de la caricature étrangère.
Pour finir, signalons la superbe couverture réalisée par Laurent Blachier.
JCG