Ridiculosa n° 15 2008

Caricature et religion(s)
Textes réunis par Jean-Claude Gardes
et Guillaume Doizy
Actes du colloque de Brest (572 p)
Résumés des articles (cf. lire la suite)
Bon de commande

L’affaire dite des « caricatures de Mahomet » a rappelé combien il était difficile et périlleux d’exposer la religion aux sarcasmes de la caricature. Certes, il aura fallu une instrumentalisation politique des images et une republication de ces images dans une situation mondiale particulièrement tendue pour que le monde « s’embrase » à grande échelle. Mais l’objet même des dessins n’était pas neutre. Les caricatures visaient le principal représentant d’une des trois religions monothéistes de la planète, rien de moins ! Par le passé, de vives réactions avaient déjà été suscitées par la publication d’images touchant d’autres religions, d’autres Eglises. L’objectif de ce volume est de proposer une réfl exion différenciée sur ce thème des relations entre « caricature et religion(s) ». Si l’actualité tient une large part, de nombreuses études présentées par des collègues français et étrangers retracent l’histoire de ces rapports souvent confl ictuels. En feuilletant ce recueil, le lecteur sera amené à voyager dans le temps et l’espace et à s’interroger sur la complexité du sujet.

SOMMAIRE

Avant-propos

Guillaume DOIZY, Jean-Claude GARDES : Présentation du dossier « Caricature et religion(s) »

De quelques usages iconoclastes de la religion au cinéma, dans la bande dessinée et les journaux satiriques d’aujourd’hui

Christian MONCELET : La Crucifi xion : quand le Christ est tombé sur un Os à moelle !
Stéphane MAZURIER : L’Anticléricalisme dans les dessins de Charlie Hebdo (1969-1982)
Thomas HOCHMANN : Caricature, blasphème et discours de haine
Philippe KAENEL : Bande dessinée et blasphème au XXe siècle : La Passion du rire
Valentine ROBERT : L’Evangile au miroir deformant du cinéma : la voie décalée de La vie de Brian des Monty Python
Gaïd GIRARD : « Suicide is painless » : les usages iconoclastes de la religion dans MASH de Robert Altman (1970)

Caricature et religion(s) en Europe

Des origines du christianisme au Moyen Âge : une autodérision religieuse ?

Laurence DALMON : La caricature à l’oeuvre dans le discours anti-hérétique des premiers Pères de l’Eglise et sa réception iconographique au haut Moyen Âge
Ileana TOZZI : Dal simbolico Al grottesco: la rappresentazione del Maligno nelle opere d’arte sacra del Museo dei Beni Ecclesiastici della Diocesi di Rieti
Franck THÉNARD-DUVIVIER : Caricature et parodie au seuil des cathédrales (XIIIe-XIVe siècles)
Welleda MULLER : La caricature au plus près du Sacre : le cas des sculptures grimaçantes et irrévérencieuses dans les stalles du XVe siècle en pays bourguignon, fl amand, et rhéno-mosan

Eglise et caricature à l’époque moderne

Tamara HUNT : Envisioning Terrorists: English Protestant Dissenters and French Revolutionaries
Marina BUJOLI-MINETTI : Caricature et Religion sous George III
Stéphane LAMOTTE : L’affaire Girard-Cadière (1731) : la caricature d’un jésuite et de sa pénitente
Xavier VERT : Caricature et figura

XIXe et XXe siècles en France et en Europe

Michela LO FEUDO : Les « religions » révolutionnaires de 1848 entre caricature et récit excentrique. Le cas des socialistes utopiques
Vincent PETIT : L’anticléricalisme est un art. Le retour de la conférence peint par Courbet et commenté par Proudhon
Laurent BIHL : Adolphe Willette, de la haine du clergé à l’obsession de Dieu
Nicolas PADIOU : Quelques thèmes religieux dans les caricatures anti-allemandes pendant la Première Guerre mondiale
Bruno DE PERTHUIS : Images des dieux et des religions dans la caricature de la Grande Guerre
Anne MORELLI : La caricature anticléricale en Belgique au XIXe siècle : éléments pour une analyse de ses procédés de déconstruction
Hélène MACHINAL : Et Adam devint singe : fi guration de l’origine dans les caricatures de Punch au cours de la seconde moitié du XIXe siècle en Grande Bretagne
Laurence DANGUY : Rhétorique Anticléricale et enjeux sacraux autour d’une caricature de Jugend
Vanja STRUKELJ : Anticlericalismo e satira risorgimentale in Italia: circolazione di modelli e fonti iconografi che ne “Il Fischietto”
Francesca ZANELLA : I santi e la guerra: caricatura in Italia durante la Grande guerra
Paolo MORETTI : La satire anticléricale en Italie durant le deuxieme après-guerre

Caricature et religion en Asie

Louis GABAUDE : La caricature apologétique dans le bouddhisme contemporain en Thaïlande
Atsushi YAMANASHI : Georges Bigot et les caricatures anticléricales contre la Société de Marie
Yue YUE : Le portrait caricatural du moine bouddhiste Ji Gong, représentatif de l’histoire de l’iconographie religieuse en Chine

Autour de Mahomet

Alain DELIGNE : Mahomet caricaturé : texte, image, émotion. Ou : un éclairage dérangeant
Jocelyn BÉZECOURT : Thèmes et cibles de la caricature de l’Islam
Soufi an AL KARJOUSLI : Quelle place pour les caricatures dans le monde arabo-musulman ?
Enrico SARNELLI : Rire des religions dans le monde globalisé : l’image de l’Islam dans le graphisme satirique italien
Jean-Claude GARDES : La réaction « mesurée » de Titanic à l’affaire des caricatures de Mahomet
Margarethe POTOCKI : Peut-on dessiner la schizophrénie ? A propos de la caricature iranienne actuelle
Joël KOTEK : L’image d’Israël et des Juifs dans la caricature arabe contemporaine. Un avatar inattendu de l’antisémitisme moderne
Jane WESTON : A t-on le Droit de rire de tout ? La défense de la laïcité par Charlie Hebdo dans le contexte de l’affaire des caricatures danoises

RÉSUMÉS DES ARTICLES

Christian MONCELET

Le Christ en croix : enfoncer les clous de la dérision

Massonnat et Maxon – deux dessinateurs de l’Almanach de l’Os à moelle (de 1978 à 1981) – ont multiplié des variations sur le motif de la crucifixion.
La caricature bat son plein, sans qu’il soit toujours facile de faire la part de la recherche systématique du gag et de la volonté de ruer dans les brancards d’une idéologie dont l’originalité se concentre dans l’épisode de la Passion.
Massonnat et Maxon inventent des scènes, plus ou moins abracadabrantes, pour nourrir un révisionnisme burlesque efficace. Ils tirent aussi parti des analogies de forme entre le crucifié et d’autres personnes modernes (tel un ouvrier et son marteau piqueur, tel un agent de police réglant la circulation dans un carrefour…).
Enfin, le rabaissement de la figure unique du Fils de Dieu s’obtient par la banalisation quantitative (prolifération de crucifiés des plus fantaisistes) et par la banalisation qualitative (on prête au Christ des réactions bassement humaines).
Cet acharnement potache pourrait s’expliquer par une révolte contre une éducation chrétienne, dans l’esprit de la bande de Charlie Hebdo et de Hara Kiri mensuel.

Christus am Kreuz: Nägel mit Häme

Massonat und Maxon – zwei Zeichner des Almanach de l’Os à moelle (von 1978 bis 1981) – haben zahlreiche Variationen zum Motiv der Kreuzigung geliefert.
Die Karikatur erlebt hier einen Höhepunkt, ohne dass es immer leicht wäre, zwischen einer sytematischen Suche nach Witzeffekten zu unterscheiden und dem Wunsch, gegen eine Ideologie anzukämpfen, deren Originalität sich auf die Episode der Passion Christi konzentriert.
Massonnat und Maxon erfinden mehr oder weniger tolle Szenen, um einen wirkungsvollen burlesken Revisionismus zu nähren. Sie nutzen auch die Formanalogien zwischen dem Gekreuzigten und modernen Figuren (wie z.B. einem Arbeiter mit seinem Presslufthammer oder einem Polizisten, der auf einer Kreuzung den Verkehr regelt…).
Schließlich wird die Herabsetzung der einzigartigen Gestalt des Gottessohnes durch eine quantitative Banalisierung (die große Anzahl an völlig frei erfundenen Gekreuzigten) erreicht, sowie durch eine qualitative (Christus werden niedrigste menschliche Reaktionen unterstellt).
Diese Akribie könnte sich durch die Auflehnung gegen die christliche Erziehung erklären lassen, im Sinne der Charlie Hebdo–Bande und der von Hara Kirir mensuel.

Christ on the cross: hammering in derision

Massonnat and Maxon, two cartoonists for L’Almanach de l’Os à Moelle (from 1978 to 1981) produced numerous variations on the crucifixion theme. Caricature here pulls no punches, and it is difficult to distinguish between the systematic search for a gag and the will to rebel against Christian ideology and the Passion episode, its most distinguishing feature.
Massonat and Maxon construct varyingly preposterous scenes to nourish what amounts to burlesque revisionism. They also get as much as possible by drawing analogies of shape between the Crucified and modern-dday characters (such as a road worker and his pneumatic dreal or a policeman on traffic duty at a cross-road).
Ultimately, the unique figure of the Son of God is discredited through banalisation, both in quantity (a proliferation of supremely ludicrous crucified people) and in quality (Christ is attributed with basely human reactions).
Such relentlessness could be explained on the grounds of resentment against Christian education, echoing spirit of the Charlie Hebdo and Hara Kiri mensuel group.

Stéphane MAZURIER

L’Anticléricalisme dans les dessins de Charlie Hebdo (1969-1982)

Dans un contexte – les années soixante-dix – où l’anticléricalisme n’est pas un sujet majeur de débats politiques et idéologiques, Charlie Hebdo se montre pourtant très féroce contre le clergé catholique et son influence dans la vie publique. Usant d’un humour provocateur et volontiers grivois, les dessinateurs du journal s’emploient à ridiculiser l’homme d’Église, tour à tour lubrique, ivrogne et malhonnête. Ces joyeux blasphémateurs s’amusent de « la crise catholique », pour reprendre la formule de Denis Pelletier, qui sévit alors, à travers la question du célibat des prêtres, de la dissidence lefebvriste ou de la difficile succession au trône de saint Pierre en 1978. L’anticléricalisme farouche de Reiser, Cabu, Gébé ou Wolinski trouve ses racines dans leur athéisme : « On était tous des mécréants ! », souligne Georges Bernier, directeur de Charlie Hebdo. Il s’explique également par les prises de position de l’Église. Dans le domaine politique, on dénonce le soutien qu’elle apporte à plusieurs régimes autoritaires au nom de l’anticommunisme. Dans le domaine des mœurs, on critique son opposition résolue à la contraception et à l’avortement.

Antiklerikalismus in den Zeichnungen von Charlie Hebdo (1969-1982)

In den 60er Jahren stand der Antiklerikalismus nicht im Vordergrund der politischen und ideologischen Debatten. Trotzdem ritt Charlie Hebdo heftige Attacken gegen den katholischen Klerus und seinen Einfluss auf das öffentliche Leben. Die Zeitschrift praktizierte dabei einen ausgesprochen provozierenden und oft auch schlüpfrigen Humor. Die Zeichner verspotteten die Männer der Kirche als geile, versoffene und unehrliche Figuren. Die fröhlichen Gotteslästerer machten sich auch über die damals grassierende „katholische Krise“ lustig, um eine Wendung von Denis Pelletier aufzugreifen. Angriffspunkte waren das Zölibat der Priester, die integristische Abspaltung um Msg. Lefebvre oder im Jahr 1978 die Schwierigkeiten, einen Nachfolger für den Stuhl Petri zu finden. Der erbitterte Antiklerikalismus der Reiser, Cabu, Gébé und Wolinski beruht auf deren Atheismus – „Wir waren alle Ungläubige!“ betont Georges Bernier, der Direktor von Charlie Hebdo – , aber auch auf diversen Positionen, die die katholische Kirche bezog. Dazu zählte auf dem politischen Sektor deren antikommunistisch motivierte Untersützung für etliche autoritäre Regime. Auf dem Gebiet der Gesellschaftsmoral wurde ihr Eintreten gegen Empfängnisverhütung und Abtreibung kritisiert.

Anticlericalism in Charlie Hebdo’s cartooning (1969-1982)

Whilst anticlericalism did not play a major role in political and ideological debate in the 1970s, Charlie Hebdo was ferocious in its attacks on the Catholic clergy and its influence on the public sphere. With provocative and deliberately licentious humour, cartoonists ridiculed these men of the church for lechery, drunkardness and dishonesty. Revelling in their blasphemy, they made fun of the “crisis of Catholicism”, to quote Denis Pelletier at the time when he was spreading Lefebriste discord over such issues as the celibacy of priesthood or Saint Peter’s troubled succession to the throne in 1978. The ferocious anticlericalism of Reiser, Cabu, Gébé and Wolinski was grounded in aetheism: “We were all unbelievers!” stresses Georges Bernier, director of the publication. An equally significant factor was the politics of the church, and they denounced its support of various authoritarian regimes in its goal of opposition to communism. Meanwhile on issues of morality, they criticised its uncompromising opposition to contraception and abortion.

Thomas HOCHMANN

Caricature, blasphème et discours de haine

Les rapports entre la liberté d’expression et la caricature de la religion sont abordés ici sous trois angles. D’abord, la forme particulière de la caricature permet de préciser le rôle du juge dans l’application des limites de la liberté d’expression, particulièrement dans l’interprétation des propos litigieux. Ensuite, deux types de normes peuvent concerner la caricature de la religion : la répression du blasphème, et la sanction du discours de haine. Au contraire d’autres droits européens, la loi française ne prévoit pas de restriction du premier type. Des juridictions ont cependant été tentées de combler cette absence.

Karikatur, Gotteslästerung und Hassrede

Die Frage, wie Meinungsfreiheit und Karikaturen über Religion sich zueinander verhalten, soll hier unter drei Gesichtspunkten untersucht werden. Zuerst wird die Karikatur als besondere Ausdrucksform beschrieben, mit der die Rolle des Richters näher bestimmt werden kann, wenn es darum geht, die Grenzen der Meinungsfreiheit festzulegen, insbesondere bei der Interpretation von umstrittenen Äußerungen. Zwei Typen von Gesetzen sind dann zu erwähnen, nämlich das Verbot der Gotteslästerung und das der Hassrede. Im Gegensatz zu anderen europäischen Ländern kennt das französische Recht den ersten Typus nicht. Gerichtliche Entscheidungen haben jedoch versucht, diesen Mangel zu beheben, und haben Äußerungen verurteilt, welche die Religion verspotten.

Caricature, blasphemy and hate discourse

The caricature of religion is an interesting case study for the limits of free expression. This article first examines the judicial function in the interpretation of litigious speeches, focusing on caricature as a paradigmatic case. It will then be argued that two types of limits to free speech apply to the caricature of religion: prohibitions of blasphemy and of hate speech. Contrary to other European systems, France does not know any repression of the first type. Nevertheless some tribunals seemed to have forgotten this point.

 

Philippe KAENEL

Bande dessinée et blasphème au XXe siècle : La Passion du rire

La caricature qui prend Jésus pour cible apparaît sous la Troisième République, notamment à la suite de Vie de Jésus d’Ernest Renan (1863) qui fait de son héros un personnage historique et lui redonne ipso facto un corps, une corporéité. Après 1900, les récits imagés satiriques sur le thème de la Passion s’adaptent à la presse caricaturale qui prend une part active au débat sur la séparation de l’Église et de l’État – en particulier dans L’Assiette au beurre (Bellery Desfontaines, Galanis et surtout Grandjouan). Face au développement de la bande dessinée religieuse depuis les années 1940, les dessinateurs de Pilote, Hara Kiri, Charlie Hebdo, L’Echo des Savanes ou Fluide glacial s’emparent du thème dès les années 1960 (Gotlib, Vuillemin, Larcenet, Planchon…). Trois études de cas souvent polémiques concluent ce bref panorama : le Français Didier Vasseur (alias Tronchet), l’Autrichien Gerhard Haderer et l’Américain Frank Stack (alias Frank Sturgeon).

Blasphemie im Comic des 20. Jahrhunderts: die Lach-Passion

Karikaturen, deren Zielscheibe Jesus ist, erscheinen – in der Folge von Ernest Renans Vie de Jésus (Leben Jesu) (1863) – erstmals in der Dritten Republik. Aus dem Helden des Buchs wird hier eine historische Figur, die über einen Körper, über eine bestimmte Körperlichkeit, verfügt. Nach 1900 passen sich die bildsatirischen Erzählungen der Passionsgeschichte an die satirische Presse an, die sich aktiv an der Diskussion um die Trennung von Kirche und Staat beteiligt. In besonderem Maße gilt das für die Assiette au beurre (mit Bellery Desfontaines, Galanis und vor allem Grandjouan). Seit den 1960er Jahren antworten die Zeichner von Pilote, Hara Kiri, Charlie Hebdo, L’Écho des Savanes und Fluide glacial (Gotlib, Vuillemin, Larcenet, Planchon…) auf die in den 1940er Jahren begonnene Entwicklung des religiösen Comic. Drei Fallstudien beschließen das kurze Panorama. Sie widmen sich dem Franzosen Didier Vasseur (alias Tronchet), dem Österreicher Gerhard Haderer und dem Amerikaner Frank Stack (alias Frank Sturgeon).

A good laugh first : comics and blasphemy in the XXth century

The caricature of Jesus was a new genre born in France under the Third Republic, notably in the wake of the publication of Ernest Renan’s Vie de Jésus (1863) which transformed his hero into someone with a “real” historical body. The political crisis arising from debates on the separation of the State and the Church gave rise to a series of caricatures mocking the Passion (by Bellery Desfontaines, Galanis and especially Grandjouan in the Assiette au beurre). Responding to the development of religious strips from the 1940’s on, the draughtsmen of various periodicals (Pilote, Hara Kiri, Charlie Hebdo, L’Echo des Savanes and Fluide glacial) frequently subverted the Gospels in the 1960’s, 1970’s and 1980’s (Gotlib, Vuillemin, Larcenet, Planchon…). This brief panorama of the caricatural comic strip then turns to three emblematic case studies: the French caricaturist Didier Vasseur (alias Tronchet), the Austrian Gerhard Haderer and the American Frank Stack (alias Frank Sturgeon).

Valentine ROBERT

L’Évangile au miroir déformant du cinéma :
la voie décalée de La Vie de Brian des Monty Python

A l’aune de divers exemples et d’une analyse des Monty Python’s Life of Brian (Terry Jones, 1979), cet article vise à dégager une tendance majeure de l’approche caricaturale du Christ et de l’Évangile au cinéma, consistant à ne pas prendre Jésus pour cible directe de la satire, mais à déplacer la parodie en ses marges. Avec pour prétexte de combler les ellipses du récit biblique et pour précaution de jouer du hors-champ et de dédoublements, les films se plaisent à parasiter la « plus grande histoire jamais contée » par l’ajout d’épisodes démystificateurs ou de personnages-miroirs caricaturaux qui ne prétendent pas remplacer, mais seulement amplifier le texte évangélique. Ainsi, malgré les scandales retentissants provoqués par certains films, et même s’il y est partiellement désacralisé, le Christ au cinéma ne semble jamais se départir d’une certaine dignité et demeure globalement une figure identificatoire.

Das Evangelium im Zerrspiegel des Kinos: Monty Python’s Life of Brian

Anhand einer Analyse des Films Monty Python’s Life of Brian (Terry Jones, 1979) und anderer Beispiele wird in diesem Artikel eine wichtige Tendenz der kinematographischen Karikaturen von Jesus Christus und der Evangelien untersucht. Eine der Haupttendenzen liegt darin, dass nicht Jesus die direkte Zielscheibe der Satire ist, sondern das, was ihn umgibt. Unter dem Vorwand, die Lücken des Evangeliums zu füllen, und mit der ästhetischen Verarbeitung des Raums außerhalb des Bildfeldes und des Doppelgänger-Motivs, neigt der Film dazu, profanisierende Episoden und karikaturale Spiegelfiguren anzubieten, die sich in die „Größte Geschichte aller Zeiten“ eingeschlichen haben. Das Ziel dieses zusätzlichen Stoffes besteht nicht darin, die evangelischen Texte zu ersetzen, sondern diese zu ergänzen. Trotz der von den Fimproduktionen verursachten riesigen Skandale verliert Christus nicht ganz seine Würde und bleibt eine Identifikationsfigur.

The Gospel in cinema’s distorting mirror: the Monty Python’s Life of Brian

Through various examples and an analysis of Monty Python’s Life of Brian (Terry Jones, 1979), this article aims to demonstrate a major pattern in the caricature of Christ and the Gospels in cinema, which consists of taking Jesus not as a direct satirical target, but displacing parody to his margins. With the pretext of filling in biblical narrative gaps, and using off-camera space and character doubles for judicious purposes, films take pleasure in parasiting the “greatest story ever told” through demystifying incidents or the addition of caricaturial minor characters who are not supposed to surplant, but magnify the gospel texts. In this way, despite the huge scandals certain films have provoked, and while there may be partial desacralisation, representations of Christ in cinema never completely remove his dignity or recognisability.

Gaïd GIRARD

« Suicide is painless » : les usages iconoclastes de la religion
dans M.A.S.H. de Robert Altman (USA, 1970)

M.A.S.H. obtint la Palme d’Or au festival de Cannes en 1970 et fit la notoriété de Robert Altman. Cette satire antimilitariste féroce retraçant la vie d’un hôpital de campagne militaire situé à quelques kilomètres du front de la guerre de Corée qui fit beaucoup rire à l’époque s’ouvrait sur une chanson vantant les mérites du suicide, intitulée « Suicide is painless ». Cette chanson est reprise in extenso dans une séquence de 8 minutes qui caricature de façon immédiatement repérable la Cène, où Jésus partage son dernier repas avec ses disciples.
Cet article s’attache à montrer qu’au-delà de la critique à gros traits de rituels le plus souvent catholiques liés à la mort et aux enterrements, la séquence traite aussi du tabou chrétien du suicide. Dans le contexte politique d’une guerre impérialiste qui mène une partie importante de la jeunesse d’une nation à une mort inutile, l’obscénité est-elle plus du côté des blagues grossières et sexistes des chirurgiens de MASH ou des milliers de morts du Vietnam ? Le succès inattendu du film pose également la question de la complexité des conditions de réception inhérente à l’art de la caricature, comme le cinéaste lui même l’a souligné.

„Suicide is painless“ Zum Gebrauch der Religion
in M.A.S.H. von Robert Altman (1970
)

M.A.S.H. hat 1970 auf dem Festival von Cannes die Goldene Palme erhalten und den Ruhm Robert Altmans begündet. Diese vehemente antimilitaristische Satire, die seinerzeit ein großer Lacherfolg war, zeigt das Leben in einem Feldlazarett, ein paar Kilometer von der Front des Koreakriegs entfernt. Sie beginnt mit einem gesungenen Lob des Freitods: “Suicide is painless”. Das Chanson findet sich dann in extenso wieder in einer achtminütigen Sequenz, die in ganz offenkundiger Weise das Abendmahl parodiert, in dessen Verlauf Jesus seine letzte Mahlzeit mit seinen Jüngern teilt.
Dieser Beitrag zeigt auf, dass die erwähnte Sequenz nicht nur eine grobkörnige Kritik von religiösen (weitgehend katholischen) Todes- und Begräbnisriten darstellt, sondern sich auch mit dem christlichen Tabu der Selbsttötung auseinandersetzt. Er stellt die Frage, was obszöner ist: die plumpen und sexistischen Witze der Chirurgen von MASH oder der vieltausendfache Kriegstod in Vietnam? Der unerwartete Erfolg des Films wirft auch die Frage nach den komplexen Rezeptionsbedingungen auf, die mit der Kunst der Karikatur untrennbar verbunden ist, wie der Regisseur es selbst betont hat.

“Suicide is painless”: debunking religion
in Robert’s Altman’s M.A.S.H. (USA, 1970)

M.A.S.H. won the Palme d’Or in the 1970 Cannes film festival and made Robert Altman famous overnight. The film is a ferocious satirical piece on the US army, taking place in a Mobile Army Surgical Hospital located a few miles back from the combat zone during the Korean war ; it made people laugh unreservedly and opened with a song entitled “Suicide is painless”. This song is heard again towards the middle of the film, in a 8 minute-long sequence which offers a jubilant caricature of the scene of the Last Supper, when Jesus talks to the apostles for the last time.
This essay aims to show that beyond the graphic -and funny- criticism of religious rituals (mainly Catholic) linked to death and burial, the sequence questions the prohibition of suicide. In an era when an imperialistic country was sending a sizeable portion of its own youth to useless destruction, are the crass and sexist jokes of the MASH doctors more obscene than the thousands of deaths of the Vietnam war? The unexpected success of the film also addresses the complex issue of the reception of caricature is concerned, as Robert Altman himself made it clear.

Laurence DALMON

La caricature à l’œuvre dans le discours anti-hérétique des premiers
Pères de l’Église et sa réception iconographique au haut Moyen Âge

Les innombrables controverses où s’engagea le christianisme naissant (IIIe-Ve siècles) traduisent autant d’entreprises de légitimation et de différentiation vis-à-vis de ses adversaires religieux. Si la confrontation avec le paganisme, a fortiori le judaïsme, souligne un véritable enjeu identitaire, sorte de guerre des représentations au sein desquelles la caricature fut naturellement appelée à jouer un rôle primordial, le christianisme dut aussi s’imposer au détriment de courants issus de lui et dénoncés par lui comme centrifuges et déviants : les hérésies. L’enjeu polémique apparaît ici d’autant plus crucial que, dans un conflit où s’affrontent des interprétations concurrentes d’un même message religieux, la victoire est promise au credo qui se montrera le plus habile à discréditer ses rivaux. La caricature doit donc trouver à cette occasion un mode opératoire innovant. S’il lui arrive de puiser au réservoir traditionnel des images repoussoir anti-païennes ou anti-judaïques, le portrait de l’hérétique est bien plus souvent le fruit d’une « hybridation » subtile, d’un jeu de miroirs déformants, sur le thème : l’ennemi de l’intérieur, reflet frelaté, est pire que le païen ou le juif. Essentiellement illustré par des références aux textes des Pères grecs et surtout latins (Augustin, Jérôme), le propos veillera, autant que faire se peut, à ménager une ouverture vers l’iconographie que cette rhétorique d’imprécation a pu inspirer.

Die Karikatur in der anti-häretischen Rede der ersten
Kirchenväter und ihre Rezeption im Hochmittelalter

Die unzähligen Kontroversen, die das entstehende Christentum (drittes bis fünftes Jahrhundert n.Chr.) beschäftigen, zeugen von ebenso vielen Versuchen, sich gegenüber religiösen Gegnern zu legitimieren und sich von ihnen abzusetzen. Zwar war die Konfrontation mit dem Heidentum, und insbesondere mit dem Judentum, eine wahre Identitätsfrage, eine Art Repräsentationsstreit, in dem der Karikatur von Natur aus eine große Rolle zufiel, jedoch musste sich das Christentum auch gegen Strömungen durchsetzen, die ihm selbst entstammten und die es selbst als zentrifugal oder abweichend denunzierte: die Ketzerei. Die Polemik erscheint hier umso wichtiger, als in einem Konflikt konkurrierende Interpretationen derselben religiösen Botschaft aufeinander treffen und der Sieg demjenigen winkt, der mit dem meisten Geschick seine Rivalen in Misskredit zu bringen vermag. Die Karikatur muss daher in dieser Angelegenheit neue Mittel erfinden. Obgleich manchmal auf traditionelle anti-heidnische oder anti-semitische Vorstellungen zurückgegriffen wird, ist das Bild des Häretikers doch eher das Produkt einer subtilen „Kreuzung“, einer deformierenden Spiegelung, ausgehend von der Idee, dass der innere Feind als verfälschtes Abbild weit gefährlicher ist als der Heide oder der Jude. Anhand von Belegen aus den Texten der griechischen und vor allem der lateinischen Kirchenväter (Augustinus, Hieronymus), soll dieser Beitrag ihm Rahmen der Möglichkeiten auch einen Blick auf die Ikonographie eröffnen, die von dieser Verwünschungsrhetorik inspiriert wurde.

Using caricature in the first church fathers’ antiheretical speech.
Reception in the Middle Ages

The innumerable controversies accompanying the beginning of Christianity (IIIe-Ve century) implied just as many attempts of legitimization and differentiation in relation to religious opponents. While confrontation with paganism and equally judaism, underlined a genuine identity issue (something like a war of representations in which a crucial part was naturally assigned to caricature), Christianity also had prevail over doctrinal trends steming from it and being denounced by it as centrifugal and dissenting: heresies. The controversy at stake took on all the more important because bringing into conflict various rival interpretations of the same religious message meant victory would go to those who showed themselves to be the most skilled at discrediting the others. In such a context, caricature had to find new methods. Although traditional anti-pagan or anti-jewish images were sometimes used, portraits of Heretics more often consisted of a subtle “hybridization”, a effect of distorting mirror effect basedon the following theme: the enemy within presented as a kind of dubious reflection, and being worse than the pagan or the Jew. Our argument will be illustrated by references to Greek and especially Latin theologists (Augustinus, Hieronymus); but we will try, as far as possible, to address the iconography generated by this polemical rhetoric.

Ileana TOZZI

Dal simbolico al grottesco: la rappresentazione del maligno nelle opere
d’arte sacra del Museo dei Beni Ecclesiastici della Diocesi di Rieti

Il cristianesimo è unico fra le religioni del Libro a fare ricorso ai codici estetici figurativi per poter meglio illustrare il senso delle Scritture e confortare la catechesi. La Chiesa delle origini abbandonò la pratica aniconica di tradizione ebraica, suffragata dall’interdetto espresso nel libro dell’Esodo (20,4), per aderire ad uno stile rappresentativo che conciliò un ricco apparato di segni e simboli con l’eredità realistica di tradizione romana.
Il linguaggio figurativo cristiano assunse nel corso dei secoli una forte connotazione didascalica, diventando uno strumento utile a favorire l’educazione religiosa attraverso la narrazione dei fatti salienti dell’Antico e del Nuovo Testamento. In età medioevale, l’apparato di segni e simboli si arricchisce e si raffina culminando nella splendida arte rinascimentale.
Ne sono prova, in particolare, le decorazioni delle oreficerie, come dimostra presso il Museo Diocesano di Rieti la collezione di venti croci astili realizzate tra il XII al XVI secolo. Dopo il XVI secolo, in attuazione dei decreti della sessantaquattresima ed ultima sessione del Concilio di Trento, si fa sempre più frequente invece il ricorso ad una rappresentazione che varia dal tono drammatico al grottesco, non tanto al fine di viva¬cizzare la scena, quanto piuttosto di renderla inequivocabile, ottenere lo scopo didascalico voluto dalla committenza ecclesiastica e perseguito con analogo interesse dagli artisti.

Du symbolique au grotesque : la représentation du malin
dans les œuvres d’art sacrées du Musée Diocésain de Rieti

D’entre toutes les religions monothéistes, seul le Christianisme recourt aux codes esthétiques figuratifs pour mieux illustrer le sens des Saintes Ecritures et soutenir la catéchèse. L’église des origines abandonna la pratique aniconique de tradition hébraïque encouragée par l’interdit exprimé dans le livre de l’Exode (20, 4), et adhéra à un nouveau style représentatif conciliant un très riche appareil de signes, marques et symboles, et l’héritage réaliste de la tradition romaine.
Le langage figuratif chrétien acquiert au cours des siècles une forte connotation didactique, devenant ainsi un instrument capable de favoriser l’éducation religieuse par l’intermédiaire de récits marquants issus de l’Ancien et du Nouveau Testament. Au moyen âge, le système de signes et de symboles s’enrichit et s’affine, s’élevant ainsi vers la richesse et la politesse de l’art de la Renais¬sance.
On peut observer ceci au travers d’une collection de vingt croix proces¬sionnelles réalisées entre le douzième et le seizième siècles, conservée au Musée Diocésain de Rieti. Après le seizième siècle, et à la suite des décrets de la soixante-quatrième et ultime session du Concile de Trente, on a de plus en plus recours à des représentations dont le ton varie du dramatique au grotesque, non tant pour animer les scènes que pour les rendre inoubliables et obtenir ainsi le résultat escompté par la société ecclésiastique et poursuivi avec un même intérêt par les artistes.

Franck THENARD-DUVIVIER

Caricature et parodie au seuil des cathédrales (XIIIe-XIVe siècles)

Un rapide tour d’horizon historiographique permet de repérer les figures de la caricature les plus fréquemment invoquées dans le contexte monumental des cathédrales : « évêques de mer », renard prêchant aux poules ou encore clercs luxurieux. Mais les interprétations ne sont pas toujours dénuées d’arrière-pensées idéologiques voire empreintes d’anticléricalisme pour certains (G. Witkowski, début XXe siècle).
La sculpture médiévale tend plutôt à privilégier la déformation ou l’hybridation du corps humain qui bascule ainsi dans le grotesque, l’animalité ou encore le monstrueux. De plus, les procédés parodiques peuvent être utilisés au service de la dérision ou d’une intention plus satirique. Parmi les cibles de ces images, on trouve le clergé, les pratiques religieuses ou encore les minorités religieuses (notamment les juifs).
Enfin, la question de l’emplacement de ces images sculptées est essentielle car il détermine à la fois leur réception et leur fonction dans l’espace monumental. Les bas-reliefs des portails sont placés au seuil des cathédrales, dans un espace de passage entre « sacré » et « profane », et ils sont conçus pour être vus de tous. A l’inverse, les stalles sont au cœur du sanctuaire mais leur public est limité au clergé canonial. L’espace monumental dans lequel s’insèrent les images détermine largement la question de leur rapport avec la satire, le blasphème, la censure voire le vandalisme.

Karikatur und Parodie an und in Kathedralen (13./14. Jahrhundert)

Ein rascher Durchgang durch die Geschichtsschreibung gestattet es, die karikaturalen Darstellungen zu identifizieren, die am häufigsten mit Kathedralen in Verbindung gebracht werden: die sog. Meer-Bischöfe, der Fuchs, der Hühnern predigt, wollüstige Kleriker. Doch die Interpretationen dieser Darstellungen sind nicht immer frei von ideologischen Hintergedanken, ja in einigen Fällen (wie dem von G. Witkowski zu Beginn des 20. Jahrhunderts) antiklerikal geprägt.
Die mittelalterliche Skultpur bevorzugt die Verzerrung des menschlichen Körpers oder die Bildung von Hybridwesen (Mensch-Tier) und gleitet so ab ins Groteske, Animalische oder Monströse. Parodistische Verfahren können zudem eingesetzt werden, um etwas oder jemanden lächerlich zu machen oder sogar noch stärker satirisch darzustellen. Zu den Zielscheiben dieser Bilder gehören der Klerus, bestimmte religiöse Praktiken sowie religiöse Minderheiten (insbesondere die Juden).
Von ausschlaggebender Bedeutung ist die Frage der Lokalisierung der Skulpturen, denn sie entscheidet über Rezeption und Funktion im gesamten räumlichen Kontext. Die Flachreliefs der Portale befinden sich an der Schwelle der Kathedralen, an einem Ort des Übergangs vom weltlichen in den religiösen Bereich und sie sind dazu bestimmt, von allen gesehen zu werden. Dagegen befindet sich das Chorgestühl inmitten des Heiligtums und sein Publikum beschränkt sich auf den Klerus. Der räumliche Gesamtzusammenhang, an dem diese Bilder teilhaben, entscheidet über die Art der Beziehung zu Satire, Blasphemie, Zensur und Vandalismus.

Caricature and parody on cathedral doorways (13th and 14th century)

A rapid historical survey shows that the most frequently invoked caricaturial figures on monumental cathedral edifices were “sea bishops”, foxes who preach to chickens and clerks living in luxury. But interpretations of these are sometimes coloured by ideological undertones or even explicit anticlericalism in certain cases, as was the case of G.Witowski at the start of the twentieth century.
Medieval sculpture however tended more towards distortion and hybridization of the human body, opening the door to the grotesque, animality or even the monstruous. Parody moreover was put to the service of pure derision or more satirical purposes. Included in the targets of these images were the clergy, religious practices and religious minorities such as Jews.
The location of these sculpted images is ultimately a determining factor in both their reception and their fuction as monuments. The bas reliefs of the portals were set at the doorway of cathedrals, in a transitory space between the “sacred” and the “profane”, and were intended to be seen by all. Conversely, stalls are at the heart of the sanctuary and their public is limited to the canonical clergy. The monumental space within which these images are located is a key factor for their links with satire, blasphemy, censureship or even acts of vandalism.

Welleda MULLER

La caricature au plus près du sacré : le cas des sculptures grimaçantes et
irrévérencieuses dans les stalles du XVème siècle en pays bourguignon,
flamand et rhéno-mosan

La sculpture des stalles offre plusieurs interrogations de par ses thèmes pour le moins irrévérencieux et caricaturaux dans un lieu aussi sacré que le chœur. Il existe en effet des personnages grimaçants et monstrueux, des exhibitionnistes ainsi que des scènes à caractère scatologique ou des illustrations de proverbes grivois, sculptés sur les miséricordes, les appuie-main ou, dans des cas plus rares, sur les jouées. L’aspect le plus intéressant réside dans les représentations de scènes de caricatures de l’Église elle-même. Ainsi, lorsqu’est représenté un renard déguisé en prêtre, prêchant du haut de sa chaire devant un parterre d’oies ou de poules (cf. jouée de Cuiseaux, Saône-et-Loire, Bourgogne, XVème siècle), nous constatons la capacité d’autodérision dont faisait preuve l’Église en acceptant une telle scène dans son sein le plus sacré : le chœur.

Karikatur in unmittelbarer Nähe des Sakralen: die Grimassen schneidenden und respektlosen Skulpturen im Chorgestühl des 15. Jahrhunderts in Burgund, Flandern und im Rhein-Maas-Gebiet

Die bildlichen Darstellungen im Chorgestühl werfen angesichts ihrer, vorsichtig gesagt, ziemlich respektlosen und karikaturalen Themen an einem so heiligen Ort wie dem Chor mehrere Fragen auf. Wir finden ja an den Misericordien, den Handstützen und gelegentlich auch an den Seitenteilen/ gelegentlich auch an den Zwischen- und Außenwangen Grimassen schneidende und monsterähnliche Figuren, Exhibitionisten sowie skatologische Darstellungen und Visualisierungen anzüglicher Sprichwörter. Am interessantesten sind Darstellungen, in denen die Kirche selbst karikiert wird – etwa wenn ein als Priester verkleideter Fuchs Gänsen oder Hühnern eine Predigt hält (wie im Fall der Seitenteile des Chorgestühls von Cuiseaux im Departement Saône-et-Loire (Burgund, 15. Jahrhundert). Wenn die Kirche eine solche Szene im Allerheiligsten, nämlich im Chor, zulässt, so beweist sie damit, dass sie fähig ist, sich selbst ins Lächerliche zu ziehen.

Caricature in the heart of the sacred: the example of grimacing
and irreverent sculptings in 15th century choir stalls in
the regions of Burgandy, Flanders and Rhéno-mosan

Choir stall sculptings raise many questions through the fact of their unmistakable irreverence and caricatural quality in such a sacred setting as the choir. One finds grimacing, monstruous characters, exhibitionists and scatological imagery, illustrations of licentious proverbs sculpted onto hassocks, armrests or in rare cases, lintels. The most interesting of these are representations of caricatural scenes of the Church itself. So when a fox is presented disguised as a priest preaching from the top of his chair down to a group of geese or chicken in the stalls (see for instance, lintels in Cuisseaux, Saône-et-Loire, Burgandy, XV century), the extent of the church’s ability for self-referential humour in accepting such a scene at its most sacred heart, the choir stalls, becomes apparent.

Tamara HUNT

Regards sur des terroristes : les Dissidents protestants
anglais et les Révolutionnaires français

Pendant tout le XVIIIe siècle, les symboles les plus marquants du radicalisme politique furent le régicide du XVIIe siècle Oliver Cromwell et les protestants non-conformistes, appelés « Dissidents », régulièrement représentés dans la caricature comme plébéiens, moralisateurs hypocrites et séditieux en puissance. Le soutien public apporté en 1789 par d’importants Dissidents anglais aux Révolutionnaires français poussa les caricaturistes à transformer les images traditionnelles des Dissidents originaires des classes inférieures en révolutionnaires plébéiens français. Il y eut là une évolution aboutissant en fin de compte au passage d’un monde politique orienté vers la religion à un monde où les différences de richesse et de statut social devenaient le souci premier. Si, au début, les Révolutionnaires français de 1789-90 gardèrent une certaine ressemblances avec les Dissidents, l’image des boutefeux sans-culotte devint le fondement de celle des radicaux anglais du XIXe, animés par une idéologie séculière.

Bilder von Terroristen : die englischen protestantischen
Dissidenten und die französischen Revolutionäre

Während des 18. Jahrhunderts waren die prägnantesten Symbole des politischen Radikalismus zum einen Oliver Cromwell, der Königsmörder des 17. Jahrhunderts, und zum anderen die protestantischen „Dissidenten“, die in Karikaturen systematisch als Plebejer, scheinheilige Moralprediger und potentielle Aufständische dargestellt wurden. Die öffentliche Unterstützung, die die französischen Revolutionäre 1789 von führenden englischen Dissidenten erfuhren, führte die Karikaturisten dazu, die herkömmlichen Darstellungen der sozial niedrig stehenden Dissidenten in Bilder plebejischer französischer Revolutionäre zu verwandeln, eine Entwicklung, die im Grunde einen Sprung von einer Welt, die sich in ihrer Politik nach der Religion ausrichtete, zu einer anderen Welt, in der finanzielle und soziale Unterschiede die wichtigsten Angelegenheiten wurden. Während die französischen Revolutionäre von 1789-1790 anfangs gewisse Ähnlichkeiten mit den Dissidenten hatten, wurde das Bild der aufrührerischen Sansculotten die Grundlage für die Darstellung der englischen Radikalen des 19. Jahrhunderts, die einer weltlichen Ideologie folgten.

Envisioning Terrorists: English Protestant
Dissenters and French Revolutionaries

Throughout the eighteenth century, the most potent symbols of political radicalism were the seventeenth-century regicide Oliver Cromwell and Protestant non-conformists, or “Dissenters” who were routinely depicted in caricature as plebeian, sanctimoniously hypocritical, and potentially seditious. Public support for French Revolutionaries by leading English Dissenters in 1789 led caricaturists to transform traditional images of lower-class Dissenters into plebeian French revolutionaries, a development that ultimately represented a leap from a religiously-oriented political world into one where differences in wealth and status became the primary focus. While similarities with the Dissenters initially tainted the French revolutionaries in 1789-90, the image of the firebrand sans-culotte formed a foundation for the image of nineteenth-century English radicals driven by secular ideology

Marina BUJOLI-MINETTI

Caricature et Religion sous George III

En cet « âge d’or » qu’est le règne de George III pour la caricature, les adversaires politiques s’affrontent par images interposées, valorisant leurs idées et dénigrant celles de leurs opposants en utilisant, parmi d’autres thèmes, la Religion. Par des termes choisis dans les titres, légendes, bulles et textes de leurs satires, et en représentant la Bible, les symboles chrétiens, le clergé, ses attributs, ses sacrements, ses Églises, la diversité des croyances et l’existence de mécréants, ainsi que la dualité du monde terrestre, entre Ciel et Enfers, les auteurs indiquent à celui qui contemple leur œuvre quel parti adopter. Bien qu’ils relèguent souvent les références religieuses en éléments annexes, la présence diffuse et multiforme de la Religion témoigne de sa force discursive indiscutable et traduit le degré d’imprégnation religieuse d’une société où le respect de la foi reste essentiel.

Karikatur und Religion unter George III

Die Regierungszeit von George III. war ein Goldenes Zeitalter für die Karikatur. Die politischen Gegner griffen sich bildlich an, betonten auf diesem Weg den Wert ihrer Ideen und machten die ihrer Gegner verächtlich. Sie bedienten sich dabei neben anderen Themen auch der Religion. Religiöse Begriffe in den Titeln, Legenden, Sprechblasen und Texten ihrer Bildsatiren sowie Darstellungen der Bibel, christlicher Symbole, des Klerus und seiner Attribute, der Sakramente, der Kirchen und der verschiedenen Glaubensrichtungen sowie der Tatsache, dass es Ungläubige gibt, aber auch Bilder der Dualität der irdischen Welt zwischen Himmel und Erde zeigen dem Betrachter ihrer Werke, wofür und für wen er Partei ergreifen soll. Auch wenn die religiösen Anspielungen oft in Nebenaspekten der Darstellung auftauchen, beweist die diffuse und vielgestaltige Präsenz der Religion, wie sehr diese über eine unbestreitbare diskursive Macht verfügte. Sie zeigt auch, wie sehr diese Gesellschaft von Religiosität durchdrungen war und den Glauben respektierte.

Caricature and religion under George III

The reign of George III coincided with a “golden age” of caricature, and political opponents waged battle by means of this kind of imagary, defending their own points of view and denigrating those of their opponents on various topics, including religion. Authors used carefully chosen satirical titles, headings, speech balloons and texts to discuss the bible, Christian symbols, the clergy, sacraments, the Church, diversity of beliefs including the existence of non-believers, as well as the duality of earthly existence between heaven and hell, all of which was meant to indicate to readers which side they should choose. Although they often relegated religious elements to a secondary status, their widespread and diverse presence demonstrated their indisputable discursive power, as well as the extent to which religion was integrated into a society where respect of the faith remained essential.

Stéphane LAMOTTE

L’affaire Girard-Cadière (1731) : la caricature d’un jésuite et de sa pénitente

Le Père Girard, jésuite, nommé recteur du Séminaire Royal de la Marine de Toulon en 1728, est accusé d’avoir séduit une de ses pénitentes, la jeune Catherine Cadière, en profitant de l’intimité de la confession. Ce qui aurait dû rester un simple fait divers devient rapidement objet de scandale, lors d’un retentissant procès au parlement d’Aix-en-Provence en 1731. Ce dernier suscite de nombreux écrits – factums, articles des Nouvelles ecclésiastiques, ou libelles – ainsi que des estampes qui témoignent de la passion et des perceptions de l’opinion publique. Cette affaire s’insère dans le contexte de la controverse entre les jansénistes et les jésuites qui bat son plein dans les années 1730, lors des événements convulsionnaires qui se déroulent sur la tombe du diacre Pâris. Les images satiriques et leurs légendes permettent de tourner en dérision les enjeux religieux de l’affaire, jouent sur le double sens des paroles du jésuite, qui puise dans l’argumentaire quiétiste pour justifier son appétit érotique et mettent en scène de façon parodique la lutte entre les deux partis. Sujet romanesque et théâtral, où les éléments de fiction s’ajoutent souvent aux faits réels, cette affaire Girard-Cadière est du « pain béni » pour une caricature qui ne cesse de s’entretenir jusqu’à nos jours dans des amplifications et déformations mémorielles, iconiques ou textuelles.

Die Affäre Girard-Cadière (1731):
die Karikatur eines Jesuiten und seines Beichtkindes

Der 1728 zum Rektor des Königlichen Marine-Seminars von Toulon ernannte Jesuitenpater Girard wurde beschuldigt, eines seiner Beichtkinder, die junge Catherine Cadière, unter Ausnutzung der intimen Beichtsituation verführt zu haben. Was eine unbedeutende Nachricht hätte bleiben sollen, wuchs sich 1731 im Kontext eines Aufsehen erregenden Prozesses vor dem „Parlement“ von Aix-enProvence rasch zum Skandal aus. ZahlreicheTexte – Streit- und Schmähschriften sowie Artikel in den Nouvelles ecclésiastiques – und grafische Darstellungen bezeugen die Leidenschaftlichkeit und die unterschiedlichen Wahrnehmungsweisen der öffentlichen Meinung. Zum Kontext dieser Affäre gehört die Auseinandersetzung zwischen Jansenisten und Jesuiten, die in den 1730er Jahren ihren Höhepunkt erreichte, im Zusammenhang mit den Ereignissen auf dem Grabmal des Diakons Pâris. Die Bildsatiren und ihre Legenden ziehen die religiösen Aspekte dieser Affäre ins Lächerliche. Sie spielen mit dem Doppelsinn der Worte des Jesuiten, der quietistische Argumentationen verwendet, um seine erotische Begehrlichkeit zu rechtfertigen, und sie setzen die Auseinandersetzung zwischen beiden Parteien parodistisch in Szene. Diese Affäre mit ihrem romanhaften bzw. wie fürs Theater geschaffenen Sujet und den fiktiven Elementen, die sich gern zu den Fakten gesellen, ist geradezu ein Segen für die Karikatur, die bis heute in Bild und Text von aufgeblähten oder verzerrten Erinnerungen lebt.

The Girard-Cadière affair (1731):
the caricature of a Jesuit and his female penitent

Father Girard, a Jesuit, appointed rector of the Royal Navy Seminary of Toulon in 1728, was charged with having seduced one of his penitents, young Catherine Cadière, by taking advantage of the secret of confession. What ought to have remained a trivial event soon turned into a scandal in the context of a sensational lawsuit at the Parliament of Aix-en-Provence in 1731. The case provoked a great deal of written pieces – lampoons, articles in Nouvelles ecclésiastiques, and various other satirical texts – as well as etchings, showing the commotion raised by the case, and the way it was perceived by the public. The affair took place during the controversy between Jansenists and Jesuits which developed in the 1730s on the subject of the convulsionary crises at the tomb of Deacon Pâris. The satirical images and their captions would deride the religious dimension of the case, playing on the double meaning of the Jesuit’s words, who resorted to quietism so as to vindicate his erotic appetite, and they also presented the struggle between the two parties in a parodical light. Both novelistic and dramatic, often mixing fictitious elements with real facts, the Girard-Cadière case was a godsend for a certain kind of caricature which has continued to this day, magnifying and distorting memories, images and texts.

Xavier VERT

Caricature et figura

Parmi les stupéfiantes caricatures dues au Bernin, il en est une qui représente un pape. L’analyse qu’en a donné l’historien de l’art Irving Lavin , pour remarquable qu’elle soit, ignore cependant le lien profond qui relie la « charge » aux enjeux dont le corps du vicaire du Christ est l’objet : rituels d’humiliation et de mortification accomplis lors du possesso, injures, violences obscènes et molestations perpétrées sur le cadavre du pape, constituent les événements majeurs auxquels se rapporterait le portrait-charge de Bernin, projetant la figure-dépouille d’un pape vivant. La ressemblance avilissante et grotesque ne saurait être qu’un moyen de critique sociale, replacée dans le contexte liturgique, rituel et prophétique, elle a aussi pour effet de rétablir le pape dans la conformité au Christ. Le portrait réalisé par Bernin condense figura et contre-figure bouffonne d’un pape.

Karikatur und figura

Unter den verblüffenden Karikaturen von der Hand Berninis befindet sich eine Papst-Karikatur. Der Kunsthistoriker Irving Lavin hat eine bemerkenswerte Interpretation dieser Zeichnung vorgelegt, dabei aber übersehen, wie sehr die “charge” (im etymologischen Sinn von charger bzw. caricare: beladen, belasten, übertreiben) mit dem Körper des Stellvertreters Christi und dessen Bedeutungen verbunden ist. Gemeint sind damit die Erniedrigungs- und Demütigungsrituale, die im Rahmen des possesso vollzogen werden. Die Beleidigungen, die obszönen Gewalthandlungen und Belästigungen, die am Leichnam des Papstes vorgenommen werden, sind wesentliche Vorgänge, auf die sich Berninis Porträtkarikatur beziehen dürfte, indem sie diese auf einen lebenden Papst sein Bild als Leichnam projiziert. Die erniedrigende und groteske Ähnlichkeit ist gewiss nicht nur ein Mittel der Sozialkritik, sondern sie bewirkt – wenn man sie in ihrem liturgischen, rituellen und prophetischen Kontext betrachtet – auch die Angleichung des Papstes an Christus, seine formale Ähnlichkeit (Kon-formität) mit ihm. Das Bernini-Porträt stellt ein Kondensat aus figura und komischer Anti-figura eines Papstes dar.

Caricature and figura

Of the many striking caricatures within Bernin’s corpus, one depicts a pope. The art historian Irving Lavin made a remarkable analysis of this work, but nevertheless neglected the deep relationship between the “loading” of the caricature and the bodily issues at stake for this servant of Christ. Humilation rituals, mortification taking place as part of the possesso, insults, obscene violence and molestation of the corpse of the pope are the major events to which Bernin’s caricature refers, whilst presenting the symbolic remains of a living pope. This degrading and grotesque rendering should be read as a social critique transposed into a liturgical, ritual and prophetic setting, whilst presenting the pope’s situation as analogous to that of Christ. Bernin’s portrait condenses the figura with the clown-like, counter-figure of the pope.

Michela LO FEUDO

Les religions révolutionnaires de 1848 entre caricature et récit excentrique.
Le cas des socialistes utopiques

Après la Révolution de 1789, le renouvellement des idéologies se traduit par toute une série de nouvelles croyances, sacrées et profanes, qui à travers ses papes, ses apôtres et ses martyrs, visent à la création d’un monde meilleur. Dans cet ensemble, le socialisme utopique – qui prend pied entre les années 1830 et 1840, grâce principalement aux doctrines de Charles Fourier et d’Étienne Cabet – joue un rôle non négligeable et atteint son paroxysme en 1848. Nous verrons que la caricature se gausse bientôt de cette nouvelle religion, ainsi que la littérature, avec le genre du récit excentrique, pratiqué notamment par l’historien de la caricature Jules Champfleury. Ce dernier considère le dessin satirique comme un instrument privilégié pour l’analyse des utopistes. La comparaison entre quelques caricatures portant sur ce sujet, toutes tirées de L’Illustration (1848 et 1849), et l’image littéraire qu’il en donne dans ses Excentriques, permettra de se demander si finalement la désacralisation de ces personnages, que les dessinateurs et l’auteur mettent en acte, ne trahit pas une crise plus générale des idéologies dans la France du milieu du XIXe siècle.

Revolutionsreligionen des Jahres 1848 zwischen Karikatur
und exzentrischer Erzählung am Beispiel der utopischen Sozialisten

Die Erneuerung der Ideologien nach der Revolution von 1789 drückt sich in einer ganzen Reihe neuer religiöser und weltlicher Glaubensbekenntnisse aus, die allesamt ihre Päpste, ihre Apostel und ihre Märtyrer haben und auf die Schaffung einer besseren Welt abzielen. Der utopische Sozialismus, der zwischen 1830 und 1840 vor allem dank der Lehren von Charles Fourier und Étienne Cabet erstarkt und 1848 auf seinem Höhepunkt angekommen ist, spielt in diesem Zusammenhang eine herausragende Rolle. Die Karikatur macht sich rasch über diese neue Religion lustig – ebenso wie die Literatur mit der Textsorte der „exzentrischen Erzählung“, wie sie insbesondere der Karikaturhistoriker Jules Champfleury praktizierte. Dieser sieht in der satirischen Zeichnung ein vorzügliches Instrument zur Analyse der Utopisten. Der Vergleich zwischen einigen Karikaturen zu diesem Thema einerseits und andererseits dem literarischen Bild, das er in seinem Werk Les) Excentriques liefert, wirft die Frage auf, ob die Desakralisierung dieser Persönlichkeiten durch Zeichner und Autor nicht letzten Endes Ausdruck einer weiter gehenden Krise der Ideologien im Frankreich der Mitte des 19. Jahrhunderts ist.

The revolutionary religions of 1848 between caricature and eccentric tale.
The case of utopian Socialists

After the Revolution of 1789, the renewal of ideologies brought about a whole series of sacred and profane new creeds, which had their own popes, apostles and martyrs and which looked forward to a better world. Among these, Utopian Socialism – which developed between the 1830s and 40s, mainly from the doctrines of Charles Fourier and Étienne Cabet – played an important role and reached its height in 1848. In this research we shall see that caricature and literature also made fun of this new religion through the genre of Eccentric Tale practised, as everybody knows, by the historian of caricature Jules Champfleury who considered the satirical work a privileged instrument to analyze the utopists. While we compare a number of caricatures on the subject, all of which are taken from L’Illustration (1848 and 1849) and their literary image as presented by Champfleury in Les Excentriques, we shall ask if the desecration of such characters by the cartoonists and the author reveals a more general crisis of ideologies in 1850s France

Vincent PETIT

L’anticléricalisme est un art. Le Retour de la conférence
par Courbet et commenté par Proudhon

Le tableau de Gustave Courbet, Retour de la conférence (1863) qui dépeint un groupe d’ecclésiastiques repus, avinés et hilares, causa un tel scandale qu’il fut interdit de Salon, qu’une partie de l’épiscopat en réclama la censure et qu’il fut acheté pour être détruit. Néanmoins, par les copies qui en ont été faites et les déclinaisons qu’elle a suscitées chez les caricaturistes anticléricaux, l’œuvre a connu une postérité certaine d’autant plus qu’elle a inspiré un compatriote et ami du peintre, Pierre-Joseph Proudhon. Plus qu’une lourde caricature, le philosophe y voit le manifeste d’un des plus importants courants de pensée politique de la France du XIXe siècle : l’anticléricalisme, et d’une conception de l’art, réaliste et global, au service de la cité.

Antiklerikalismus ist eine Kunst. Le Retour de la conférence :
von Courbet gemalt und von Prudhon kommentiert

Das Bild von Gustave Courbet, Retour de la conférence (1863), das eine Gruppe satter, angeheiterter und ausgelassener Geistlichen darstellt, verursachte einen solchen Skandal, dass es der Ausstellung verwiesen wurde, dass ein Teil der Bischöfe die Zensur forderte und dass es schliesslich gekauft wurde, um zerstört zu werden. Doch konnte das Werk durch zahlreiche Abbildungen und von antiklerikalen Zeichnern verfertigte Karikaturen der Nachwelt überliefert werden. Und es wurde um so bekannter, da es Pierre-Joseph Proudhon, einen Landsmann und Freund des Malers, inspirierte. Viel mehr als eine schwerfällige Parodie sieht der Philosoph darin das Manifest einer der wichtigsten politischen Ideologien des 19. Jahrhunderts in Frankreich: der Antiklerikalismus und eine realistische, ja sogar globale Auffassung der Kunst im Dienste der Gesellschaft.

Anticlericalism is an art. The Retour de la conférence
painted by Courbet and commentated by Proudhon

Gustave Courbet’s painting, Retour de la conférence (1863) which depicts a well fed group of drunken and mirthful priests, caused such a scandal upon its presentation that it was banned from the official exhibition, a large part of the episcopate called for its censure and it was purchased in order to be destroyed. However, thanks to contemporary reproductions of the painting and the various imitations produced by anticlerical caricaturists, the work was guaranteed to enjoy a lasting impact, especially since it was a source of inspiration for a fellow countryman and friend of the painter, Pierre-Joseph Proudhon. More than just a vulgar caricature, the philosopher saw in it the most major currents of thought in nineteenth century France : anticlericalism, and the conception of art as realistic and all-encompassing, and at the service of the society

Laurent BIHL

Adolphe Willette, de la haine du clergé à l’obsession de Dieu

Des gentils Pierrots aux tendres Colombines en passant par un antisémitisme virulent, nombreuses sont les étiquettes attachées à l’œuvre d’Adolphe Willette. Pourtant, on s’attache assez peu à évoquer son anticléricalisme, à moins de le réduire à la lutte contre le protestantisme, tant son combat avec les « Sociétés de vertu » fut âpre, en particulier face au sénateur Bérenger. Peut-être sa conversion tardive au catholicisme explique-t-elle aussi cette amnésie. C’est oublier un peu vite que Willette a travaillé à « L’Anticlérical » ou au « Canard Sauvage », sans parler de ses couvertures du « Courrier Français » ou de l’« Assiette au Beurre ». Willette permet d’étudier conjointement anticatholicisme et antiprotestantisme ainsi que le passage d’un activisme antireligieux (en particulier contre le Sacré Cœur) à une dévotion parfois suffisamment maladroite pour produire des œuvres pies peut-être encore plus subversives que ses premiers brûlots. Son obsession pour la représentation du Christ, très atypique, demeure un fil conducteur de son œuvre en la matière pour faire ressortir l’inhumanité et la corruption du clergé que Willette voyait organique et définitive.

Adolphe Willette, vom Hass gegen den Klerus bis zur Gottesbesessenheit

Das Werk Adolphe Willettes ist mit einer Vielzahl von Etiketten versehen worden, die von netten Pierrots bis hin zu zarten Kolombinen reichten, von einem heftigen Antisemitismus begleitet. Doch gibt man sich wenig Mühe, auf seinen Antiklerikalismus zu verweisen – und man reduzierte diesen zumeist auf sein Ringen gegen den Protestantismus, obwohl sein Kampf gegen die „Moralanstalten“ und besonders gegenüber Senator Bérenger außerordentlich bitter war. Vielleicht erklärt sich diese Vernachlässigung mit seinem späten Übertritt zum Katholizismus, doch heißt das, zu schnell vergessen, dass Willette für „L’Anticlérical“ oder den „Canard sauvage“ gearbeitet hat und auch Titelseiten für den „Courrier Français“ oder die „Assiette au Beurre“ gezeichnet hat. An Willette lassen sich jedoch zugleich Antikatholizismus und Antiprotestantismus untersuchen, wie auch der Übergang von einem antireligiösen Aktivismus, der sich insbesondere gegen Sacré Cœur richtet, zu tiefer Frömmigkeit. Diese drückt er freilich so ungeschickt aus, dass dadurch fromme Werke erzeugt werden, die vielleicht noch subversiver sind als seine ersten Schriften. Seine sehr atypische Besessenheit für Christusdarstellungen bleibt in diesem Sinne ein Leitfaden seines Werks, um die Unmenschlichkeit und die Korruption des Klerus bloßzustellen, die Willette für organisch und unabänderlich hielt.

Adolphe Willette: from his hatred for the clercy to his obsession with God

Numerous labels have been attached to Adolphe Willettes’s works, from the kind Pierrots to the tender Colombines, to a virulent anti-Semitism. However his anticlercalism is rarely evoked, unless it is reducted to the struggle against Protestantism and his harsh fight with the “Sociétés de vertu”, and particulary against senator Bérenger. His late conversion to Catholicism may also explain this amnesia. But it should be remembered that Willette worked for “the Anticlerical” and the “Canard saunvage”, as well producing covers for the “Courrier français” and the “Assiette au beurre”. In the context of Willette one can see both anti-Catholicism and anti-Protestantism, as well as the passage from antireligious activism (particulary against the Sacré Cœur) to devotion that was sometimes clumsy enough to result in pious works that were perhaps even more subversive than his first. red-hot ones. His obsession with a very atypical representaion of Christ remains the main theme of his work on the subject, whereby he highlighted the clergy’s inhumanity and corruption, which Willette regarded as organic and permanent.

Nicolas PADIOU

Caricature et religion en France et en Allemagne
pendant la Première Guerre mondiale

Pendant la Première Guerre mondiale, les caricaturistes ont largement contribué à l’effort de guerre. Les dessinateurs alliés ont souvent fait appel à des thèmes religieux pour marquer l’écart entre leur pays et l’Allemagne : les soldats de Guillaume II furent fréquemment représentés comme des profanateurs d’églises et des barbares sacrilèges. L’Union sacrée s’était traduite, en France, par un apaisement des tensions religieuses qui a essentiellement profité au catholicisme. En examinant de plus près certaines caricatures, on s’aperçoit cependant que l’anti-germanisme n’a pas empêché certains dessinateurs de recourir à des thèmes d’avant-guerre. L’anti-protestantisme et l’anticléricalisme typiques de la Belle Epoque n’ont pas complètement disparu mais furent retournés contre l’ennemi allemand.

Karikatur und Religion in Frankreich und Deutschland
während des Ersten Weltkriegs

Während des Ersten Weltkriegs haben die Karikaturisten weitgehend zu den Krieganstrengungen beigetragen. Die alliierten Zeichner haben oft religiöse Themen bemüht, um den Unterschied zwischen ihrem Land und Deutschland zu verdeutlichen: Die Soldaten Wilhelms II. wurden vielfach als Kirchenschänder und gottlose Barbaren dargestellt. Die totale Mobilmachung auch im Innern des Landes hat in Frankreich eine Abschwächung der religiösen Spannungen bewirkt, die hauptsächlich dem Katholizismus zugute kam. Betrachtet man bestimmte Karikaturen genauer, so bemerkt man jedoch, dass die anti-deutsche Haltung einige Zeichner nicht davon abgehalten hat, auf Themen der Vorkriegszeit zurückzugreifen. Die typische anti-protestantische und antiklerikale Einstellung der Belle Epoque ist nicht vollständig verschwunden, sondern wurde gegen den deutschen Feind eingesetzt.

Caricature and Religion in France and Germany in the First World War

Caricaturists strongly contributed to the war effort during the First World War. Artists from the allied forces often used religious themes to show how different their nation was from Germany. Wilhem II’s soldiers were often represented as churches defilers and unholy barbarians. In France, the Sacred Union had a calming effect on religious tensions in a manner that mostly benefited Catholicism. When looking more closely at some caricatures, one realises that anti-German feeling prompted some artists to use pre-war themes. Anti-protestant feelings and anti-clericalism that had been typical of the Belle Epoque did not completely disappear, but were instead redirected against the German enemy.

Bruno DE PERTHUIS

Images des dieux et des religions dans la caricature de la Grande Guerre

En 1914, si la guerre est totale sur le terrain, elle l’est aussi par l’image dans laquelle on mobilise toutes les forces spirituelles contre l’ennemi. Les attaques sont d’autant plus violentes dans la caricature des Alliés que Guillaume prétend se battre au nom de Dieu, et que le calife Mehmed V déclare le djihad contre les pays de l’Entente. De toute évidence, par transfert, les clichés très négatifs antiallemands aggravés par le bombardement de la cathédrale de Reims, contaminent l’image que l’on attribue aux religions et aux Dieux ennemis dont l’Islam, Allah et Mahomet. En ce qui concerne le Dieu des chrétiens, son image vole en éclats. Les caricaturistes opposent alors l’image de leur Dieu à celui de l’adversaire dont la religion est synonyme de barbarie.

Götter und Religionen in der Karikatur des Ersten Weltkriegs

Wenn 1914 der Krieg im Feld ein totaler ist, so ist er es auch durch die Bilder, in denen alle geistigen Kräfte gegen den Feind mobilisiert werden. Die Angriffe sind in den Karikaturen der Aliierten umso heftiger, als Wilhelm II. vorgibt, im Namen Gottes zu kämpfen, und Kalif Mehmed V. den Glaubenskrieg gegen die Länder der Entente erklärt. Offensichtlich wird das Bild der feindlichen Religionen und Götter, des Islams, Allahs und Mohammeds durch die sehr negativen, nach der Bombardierung der Kathedrale von Reims noch verschärften anti-deutschen Klischees beeinflusst. Was den Gott der Christen betrifft, so zerbricht sein Bild in tausend Stücke. Die Karikaturisten stellen die Darstellung ihres Gottes dem Gott des Gegners gegenüber, dessen Religion Synonym für Barbarei ist.

Images of gods and religion in caricature during the Great War

Just as war waged fiercely on the battlefields of 1914, it was the same in the field of images, in the context of which all symbolic and spiritual forces were gathered to defeat the enemy. Caricature on the allied forces’s side was all the fiercer owing to the fact that Wilhelm claimed to be fighting in the name of God, with Calif Mehmed V formally declaring Jihad against the Entente powers. Obviously, the very negative anti-German clichés which were even more widely spread after the bombing of Reims Cathedral contaminating the image of enemy religions and Gods such as Islam, Allah and Mahomet. Even the image of the Christian God collapsed. Caricaturists tended to oppose representations of their God to the enemy’s, whose religion was always synonymous with barbarity.

Anne MORELLI

La caricature anticléricale en Belgique au XIXe siècle

L’étude de la caricature anticléricale en Belgique en XIXe siècle permet d’analyser des procédés de déconstruction tels que l’abaissement d’un personnage idéalisé en lui attribuant des préoccupations triviales, la déformation physique comme symptôme d’un vice moral, la déshumanisation de l’adversaire en lui attribuant une apparence bestiale.
L’ajout de menus détails prosaïques peut déconstruire tout le caractère sacré d’une représentation et l’effet comique peut être aussi atteint par un décalage entre un dessin et sa légende.
Au XIXe siècle la virulence des caricatures anticléricales ne connaît pas de limites en Belgique et il y est, bien davantage qu’aujourd’hui, possible et courant de rire des convictions religieuses.

Antiklerikale Karikatur in Belgien (19. Jahrhundert)

Die Untersuchung der antiklerikalen Karikatur im Belgien des 19. Jahrhuderts gestattet eine Analyse von Darstellungsverfahren wie etwa die Herabsetzung einer idealisierten Figur dadurch, dass man ihr niedrige Absichten unterstellt oder sie verzerrt darstellt, um so moralisches Fehlverhalten visuell umzusetzen. Hierher gehört auch die Entmenschung des Gegners durch Zuschreibung eines bestialischen Äußeren. Der religiöse Aspekt einer Darstellung kann auch durch Zugabe prosaischer Details dekonstruiert werden, ein komischer Effekt kann aus dem Widerspruch zwischen Zeichnung und Legende entstehen.
Im 19. Jahrhundert waren die antiklerikalen Karikaturen in Belgien von grenzenloser Virulenz und es war weit eher als heute möglich und üblich, religiöse Überzeugungen zu verlachen.

Anticlerical caricature in Belgium in the 19th century

The study of anticlerical caricature in 19th century Belgium reveals the existence of various deconstructive techiques, such as the denigration of an idealised figure through presenting him as having crude preoccupations, the use of physical deformation to serve as a symptom of moral vice, and the dehumanisation of an enemy through the animalisation of his appearance. The addition of tiny prosaic details enable the deconstruction of the entire sacredness of a representation, and comic effect can be obtained through the incongruity existing between a sketch and its heading.
In 19th century Belgium, the virulence of anticlerical caricature knew no limits and, to a far greater extent than nowadays, it was possible and common to deride religious convictions.

Hélène MACHINAL

Et Adam devint singe : figuration de l’origine dans les caricatures de Punch dans la seconde moitié du XIXe siècle

L’objet de cette étude est de se pencher sur les représentations et figurations de l’homme originel suite à la révolution darwinienne dans les caricatures de Punch or the London Charivari au cours de la seconde moitié du XIXe siècle en Grande-Bretagne. L’image iconique d’Adam et Eve telle que des siècles de dogme l’ont véhiculée se trouve soudainement remise en cause et les caricatures en question introduisent une scandaleuse proximité entre l’homme bourgeois victorien et le primate originaire. Ces caricatures sont révélatrices car elles participent d’un phénomène social et ontologique beaucoup plus profond qui s’illustre dans la société de l’époque par la création d’une notion issue de l’inconscient collectif et contre laquelle les scientifiques de l’époque s’élevèrent, celle du chaînon manquant. Elles mettent en image la tension entre fascination et répulsion qu’engendre l’image d’une origine simiesque de l’être humain. Elles figurent par ailleurs la crise ontologique qu’introduisit la révolution darwinienne et sont symptomatiques des questionnements qui alimentèrent les hantises de la fin du XIXe siècle (dégénérescence, stigmatisation de toute forme d’altérité ou de déviance).

Und aus Adam wurde ein Affe: zur bildlichen Darstellung unserer Abstammungsgeschichte in Punch-Karikaturen aus der zweiten Hälfte des 19. Jahrhunderts

Der vorliegende Beitrag befasst sich mit der Darstellung des Urmenschen im Anschluss an die Darwin’sche Revolution. Seine Grundlage bildet eine Auswahl von Karikaturen aus dem Punch or the London Charivari. Das herkömmliche Bild von Adam und Eva, das jahrhundertelang von einer dogmatischen Ikonographie übermittelt wurde, sieht sich plötzlich in Frage gestellt. Das hier zu Grunde gelegte Karikaturen-Korpus stellt eine skandalöse Ähnlichkeit zwischen den Menschen der Viktorianischen Epoche und ihren affenähnlichen Vorfahren her. Diese Zeichnungen sind visueller Ausdruck einer sozialen und ontologischen Krise, die zur Schaffung eines neuen Begriffs führte, nämlich dem des “missing link”. Sie machen die Spannung zwischen Faszination und heftiger Ablehnung deutlich, die die nahe Verwandtschaft eines heutigen Menschen mit einem Ur-Affen hervorrief. Sie können als soziale und kulturelle Symptome der tief sitzenden Ängste des fin de siècle gelten, wie die Angst vor Frauen oder vor dem Niedergang der Rasse. In viel allgemeinerer Weise spiegelt sich in ihnen die für die Epoche charakteristische Stigmatisierung der Alterität, des Andersseins.

And Adam Became an Ape : Representations of the Origin
in Punch during the Second Half of the 19th Century

This article focuses on the modes of representation of the first man following the darwinian revolution as seen in a selection of caricatures taken from Punch or the London Charivari. The traditional image of Adam and Eve as transmitted through centuries of dogmatic iconography was suddenly questioned and the selection of caricatures proposed in this study put forward a scandalous proximity between the Victorians and their archaic ape-like ancestors. These drawings illustrate a social and ontological crisis which triggered the invention of a new concept completely unrelated to the scientific point of view, that of the missing link. These reveal the tension between fascination and repulsion engendered by such proximity between the original apes and contemporary human beinsg. They can be considered as social and cultural symptoms of the fin de siècle deep and haunting fears concerning women, the degeneration of the race, and they are more generally in keeping with the stigmatization of alterity which characterizes the period.

Laurence DANGUY

Rhétorique anticléricale et enjeux sacraux autour d’une caricature de Jugend

Dans le second semestre de l’année 1897, la revue illustrée Jugend publie une caricature offrant une visibilité exemplaire sur le lien qui se tisse dans Jugend entre politique, art et sacré. Alors que la charge contre les Löwenstein apparaît au premier regard comme une mise en scène du conflit qui oppose dans l’actualité Jugend au clergé et à ses ramifications politiques, l’analyse des différents procédés rhétoriques et iconographiques révèle bien d’autres enjeux. Construction typologique, diabolisation de l’ennemi, agrégation de symboles dévalorisants, hypericonicité rubénienne et transferts de sacralité font se déplacer un discours politique et anticlérical vers une entreprise d’auto-sacralisation. Le Löwenstein, jadis et à présent par Arpad Schmidhammer permet de comprendre que la fonction ultime de l’anticléricalisme de Jugend est d’autoriser des transferts de sacralité au profit d’un verbe polémique et d’une nouvelle esthétique.

Antiklerikale Rhetorik und sakraler Hintergrund
einer Karikatur der „Jugend“

In der zweiten Hälfte des Jahres 1897 veröffentlicht die illustrierte Zeitschrift Jugend eine Karikatur, die eine exemplarische Sicht auf die in der Jugend gesponnene Verbindung zwischen Politik, Kunst und Heiligem erlaubt. Während der Angriff auf die Löwensteiner auf den ersten Blick als eine Inszenierung des in der Gegenwart bestehenden Konfliktes zwischen der Jugend und dem Klerus und seinen politischen Verästelungen erscheint, eröffnet die Analyse des rhetorischen und ikonographischen Vorgehens, dass viel mehr auf dem Spiel steht. Die typologische Konstruktion, die Diabolisierung des Feindes, die Ansammlung von entwertenden Symbolen und die Rubens-Hyperikonizität lassen einen politischen und antiklerikalen Diskurs sich verschieben zu einem Vorhaben der Selbstsakralisierung. Der Löwensteiner einst und jetzt von Arpad Schmidhammer lässt verstehen, dass die ultimative Funktion des Antiklerikalismus der Jugend darin besteht, Übertragungen des Sakralen zu erlauben, zugunsten einer polemischen Sprache und einer neuen Ästhetik.

Anticlerical rhetoric and the politics of the sacred in the caricature of Jugend

In the second semester of 1897, the illustrated review Jugend published a caricature which made clear in an exemplary fashion the links forged in Jugend between politics, art and the sacred. Whilst the charge against the Löwensteins might seem at first glance to be an enactment of the conflict in the news pitching Jugend against the clergy and its political ramifications, if one examines the different rhetorical and iconographic techniques used, there prove to have been far different issues at stake. Typological construction, diabolisation of the enemy, an aggregation of downgrading symbols, rubenian hypericonicity and transmission of the sacred serve to shift its political and anticlerical discourse to a work of self-sacralisation. Le Löwenstein, jadis et à présent by Arpad Schmihammer makes understood that the ultimate role of Jugend’s anticlericalism is to authorise the transmission of the sacred for the benefit of a polemical vocabulary and a new aesthetic.

Vanja STRUKELJ

Anticléricalisme et satire dans l’Italie du XIXe siècle :
circulation des modèles et sources iconographiques dans Il Fischietto

Dans le cadre de la production satirique du « Risorgimento » italien, le cas du journal turinois « Il Fischietto » permet de suivre une violente bataille anticléricale qui se présente comme une constante parodie jouant à la fois des textes et des images, dans lesquels les références à la liturgie et aux sources sacrées sont presque obsédantes. L’analyse des dessins de son collaborateur Francesco Redenti permettra de mettre en lumière un moment initial d’élaboration d’un langage parodique satirique, qu’il doit certainement à des modèles français, avec de nombreuses références précises d’après Daumier et Grandville, mais est encore fortement lié à un patrimoine académique, à une tradition iconographique dans laquelle la peinture d’histoire et en particulier la peinture sacrée finissent par constituer la base prééminente du jeu de la parodie.

Antiklerikalismus und Satire in Italien im 19. Jahrhundert:
ikonographische Vorlagen und Quellen in Il Fischietto

In Il Fischietto, einer Turiner Zeitung aus der Zeit des „Risorgimento“, lässt sich eine heftige antiklerikale Auseinandersetzung verfolgen. Diese stellt sich als eine fortlaufende Parodie dar, die sich sowohl auf Texte als auch auf Bilder bezieht – wobei eine fast obsessive Bezugnahme auf Liturgie und religiöse Quellen festzustellen ist. Anhand der Analyse der Zeichnungen des Fischietto-Mitarbeiters Francesco Redenti lassen sich die Anfänge der Herausbildung einer parodistischen Satiresprache verfolgen, die sicherlich viel französischen Vorbildern verdankt. Es lassen sich zahlreiche direkte Bezugnahmen auf Daumier und Grandville nachweisen – und doch ist diese Sprache noch einem bestimmten akademischen Erbe verpflichtet, einer ikonographischen Tradition, in der die Historienmalerei und vor allem die religiöse Malerei am Ende die wichtigste Grundlage für das parodistische Spiel liefern.

Anticlericalism and satire in 19th century Italy:
the circulation of models and iconographic sources in Il Fischietto

In the context of the satirical production of the Italian “Risorgimento”, the newspaper “Il Fischietto” offered the spectacle of a violent anticlerical battle which took the form of a constant parody based on texts and images, in which almost obsessive references are made to the liturgy and to sacred sources. Analysis of the sketches of its collaborator Francesco Rendenti brings to light an initial phase where a satirical and parodical language was created, which he certainly derived from French influences, with many precise references being made to Daumier and Grandville, with an even stronger link to an academic patrimony, an iconographic history in which the history of painting, and especially sacred painting, came to constitute the major basis for the game of parody.

Francesca ZANELLA

I santi et la guerra: metafore religiose e guerra
nelle pagine di Numero (Torino 1914- 1922)

La rivista torinese Numero (1914-1922) è stata assunta come campione di indagine come base di partenza di una verifica della esistenza di una specificità italiana nell’ambito della satira clericale e religiosa. Partendo da una ipotesi critica che individua nel periodico torinese un modello dei giornali di trincea, ed analizzando la rivista all’interno del sistema editoriale e dei vari livelli di racconto della guerra, si rintraccia proprio nella satira religiosa, ricorrente e articolata, uno degli strumenti per un racconto mediato della guerra.

Les saints et la guerre : métaphores religieuses et guerre
dans les pages du Numero (Turin 1914-1922)

La spécificité de la revue turinoise Numero (1914-1922) ressort clairement à l’issue d’une étude visant à mettre en valeur l’existence ou non d’une spécificité italienne dans le domaine de la satire cléricale et religieuse.
Cette analyse présente la revue comme un modèle du journal de tranchée. En l’analysant au coeur du système éditorial global et en tenant compte des divers degrés d’écriture du récit de guerre, elle nous montre la satire religieuse, dans ses aspects récurrents et articulés, comme un instrument médiateur du récit de guerre.

Die Heiligen und der Krieg : religiöse Metaphern und Krieg
auf den Seiten des Numero (Turin 1914-1922)

Durch die vorliegende Untersuchung soll das Spezifische der Turiner Zeitschrift Numero (1914-1922) aufgezeigt werden. Dabei geht es um die Frage, ob sich im Bereich der klerikalen und religiösen Satire eine typisch italienische Form herausgebildet hat.
Die Zeitschrift erweist sich als ein Modell der Schützengrabenzeitung. Sie wird im Zusammenhang mit dem gesamten Zeitungswesen und unter Einbeziehng der verschiedenen Formen von Kriegserklärungen untersucht. So entpuppt sich die religiöse Satire – in ihren charakteristischen und sich wiederholenden Aspekten – als ein Instrument der Propaganda.

Paolo MORETTI

La satira anticlericale in Italia nel secondo Dopoguerra

La satira italiana dopo la battaglia tra clericali e anticlericali nell’Ottocento vive un periodo di grande vivacità nell’immediato secondo dopoguerra.
L’euforia per la ritrovata libertà dopo il fascismo e la guerra e il piacere di potersi esprimere sui giornali senza condizionamenti favoriscono la nascita di molti giornali satirici, soprattutto a Roma.
Vengono ricordati, in particolare, tra i giornali anticlericali “Don Basilio”,”Il mercante” “Il pollo” e tra i giornali clericali “Rabarbaro” e “L’on.Palmillo”.
Questo scontro è tanto violento quanto di beve durata: all’inizio degli anni 50 la situazione politica si normalizza e i giornali satirici clericali ed anticlericali scompaiono.

La satire anticléricale en Italie durant le deuxième après-guerre

Après la bataille entre cléricaux et anticléricaux du XIXe siècle, la satire italienne connaît de nouveau une période très vive de tension après la Seconde Guerre mondiale.
L’euphorie pour la liberte retrouvée dès la fin du regime fasciste et de la guerre et le plaisir de pouvoir s’exprimer dans les journaux sans contraintes favorisent la naissance de nombreux journaux satiriques, surtout à Rome.
Dans l’article sont mentionnés parmi les journaux anticléricaux tout particulièrement « Don Basilio », « Il mercante » et « Il pollo » et parmi les journaux cléricaux « Rabarbaro » et « L’on.Palmillo ».
Ce conflit est aussi violent que de brève durée : au debut des années cinquante, la situation politique se normalise et les journaux satiriques disparaissent.

Die antiklerikale Satire in Italien in der Zeit nach dem Zweiten Weltkrieg

Nach den Kämpfen zwischen Klerikalen und Antiklerikalen des 19. Jahrhunderts erlebt die italienische Satire erneut eine Zeit äußerst lebhafter Spannungen in der unmittelbaren Zeit nach dem Zweiten Weltkrieg.
Die Euphorie über die wiedergefundene Freiheit am Ende des faschistischen Regimes nach dem Krieg und die Freude darüber, sich wieder ohne Zwang in den Zeitungen ausdrücken zu können, förderte das Entstehen zahlreicher satirischer Zeitungen, vor allem in Rom.
Im vorliegenden Artikel werden von den antiklerikalen Zeitungen ganz besonders „Don Basilio“, „Il mercante“ und „Il pollo“ erwähnt und von den klerikalen Zeitschriften „Rabarbaro“ und „L’on.Palmillo“.
Der Konflikt ist ebenso heftig wie von kurzer Dauer: Anfang der fünfziger Jahre normalisiert sich die politische Situation und die satirischen Zeitungen verschwinden.

Anticlerial satire in the second post-war period

After the battle between clerics and anticlerics of the 19th century, Italian satire once again experienced a very strong perod of tension in the immediate post-war period. The euphorial of liberation after the end of the fascist regime and the war, and the pleasure of being able to express oneself in free newspapers encouraged the birth of numerous satirical newspapers, particularly in Rome.
In this article, particular mention is made to the anticlerical publications “Don Basilio”, “Il mercante” and “Il pollo”, and amongst the clerical publications “Rabarbaro” and “L’on Palmillo.”
The conflict was as violent as it was short-lived: at the beginning of the 1950s, the political situation returned to normalcy and the satirical newspapers disappeared.

Louis GABAUDE

La caricature religieuse apologétique dans le bouddhisme contemporain en Thaïlande

En Occident, la caricature de la religion est généralement comprise comme étant antireligieuse. En Thaïlande pourtant, émerge une caricature du bouddhisme qui est produite par des bouddhistes pour dénoncer les déviations du bouddhisme contemporain au nom de la pureté du bouddhisme ancien. Elle utilise la satire du présent pour faire l’apologie de la « vraie » tradition.

Die apologetische religiöse Karikatur im heutigen Buddhismus in Thailand

Im Westen werden Karikaturen über Religion normalerweise als antireligiös aufgefasst. In Thailand gibt es jedoch Karikaturen, die von Buddhisten angefertigt werden, um Abweichungen im zeitgenössischen thailändischen Buddhismus im Namen des ‚reinen‘ ursprünglichen Buddhismus anzuprangern. Diese Karikaturen werden als Mittel der Satire auf die gegenwärtige Situation angewendet, um die ‘wahre’ buddhistische Tradition zu rechtfertigen.

Vindicatory caricature in contemporary Buddhism in Thailand

In the West, cartoons poking fun at religion are usually understood as anti-religious. In Thailand, however, cartoons concerning Buddhism are done by Buddhists denouncing contemporary deviations from traditional Thai Buddhism, in the name of the purity of “original” Buddhism. They satirize the present in defense of tradition.

Atsushi YAMANASHI

Georges Bigot et les caricatures anticléricales sur la Société de Marie au Japon

Georges Bigot (1860-1927) est un peintre caricaturiste français du Japon de l’ère Meiji. Il séjourne au Japon de 1882 à 1899. Dans ses revues satiriques, Bigot prend comme cible les prêtres français catholiques au Japon. En octobre 1888, dans sa revue Tôbaé, il s’attaque aux marianistes qui sont arrivés au Japon pour fonder leurs écoles à la demande de la Société des Missions Etrangères de Paris. A notre connaissance, c’est sa première attaque contre l’Eglise catholique. Elle contient deux feuilles de caricatures sur la Société de Marie, l’une représente l’arrivée des marianistes au Japon et l’autre représente leur école à Tôkyô, l’Ecole de l’Etoile du Matin. Notre étude s’interroge sur les motivations, les différents éléments des caricatures, et l’accueil par les lecteurs.

Georges Bigot und die antiklerikalen Karikaturen zur Société de Marie in Japan

Georges Bigot (1860-1927) ist ein französischer Maler und Karikaturist der Meiji-Epoche in Japan. Er hat sich von 1882 bis 1899 in Japan aufgehalten. In seinen satirischen Zeitschriften nimmt Bigot die französischen katholischen Priester in Japan aufs Korn. Im Oktober 1888 nimmt er sich in der Zeitschrift Tôbaé die Marianisten vor, die im Auftrag der “Société des Missions Étrangères de Paris” (“Pariser Gesellschaft für Auslandsmission”) nach Japan gegangen sind, um dort Missionsschulen zu gründen. Dies ist unseres Wissens sein erster Angriff auf die katholische Kirche. Er umfasst zwei Blätter mit Karikaturen zur „Société de Marie“ (Marien-Gesellschaft). Das eine befasst sich mit der Ankunft der Marianisten in Japan und das andere stellt ihre Schule in Tôkyô dar, die „École de l’Etoile du Matin“ („Schule des Morgensterns“). Unsere Untersuchung bezieht sich auf Motivationen, einzelne Elemente der Zeichnungen und die Rezeption.

Georges Bigot and anticlerical satire on the Société de Marie in Japan

Georges Bigot (1890-1927) was a French painter and who produced caricatures of Japan under the Meiji dynasty. He stayed in Japan from 1882 to 1899. In his satirical reviews, Bigo targeted French catholic priests in Japan. In October 1888, in his periodical Tôbaé, he attacked the marianistes who had come to Japan to found schools at the request of the Paris Foreign Missionary Society. As far as we know, this was his first attack on the Catholic Church. It containst two sheets of caricatures on the Société de Marie, one representing the arrival of the Marianistes in Japan and the other depicting their school in Tokyo, the Ecole de l’Etoile du Matin. Our study will consider the motivation for the caricatures, their various elements and the nature of readership reception of the caricatures.

Yue YUE

Le portrait humoristique du moine bouddhiste Ji Gong,
représentatif de l’histoire de l’iconographie religieuse en Chine

Ji Gong济公 (Li Xiuyuan 1138 ?-1209) est un moine bouddhiste chinois. Sa vie inspire les légendes populaires. On trouve des portraits humoristiques de ce moine célèbre. Ces portraits caricaturent ce personnage atypique, mais d’une façon respectable et humaine. En effet, le grotesque ou l’exagération, la déformation du corps ou du visage en sont absents. La figure humoristique ou caricaturale religieuse chinoise n’obéit pas aux mêmes critères qu’en Occident. Les portraits de Ji Gong reflètent « l’art du trait » chinois dans la représentation de la figure religieuse. Depuis l’arrivée du bouddhisme, les Chinois ne cessent de siniser les figures du Bouddha. L’art du trait chinois non seulement adoucit les figures religieuses au sens spirituel, mais aussi en humanise les représentations.

The humorous portrait of the Buddhist monk Ji Gong,
as representative of the history of Chinese religious iconography

Ji Gong济公 (Li Xiuyuan 1138 ?-1209) was a Chinese buddhist monk. His life has inspired popular legends and a number of humorous portraits can be found of this well-known monk. However these caricatures are unusual in showing human respect, avoiding grotesque andexaggerating features, as well as bodily or facial distortions. Chinese religious caricatures and humorous figures do not work according to the same patterns as those used in the Western world. The portraits of Ji Gong belong to the Chinese technique of ‘outline drawing’ used in religious representations. Since the early years of Buddhism, the Chinese have always given a Chinese touch to their representations of the Buddha. Not only does the Chinese technique of ‘outline drawing’ enable to soften the spiritual meaning of the religious representations, but it also allows to highlight the humanity in them.

佛教徒济公的幽默肖像画:中国宗教肖像画的一个典型

济公是一个有名的佛教徒。他的生平事迹不仅在民间广为传颂,也可见到为他所绘的幽默肖像。尽管是幽默画像,但是作者们依尊重人性为前提。因此在济公的肖像中没有丝毫对身体和面部的夸张或歪曲。中国宗教幽默画不同于西方有关宗教的漫画。济公幽默肖像承袭了中国介绍宗教的传统的“线条艺术”。自从佛教进入中国,人们习惯于ˬ调在艺术表现上使佛教人物“中国化”。中国的“线条艺术”在对佛教的介绍中,不仅使佛教人物的画像的线条圆润,而且赋予人性的意义。

Alain DELIGNE

Les caricatures de Mahomet : texte, image, émotion.
Ou : un éclairage dérangeant

Vu la très forte charge émotive des images, ont fait problème dans l’Affaire dite des caricatures de Mahomet plus leur simple republication ou leur manipulation effective que leur publication d’origine. Je voudrais donc m’attacher à ce phénomène d’émotionalisation. Mon exposé présuppose la distinction entre « image » et « emploi d’image » ainsi que celle entre « texte » et « emploi de texte ». Mais comme le réemploi a consisté aussi bien dans la verbalisation d’images que dans l’iconisation de textes, il me faudra procéder également à un examen respectif du texte et de l’image dans leur rapport avec l’émotion produite. Je me pencherai donc tout autant sur ces phénomènes que sur celui de la fabrique, de la contemplation ou de l’interprétation des images, un peu dans l’esprit d’une pragmatique qui porte son intérêt aux relations entre les images et leurs utilisateurs. C’est ce que j’aimerais montrer principalement sur l’exemple de la caricature qui a fait le plus parler d’elle, celle de Mahomet au turban explosif du Danois Kurt Westergaard, et que de l’avis général on a trouvée assez médiocre : point qui, après une étude comparative de plusieurs satires du même ordre et l’exploitation de nouvelles sources, méritera rectification.

Die Mohammed – Karikaturen: Texte, Bilder und Emotionen.
Oder: eine ärgerliche Interpretation

Was eigentlich im Streit über die Karikaturen des Propheten Mohammed zu einer Quelle des Ärgernisses wurde, ist eher ihre Wiederveröffentlichung, bzw. Manipulation als ihre ursprüngliche Publikation, denn gerade dies führte zu einer Emotionalisierung der Debatte. Methodisch setze ich den Unterschied zwischen „Bild“ und „Bildverwendung“ sowie zwischen „Text“ und „Textverwendung“ voraus. Da aber diese Art von Reprisen sowohl in der Verbalisierung von Bildern als auch in der Ikonisierung von Texten bestand, muss ich jeweils die funktionelle Text-Bildrelation zur ausgelösten Emotion untersuchen. Diesem Phänomen wie auch der Herstellung, Betrachtung und Interpretation solcher Bilder möchte ich meine Aufmerksamkeit schenken, und zwar im Sinne einer Pragmatik, die sich für die Beziehung zwischen Zeichen und Zeichenbenutzern interessiert. Dies möchte ich anhand der sicherlich umstrittensten Karikatur der 12er Serie, der von Kurt Westergaard, die Mohammeds Turban als Bombe mit brennender Zündschnur zeigt, veranschaulichen. Erst eine vergleichende Bildanalyse sowie die Erkundung neuer Quellen ermöglicht die richtige Interpretation dieses Bildes, das sicher nicht so mittelmäßig ist, wie allgemein behauptet wurde.

The Mohamed caricatures: text, image, emotion. Or: a disturbing perspective

Given the deep emotive charge of the images, what caused a problem during the Mohamed caricature affair was mostly their simple republication or their use as emotional manipulation rather than their publication of origin. I would therefore like to examine this phenomenon of emotionalisation. My analysis presupposes the distinction between the “image” and “use of image”, as well as between the “text” and “use of text”. But as the redeployment also took place through the verbalization of the images and the iconisation of the texts, it will also be necessary to examine both the text and the image in relation to the emotion produced. I will also consider aspects such as the production, contemplation and the interpretation of the images, in a pragmatic spirit addressing the relationships between the images and those who make use of them. This is what I would like to principally show in relation to the most remarked upon caricature, that of Mohamed with an explosive turban by the Danish cartoonist Kurt Westerdaard, which general opinion found to be rather mediocre: a point which, subsequent to a comparative analysis of several similar types of satire and the exploration of new sources, will deserve modification.

Joël BEZECOURT

Thèmes et cibles dans la caricature de l’Islam

Le rapport à la violence, la condition des femmes, la liberté d’expression constituent les axes majeurs de la caricature de l’Islam. Mais il n’est pas équivalent, dans le traitement de ces thèmes, de caricaturer le concept de Dieu (registre athée), l’inventeur de la nouvelle religion (domaine du blasphème), la figure du fanatique ou du despote (charge moins subversive), ou encore les croyants de façon globalisante (concurrence religieuse et xénophobie). Une fracture s’observe alors entre les objectifs visés. D’une part, à l’extrême droite comme dans certaines cartes coloniales, il est estimé qu’une spécificité islamique autorise à rejeter les musulmans et, de façon plus générale, les Maghrébins et les Arabes. D’autre part, et c’est le courant principal, il est observé que la violence est aussi présente, et avec la même intensité, dans la Bible et dans l’histoire du christianisme. La caricature anticléricale l’a abondamment montré depuis la IIIe République dans une iconographie foisonnante et jubilatoire.

Themen und Zielscheiben in der Karikatur des Islams

Das Verhältnis zur Gewalt, die gesellschaftliche Stellung der Frau und die Meinungsfreiheit sind die zentralen Themen der Islam-Karikatur. Aber es bedeutet nicht das Gleiche, ob man bei der Behandlung dieser Themen den Begriff Gottes karikiert (atheistisches Register), den Gründer der neuen Religion (blasphemisches Register), die Figur des religiösen Fanatikers oder des Despoten (weniger subversiv) oder aber die Gläubigen im Allgemeinen (religiöse Konkurrenz und Xenophobie). Es lässt sich eine Bruchlinie zwischen den verschiedenen Zielsetzungen erkennen. Einerseits ist man auf Seiten der extremen Rechten der Auffassung, dass die islamische Besonderheit dazu berechtige, die Muslime und die Maghrebiner und Araber im Allgemeinen abzulehnen. Andererseits – und das ist die Hauptströmung – stellt man fest, dass das Phänomen der Gewalt auch und in gleichem Ausmaße in der Bibel und in der Geschichte des Christentums vorhanden ist. Die antiklerikale Karikatur belegt dies seit der III. Republik anhand einer reichhaltigen, ja überbordenden Ikonographie.

Themes and targets in the caricature of Islam

Links to violence, the female condition, and freedom of expression are the principal themes chosen in the caricature of Islam. But when developing such themes, it is not the same thing to caricature the concept of God (in an atheist register), or the inventor of the new religion (denoting blasphemy), the figure of the fanatic or the despot (a less subversive charge), or believers as a whole (through religious rivalry and xenophobia). Here one can observe a discrepancy between the targets. On the one hand, at the extreme right wing, as with certain colonial postcards the very fact of Islam is taken as justification for the rejection of Muslims and, more generally, Maghrebins and Arabs. On the other hand, as a major theme, it can be seen that violence is just as present in the Bible and in the history of Christianity. Anticlerical caricature has clearly testified to this since the Third Republic with its abundant and jubilatory iconography.

 

Soufian AL KARJOUSLI

Quelle place pour les caricatures dans le monde musulman ?

L’article invite à réfléchir sur la place des caricatures dans le monde arabo-musulman. Après s’être intéressé à la forme qu’elles peuvent prendre dans les pays arabes, il analyse les réticences suscitées par certaines d’entre elles. Cela amène à réviser la position stéréotypée d’un islam qui serait forcément iconoclaste, puis à interroger le rôle des pouvoirs religieux, politiques et économiques dans une époque de mondialisation.

Gibt es in der islamischen Welt Raum für Karikaturen?

Dieser Beitrag lädt ein zum Nachdenken über die Funktion von Karikatur in der arabisch-muslimischen Welt. Auf die Darstellung der verschiedenen Formen von Karikatur in den arabischen Ländern folgt eine Analyse der Vorbehalte, denen einige von ihnen begegnen. Dies führt zu einem In-Frage-Stellen der stereotypen Vorstellung von einem notwendigerweise bilderfeindlichen Islam und schließlich zum Nachdenken über die Rolle religiöser, politischer und wirtschaftlicher Machtinstanzen im Zeitalter der Globalisierung.

What place do caricatures hold in the muslim world?

This article invites reflection on the place of caricatures in the Arab-Muslim world. After considering the form they can take in Arab countries, it analyses the reticences some of them induce. Then follows a revision of the stereotypical position of an Islam that is automatically iconoclastic, and to a questioning of the role of religious, political and economic powers in the era of globalisation

Enrico SARNELLI

Rire des religions dans le monde globalisé:
l’image de l’Islam dans le graphisme satirique italien

Un regard d’ensemble sur les dernières décennies montre que la satire italienne a souvent eu du mal à se confronter avec l’Islam : un monde peu connu sur lequel est toujours difficile de porter un regard neuf, allant au-delà des représentations préconstituées par l’imaginaire orientaliste. Par rapport à cet héritage profondément enraciné dans la mémoire culturelle, les dessinateurs satiriques ont développé au cours du temps des stratégies de manipulation et de détournement des stéréotypes qui relèvent souvent d’une forme d’auto-dérision Cependant l’affaire des caricatures de Mahomet montre comment cette marge de manœuvre risque de se restreindre, lorsque la communication satirique est prise en otage par la rhétorique de l’affrontement entre les civilisations.

Lachen über Religionen in der globalisierten Welt:
das Bild des Islams in der italienischen Bildsatire

Wenn man auf die letzten Jahrzehnte zurückschaut, wird klar, wie schwierig es für die italienische Satire war, sich mit dem Islam zu befassen. Es ging um eine wenig bekannte Welt, die schwierig mit einem Blick jenseits der schon etablierten Darstellungen der Orientalisten zu fassen war (die angebliche Neigung der Muslime für Gewalttätigkeit, die Darstellung der islamischen Welt als unterschiedslosen Monolith, usw.). Im Hinblick auf ihr tief verwurzeltes Erbe haben italienische Karikaturisten schon früh Techniken entwickelt, sich Stereotypen neu anzueignen und sie neu auszulegen, wodurch ein Sachverhalt der italienischen Politik kritisiert wird. Die Affäre der Mohammedkarikaturen zeigt jedoch, wie dieser Spielraum immer enger wird, wenn die satirische Kommunikation als Geisel des Streits der Zivilisationen und seiner Rhetorik genommen wird.

Laughing About Religions in the Globalized World:
the representation of Islam in Italian Visual Satire

A glance back over recent decades shows that Italian satirical cartoonists have often had a difficult relationship with Islam, a little-known world to which it is always difficult to bring a fresh perspective, beyond the longstanding representations established by the Orientalistic canon (the alleged inclination of Muslims for violence, gender inequalities, the Islamic world portrayed as an undifferentiated monolith, etc.) With regard to this profoundly rooted cultural inheritance, and particularly the stereotypes attached to it, Italian cartoonists developed over time a number of strategies of manipulation and reappropriation, in which stereotypical characters and images were used metaphorically to critique the Italian political situation and as form of self-mockery. The specific case of the cartoons about Mohammed, however, shows how this margin of manoeuvre becomes ever narrower when the satirical message is taken hostage by the rhetoric of the clash of civilizations.

Jean-Claude GARDES

La réaction « mesurée » de Titanic à l’affaire des caricatures de Mahomet

Dans son troisième numéro de l’année 2006, la grande revue satirique allemande Titanic revient logiquement sur l’affaire des caricatures de Mahomet. Son approche de la question peut surprendre le lecteur français habitué par les journaux satiriques de son pays à des attaques frontales virulentes. Titanic, qui ne consacre qu’une partie de ses 68 pages au sujet, aborde le sujet avec une distance que l’on pourrait assimiler (dans un premier temps ?) à de la retenue : Refusant dans une large part dans les documents iconographiques de tancer directement les réactions islamistes qui lui paraissent excessives, les dessinateurs préfèrent rire de la situation en empruntant des chemins détournés, feignant par exemple de prendre leurs distances avec les Danois. Ils aiment à cette occasion prouver que toutes les religions font l’objet de critiques dévalorisantes. A cet égard, la caricature de première page qui fait le procès de toutes les religions paraît symptomatique.

Die „maßvolle“ Reaktion der Titanic
auf den Streit um die Mohammed-Karikaturen

In ihrer dritten Ausgabe des Jahres 2006 kommt die große deutsche Satirezeitschrift Titanic natürlich auf den Streit um die Mohammed-Karikaturen zu sprechen. Ihr Umgang mit diesem Problem dürfte den französischen Leser überraschen, der von den satirischen Zeitschriften seines Landes an virulenten Frontalangriff gewohnt ist. Titanic widmet nur einen Teil seiner 68 Seiten diesem Thema und geht es sehr distanziert, ja – so möchte man zumindest zunächst sagen – mit Zurückhaltung an. Die Zeitschrift versagt es sich in ihren Bildbeiträgen weitgehend, die ihr übertrieben erscheinenden islamistischen Reaktionen aufzuspießen. Stattdessen machen sich die Zeichner auf Umwegen über die eingetretene Lage lustig, wobei sie sich beispielsweise zum Schein von den dänischen Zeichnern distanzieren. Sie zeigen bei dieser Gelegenheit auf, dass alle Religionen Gegenstand abwertender Kritik sind. Symptomatisch ist in dieser Hinsicht die Titelseite, die gleich allen Religionen den Prozess macht.

Titanic’s “circumspect” reaction to the Mohamed caricature affair

In its third edition of 2006, the major German satirical magazine Titanic, logically enough, discussed the Mohamed caricature affair. Its approach might surprise French readers, who are used to their country’s satirical newspapers dealing with such questions in the form of virulent front-on attacks. Titanic only devoted a section of its 68 pages to the topic, whilst approaching it with a detachment that might (at first glance?) seem to indicate restraint. Overall, it refused to drectly rebuke the Islamist reactions it deemed excessive in its iconographic material, with its cartoonists preferring to indirectly make fun of the situation, pretending for instance to distance themselves from the Danes. They show a predeliction for demonstrating that all religions can be subject to derogatory criticism. In this respect, the caricature of the front cover attacking all religions appears typical of its response.

Margarethe POTOCKI

Peut-on dessiner la schizophrénie ?
A propos de la caricature iranienne actuelle

Actuellement, la vie des Iraniens dans leur pays se trouve souvent qualifiée de « schizophrénique ». Elle se déroule entre l’austérité imposée par les dirigeants du pays, tout au moins en public, et une vie à l’occidentale à l’intérieur des habitations C’est le grand écart quotidien entre les préceptes fournis par l’interprétation des textes religieux islamiques et la réalité de la vie moderne. Cette « double vie », peut-elle être visualisée dans les dessins des caricaturistes iraniens ? Voilà la question qui nous a intéressés. Ce n’est évidemment pas dans la presse écrite du pays même que la satire peut s’exprimer. Mais il suffit d’aller surfer sur Internet pour trouver une fabuleuse collection de dessins régulièrement renouvelée dont un grand nombre visualisent l’état d’esprit des Iraniens. Encore faut-il distinguer entre les sites domiciliés en Iran ou à l’extérieur du pays. Même dans les dessins sur les sites iraniens, on peut s’étonner devant la subtilité et la maîtrise des dessinateurs qui expriment les comportements de leurs compatriotes dus à cette particularité du pays où le domaine religieux et celui de la politique sont actuellement indissociables.

Kann Schizophrenie gezeichnet werden?
Über die aktuelle iranische Karikatur

Das Leben der Menschen im heutigen Iran wird vielfach mit dem Begriff „schizophren“ charakterisiert. Es steht einerseits unter dem Druck der strengen Disziplin, die die Machthaber des Landes ausüben, zumindest in der Öffentlichkeit, und ähnelt andererseits – innerhalb der vier Wände der Wohnungen – westlicher Lebensart. Das bedeutet tägliche Spagatübungen zwischen den Regeln, die aus der Interpretation der religiösen Texte des Islams abgeleitet sind, und der Realität des modernen Lebens. Kann dieses Doppelleben durch die Zeichnungen der iranischen Karikaturisten dargestellt werden? Das ist die Frage, die wir zu beantworten versucht haben. Natürlich kann sich die Satire in der gedruckten Presse im Lande selbst nicht ausdrücken. Man braucht aber nur im Internet zu surfen, dann findet man eine ständig erneuerte phantastische Sammlung an Zeichnungen, von denen zahlreiche Exemplare den Geisteszustand der Iraner veranschaulichen. Man muss allerdings zwischen den Webseiten unterscheiden, die im Lande selbst eine Adresse haben und denen im Ausland. Aber selbst auf den iranischen Webseiten finden sich meisterhafte Zeichnungen von erstaunlicher Subtilität, die das Verhalten der Iraner deutlich machen, das sich aus dieser Besonderheit des Landes ergibt, in dem Religion und Politik (noch) nicht zu trennen sind.

Schizophrenia on the drawing board?
About cartoons in to-day’s Iran

Life in Iran nowadays is often called “schizophrenic”. People are caught between the austerity imposed upon them by the country’s ruling class, at least in public life, and a more westernized way of life at home. This entails a huge permanent discrepancy between the rules derived from the interpretation of Islamic religious writings and actual modern life. Can such a “double life” be shown visually in cartoons by Iranian caricaturists? Such was our subject.
Of course satirical drawings cannot be published within this country itself. But it is easy to browse on the Web and to find a constantly renewed and fabulous collection of cartoons that very well reflect the Iranians’ state of mind. It must be taken for granted that a difference exists between websites based in Iran and those registered outside the country. Even in cartoons published inside Iran one notices an amazing and skilful subtlety in showing people’s behaviour in a country where religion and public life are presently intertwined.

Joël KOTEK

L’image d’Israël et des Juifs dans la caricature arabe contemporaine.
Un avatar inattendu de l’antisémitisme moderne

Paradoxalement, c’est au moment même où, après des siècles d’obscurantisme, l’Europe a découvert les valeurs de tolérance, que le monde arabe s’approprie la grammaire et les codes de la caricature antisémite européenne. S’agissant d’Israël, les caricaturistes arabes ont aujourd’hui recours aux mêmes thématiques (le Juif comme vampire des nations, le Juif qui assure sa domination sur le monde, le Juif déicide, etc.), au même répertoire symbolique (le globe terrestre pour dénoncer la prétention juive à dominer le monde, le sang des enfants, la croix christique), au même mode de représentation (le Juif au nez crochu, la bouche lippue, le dos voûté), à la même zoomorphisation (le Juif associé aux espèces animales les plus dépréciées, notamment la pieuvre aux mille tentacules, la chauve-souris, l’araignée ou le… porc, etc.), que la presse nazie ou d’extrême droite européenne d’avant-guerre.

Das Bild Israels und der Juden in der zeitgenössischen arabischen Karikatur.
Eine überraschende Metamorphose des modernen Antisemistismus

Paradoxerweise eignet sich die arabische Welt genau in einer Zeit, in der nach Jahrhunderten des Obskurantismus Europa den Wert der Toleranz entdeckt hat, die Grammatik und den Kode der antisemitischen europäischen Karikatur an. Geht es um Israel, greifen die arabischen Karikaturisten heute auf dieselben Themen zurück (der Jude als Vampir der Nationen, der Jude, der seine Herrschaft über die Welt sichert, der Jude als Gottesmörder, etc.), auf dasselbe symbolische Repertoire (die Weltkugel, die die jüdische Weltherrschaft denunziert; das Blut der Kinder, das christliche Kreuz), auf dieselben Formen in der Darstellung (der Jude mit seiner gebogenen Nase, die dicken Lippen, der runde Rücken), auf dieselben Animalisierungen (der Jude, der mit den unbeliebtesten Tierarten in Verbindung gebracht wird, vor allem mit der Krake und ihren tausend Tentakeln, der Fledermaus, der Spinne oder dem …. Schwein, etc.), auf genau die Darstellungen nämlich, die die Nazi-Presse oder die europäische rechtsextreme Presse vor dem Krieg benutzte.

The image of Israël and of Jews in contemporary arab caricatures.
An unexpected avatar of modern anti-Semitism

Paradoxically it was at the very time when, after centuries of obscurantism, Europe discovered the virtues of tolerance that the Arab world appropriated the language and code of European anti-Semitic caricature that were hitherto unknown there. When Arab cartoonists denounce Israel, they resort to the usual themes (the vampire Jew, sucking the blood of nations, the Jew asserting world domination, the Jew as killer of Christ, etc.) with the same repertoire of symbols to denounce the Jewish attempt to dominate the world (children’s blood, the Cross of Christ) using the same stylistic techniques (the hook-nosed, thick-lipped, stooping Jew), and their same portrayal in animal form (the Jew depicted as the lowest species of bestial life, such as the tentacle octopus, the bat, the spider or… the pig). They indeed produce outright copies or plagiarisation of images from the Nazi or prewar extreme right press.

 

J.M. WESTON

A-t-on le droit de rire de tout ? La défense de la laïcité par Charlie Hebdo
dans le contexte de l’affaire des caricatures danoises

Le 7 février 2007, Libération s’est joint exceptionnellement à Charlie Hebdo pour produire Charlibération à l’occasion du premier jour du procès de Charlie Hebdo pour son traitement de l’affaire des caricatures danoises. Un tel geste de la part de Libération indique à quel point ce procès a été perçu comme central pour la défense de la liberté d’expression dans le domaine pourtant très sensible de la critique de la religion, et notamment de l’Islam. Ce procès a marqué suffisamment les esprits pour que Daniel Leconte en fasse un documentaire, « C’est dur d’être aimé par des cons », jugé digne d’être présenté à Cannes. Ainsi en mai 2008 toute l’équipe de Charlie Hebdo a fièrement monté les marches du Palais des festivals pour l’avant-première de ce film qui les présente comme défenseurs acharnés et joyeux de la laïcité française contre les forces du non-humour et de l’obscurantisme. Ce procès a été très intensément suivi non seulement en France, mais aussi internationalement. A l’instar de ce documentaire, cet article présente le contenu et le contexte du procès, et examine l’attitude de Charlie Hebdo face à la caricature de la religion ainsi que les circonstances de cette affaire des caricatures. Nous abordons également la justification de Charlie Hebdo quant à sa décision de reproduire les caricatures danoises de Mahomet et d’en produire de nouvelles sur un ton encore plus irrévérencieux.

 

Darf man über alles lachen? Die Verteidigung des Laizismus durch
Charlie Hebdo anlässlich der Affäre der dänischen Karikaturen

Am 7. Februar 2007 hat sich Libération ausnahmsweise mit Charlie Hebdo zusammengetan, um anlässlich des ersten Tages im Prozess gegen Charlie Hebdo wegen seiner Behandlung der Affäre der dänischen Karikaturen Charlibération herauszugeben. Diese Geste von Libération zeigt, welch zentrale Bedeutung dem Prozess für die Verteidigung der Meinungsfreiheit im Bereich der doch sehr anfälligen Kritik an der Religion, besonders am Islam, zugeschrieben wurde. Dieser Prozess war so bedeutsam, dass Daniel Leconte einen Dokumentarfilm davon gemacht hat, „Es ist schwer, von Idioten geliebt zu werden“, welcher für würdig befunden wurde, auf den Filmfestspielen in Cannes gezeigt zu werden. So stieg im Mai 2008 die ganze Mannschaft von Charlie Hebdo stolz die Treppenstufen des Festspielpalastes hinauf zur Vorpremiere dieses Films, der sie als erbitterte und fröhliche Verteidiger des französischen Laizismus gegen die Mächte des Un-Humors und des Obskurantismus vorführt. Dieser Prozess wurde nicht nur in Frankreich, sondern auch auf internationaler Ebene sehr genau verfolgt. Der vorliegende Beitrag stellt, wie der Dokumentarfilm, den Inhalt und den Kontext des Prozesses vor, untersucht die Haltung von Charlie Hebdo gegenüber der Karikatur über die Religion sowie die Umstände dieser Karikaturenaffäre. Wir gehen ebenfalls auf die Rechtfertigung von Charlie Hebdo ein, die dänischen Karikaturen zu Mohammed zu veröffentlichen und neue in noch respektloserem Ton zu schaffen.

Is there the right to laugh about everything? The defence of laïcité
by Charlie Hebdo in the context of the Danish caricature affair

On February 7th 2007, Libération joined forces with Charlie Hebdo and was published under the exceptional title of Charlibération, to mark the first day of the trial of Charlie Hebdo over its handling of the Danish caricature affair. The fact that Libération made such a gesture was indicative of the extent to which the trial was seen as central to the defence of freedom of expression in the highly sensitive area of the critique of religion, and of Islam in particular. The trial also inspired Daniel Leconte to create a documentary, “C’est dur d’être aimé par des cons”, which was presented at the Cannes Film Festival in May 2008. The whole Charlie Hebdo team proudly climbed the steps of the Palais des festivals for the premier of the film, which presented them as the tenacious and joyful defenders of French laïcité against the forces of non-humour and obscurantism. The trial was closely followed not only in France, but internationally. This article will examine the content and context of this trial, as well as the attitude of Charlie Hebdo to the caricature of religion in the light of the Danish caricature affair. Its justifications for its decision to reproduce the Danish caricatures of Mohamed and to also create new ones of an even more irreverent nature are also addressed.