Alfred Le Petit (1841-1909), journaliste et dessinateur républicain engagé, au temps de Jules Vallès


« Alfred Le Petit (1841-1909), journaliste et dessinateur républicain engagé, au temps de Jules Vallès », par Guillaume Doizy, in Autour de Vallès n°36 (Vallès et la caricature), décembre 2006, p. 154-179.

Dans A la charge ! , Bertrand Tillier ouvre le second chapitre de son livre sur une controverse qui oppose Jules Vallès aux partisans d’André Gill à propos de l’engagement du dessinateur de presse et de son implication dans les luttes sociales[1]

. Révolutionnaire, Vallès dans différents articles ou courriers, évoque les bouleversements sociaux du siècle en cours et notamment la Commune de Paris dont la répression sanglante reste vive dans les mémoires. A cette histoire héroïque et dramatique, il oppose la quête de « talent » du dessinateur coiffant avant tout le bonnet de l’artiste, condamné à la folie pour s’être isolé « dans la fantaisie et dans le rêve » au lieu de se consacrer à la « solidarité sociale[2]».

L’Esprit français publie en 1932 un article sur ce thème et rappelle que Vallès fut un des derniers à s’occuper du dessinateur malade[3]. Les reproches formulés par l’écrivain engagé visent avant tout à trouver une explication rationnelle aux dérèglements mentaux du caricaturiste. Vallès conserve une profonde amitié pour son ami Gill, jusqu’à son dernier souffle.

La place et le rôle des artistes dans les crises politiques et sociales interroge. Si David fut révolutionnaire, Daumier républicain au point de goûter au cachot, la grande majorité des artistes ou des hommes de lettre contemporains de Vallès s’intéressent avec modération aux idées sociales avancées, voir affichent ouvertement et violemment leur hostilité à leur égard[4].

De ce point de vue, on pourrait opposer à la figure d’un Gill sur la réserve, tel que le décrit Vallès, le caricaturiste Pilotell (ou le peintre Courbet et d’autres encore). Délégué autoproclamé pour les Beaux-Arts au musée du Luxembourg sous la Commune de Paris, Pilotell est nommé commissaire de police des délégations judiciaires et attaché au cabinet du délégué à l’Intérieur, ce qui ne l’empêche nullement de diriger La Caricature qu’il abonde de ses virulents dessins. Fuyant la répression (comme Vallès), il se réfugie à Londres après avoir traversé différents pays d’Europe. Il est condamné à mort par contumace le 9 janvier 1874[5] pour sa participation à la Commune, accusé de vol, d’exactions, de commandement de bandes armées et d’arrestations illégales[6]. Pillotel ne reviendra jamais en France.

Pour éclairer cette discussion, il nous a semblé intéressant d’analyser le parcours d’un autre caricaturiste, assez proche de Gill du point de vue politique et contemporain de Vallès, à savoir Alfred Le Petit [fig.1]. Une lettre de Vallès au « citoyen » Alfred Le Petit, accordant au dessinateur le droit de faire sa charge[7], traduit la proximité des trois hommes. Vallès félicite son interlocuteur pour deux de ses dessins loués également par Gill. L’écrivain compare le talent des deux caricaturistes. Il conclut : « nous sommes donc un peu tous de la même bande ». La lettre date d’avril 1870 et Vallès signale être « de ceux qui croient que la caricature est l’arme des désarmés [8]». La Commune de Paris n’a pas encore obligé les uns et les autres à choisir leur camp.

Caricaturiste à défaut d’être peintre

Comme l’indique Alfred Le Petit dans une note autobiographique datée de 1884, après avoir été accueilli à L’Eclipse puis au Charivari, le dessinateur, alors pas encore trentenaire, s’est vu « consacré caricaturiste ». Une aubaine. Mais il rajoute, « c’est-à-dire condamné à perpétuité à défigurer les traits de mes contemporains. Quel supplice pour un artiste amoureux de l’exquise beauté des formes ». Car le rêve d’Alfred Le Petit, en arrivant à Paris, était de se faire « une place dans les arts ». Mais, explique-t-il, « il fallait vivre, je fis quelques dessins dans les feuilles du moment… [9]», c’est-à-dire par défaut.

Alfred Le Petit étudie le dessin à Amiens, puis la peinture à Rouen, à l’Académie de peinture et de dessin sous la direction du peintre Morin. Pour son apprentissage, et également par souci de se procurer quelques revenus, il copie des tableaux de maître[10]. Gill de son côté a également suivi une formation académique et même présenté les concours des prix de Rome, sur lesquels il porte vingt ans après un regard sévère, mais qui représentaient, pour le jeune étudiant qu’il avait été, un véritable idéal[11]. Mais la carrière de peintre reste très difficile. Par contre, le dessin de presse, en cette période qui voit les journaux et le livre devenir de plus en plus gourmands en matière d’images dessinées, semble offrir de bien meilleures perspectives[12].

Cette ambivalence de la carrière taraudera Alfred Le Petit jusqu’à sa mort. Une lettre d’un ami amiénois, en 1872, à qui il avait adressé un courrier évoquant sa situation de caricaturiste et ses réflexions sur le métier de dessinateur, reflète cette double aspiration. On y apprend qu’Alfred Le Petit place en tête des dessinateurs Gavarni, dont le style s’oppose à la tradition du portrait-charge et donc à la caricature. Son ami lui rappelle la nécessité d’aborder « le genre sérieux, genre dans lequel la renommée est durable », car « c’est là seulement que la gloire s’attache solidement [13]». Un numéro du journal Les Contemporains[14] le présente en train d’écrire et de dessiner à la fois, avec à ses côtés un tableau « refusé », ainsi qu’une palette d’artiste environnée d’une grosse toile d’araignée [fig. 2]. Toute sa vie, Alfred Le Petit espérera une carrière académique, mais l’actualité et son talent le porteront inlassablement vers le dessin de presse.

A la fin des années 1860, l’Empire s’essouffle. L’opinion républicaine reprend une certaine vigueur et s’engouffre dans les quelques brèches entrouvertes par le timide esprit libéral que Napoléon III favorise alors. Le mouvement des banquets républicains s’amplifie. Une presse radicale jouit d’un égal dynamisme, comme La Lanterne de Rochefort par exemple, mais également L’Eclipse de Gill et de son directeur Polo, qui obtiennent alors un franc succès [fig. 3]. Alfred Le Petit, qui parvient à placer en 1869 et 1870 quelques dessins comiques à L’Eclipse, rêve d’une renommée équivalente à celle de Gill, alors au faîte de sa gloire.

La Charge… contre l’Empire

Sans notoriété encore, Alfred Le Petit crée en 1870 le journal La Charge, qui va véritablement fonder son image de dessinateur et de pamphlétaire républicain radical [fig. 4]. Diriger cet hebdomadaire, pour lequel il réalise les principaux dessins, présente de nombreuses difficultés pour le dessinateur engagé à l’époque. Républicain anti impérial, il affronte la censure dont le ciseau et les amendes s’avèrent souvent ravageurs, mais il s’adresse à un public dynamique et nombreux, avide d’un discours flétrissant l’Empire et stimulant le sursaut face à la Prusse. Par contre les réseaux républicains ne sont pas encore suffisamment structurés, les « partis » modernes ne naîtront que trente ans plus tard. La diffusion du journal dépend donc des services de distribution commerciaux, ce qui nécessite des capitaux non négligeables. Pour le jeune et inexpérimenté patron de presse qu’est Alfred Le Petit, l’aspect économique de l’opération devient souvent dramatique et insoluble. Dans une lettre à sa famille, il explique les difficultés innombrables qui l’accablent :

« … la Censure pour moi devient intolérable. Presque toutes les semaines mon dessin est refusé et il faut que j’en fasse un second, quelques fois un troisième ce qui me demande un temps et un mal inouïs. Cela ne serait encore que demi mal, mais il faut avec cela que je m’occupe de l’administration de la rédaction du journal, etc.

Le journal commence à prendre de l’importance et à être goûté de Paris et je commence à faire ma petite réputation. Mais malheureusement, le journal prend plus d’importance ce qui nécessite de plus grands frais. (…) Un grand nombre de demandes me sont faites par la province à laquelle il faut faire un mois ou 6 semaines de crédit. Pour cela, il faudrait des avances de fonds qui me manquent absolument. La vente de la province est des plus productive, aussi faudrait-il faire imprimer un plus grand nombre de journaux pour en envoyer des exemplaires d’essai à titre de prospectus afin de le faire connaître hors Paris.

D’un autre côté, il me faudrait avancer quelque argent pour avoir des annonces, pour la 4e page, qui seules paient presque tous les frais du journal.

(…) il est des jours où je reçois de 50 à 60 lettres. C’est un abonné qui n’a pas reçu le journal, un marchand dans Paris qui n’a pu s’en procurer parce que le service n’est pas bien fait, ce sont des envois, des comptes à tenir de toute sorte et il faut répondre à tout cela…. Ouf !!!

Notre feuille a du succès, une seule chose qui lui manque c’est de ne pouvoir faire d’un coup les frais que nécessiteraient une bonne organisation. N’ayant pas d’argent, il nous est impossible d’en gagner, voici pourquoi : nous avons commencé à tirer mille journaux. Aujourd’hui notre tirage varie de 5 à 6 mille numéros. Nous payons les frais du numéro qui paraît avec ce que produisent les numéros précédents. Or il nous est arrivé de perdre de grands bénéfices à faire, voici pourquoi : le numéro paraît toute la semaine. Il nous est arrivé que certains numéros ont été vendus le premier jour et que faute d’avance, nous n’avons pu en faire retirer d’autres, ce qui nous a donc fait perdre de l’argent à gagner.

(…)

Malgré toutes les difficultés de fonder un journal, le mien en est arrivé à son 27e numéro (…) et nous avons toujours mis les deux bouts. A l’heure qu’il est voici que le marchand en gros du journal me doit 5 numéros et qu’il ne peut plus me les payer… (…) il me doit environ mille francs et j’en dois environ 900 au fournisseur du journal. Je ne puis donc [assumer] seul pour le moment ce coup imprévu et le journal est mort du coup si je ne puis compter sur quelque secours. Mon imprimeur qui a une pleine confiance dans mon entreprise a bien voulu m’ouvrir un crédit, mais je n’en puis abuser plus longtemps.

Si mon journal meurt, je perds ma position et suis obligé de recourir de journaux en journaux pour quelques dessins à faire[15]».

Voilà le quotidien du « petit » patron de presse étranglé par la censure et les difficultés commerciales, et qui risque à tout instant de devoir renouer avec le marais des caricaturistes !

Pour le dessinateur, le succès de cette publication et de sa série Fleurs, fruits et légumes du jour publiée tout au long de l’année 1871[16], s’avère indéniable. En effet, à l’issue de ces deux années chaotiques qui voient la chute de Napoléon III, la proclamation de la République, l’occupation prussienne, la Commune de Paris et sa répression, mais également la formation d’un régime aux tendances fortement antirépublicaines, La Charge fusionne avec la célèbre Eclipse de Gill, ce qui est en soi une consécration. En outre, Alfred Le Petit signe dans la foulée un contrat d’exclusivité avec le journal Le Grelot pour quatre ans, qui sera renouvelé une fois[17] [fig. 5] Le Grelot, fondé en 1871, d’abord hostile à la Commune, devient l’emblème même de la presse satirique républicaine de la période.

Dessinateur salarié et… soumis ?

Ce contrat implique de nouvelles difficultés pour le dessinateur « engagé », et pose le problème de son indépendance et celui de son implication politique. Il stipule qu’Alfred Le Petit fournira « chaque semaine un dessin dont le sujet sera indiqué ou agréé par moi » (c’est-à-dire J. Madre, directeur du Grelot). Un autre contrat plus tardif cette fois avec le journal La Revanche indique, lui, dans la marge, que les dessins « ne peuvent être contraires à l’idée républicaine [18]».

Le dessinateur obtient un revenu régulier, soit cinq cent francs mensuels, et échappe dorénavant aux contraintes administratives et financières qu’il subissait en tant que patron de presse. Mais il perd alors de son autonomie, car Alfred Le Petit s’engage également « à ne pas signer de [son] nom ni à faire connaître d’aucune façon la provenance du dessin [qu’il pourrait] donner aux journaux en concurrence avec Le Grelot ». Le caricaturiste gagne en stabilité, mais voit sa créativité réduite, voire même un certain frein à sa carrière.

Alfred Le Petit et J. Madre communiquent couramment par lettre. Le directeur du Grelot donne son avis sur tel ou tel dessin et oriente le travail de son collaborateur. Il critique par exemple une charge sur le suffrage universel « qui a le tort d’être toujours d’actualité et par conséquent de ne l’être jamais », pour lui demander de retravailler un autre sujet accepté par la censure[19]. Quelques années plus tard, Madre écrit que « des quatre dessins (…) envoy[és], trois viennent trop tard et le seul qui aurait pu passer (…) est impossible » du fait d’un rebondissement dans l’actualité. Madre rajoute : « j’ai lu toute la journée les journaux pour pouvoir réussir à trouver une idée à moitié bonne… [20]». Une fois de plus, le dessinateur semble largement inféodé aux orientations de son commanditaire qui, parfois, devient même plus exigeant.

Ainsi en 1875 Madre explique à Alfred Le Petit que « depuis trois mois, notre vente a encore baissé de près de mille numéros et (…) l’existence du journal est compromise ». Il lui fait part des « plaintes du public », car le dessinateur fait « moins bien qu’il y a cinq ans tant au point de vue de l’idée qu’à celui de l’exécution », cette dernière étant de plus en plus « négligée ». Il le menace clairement de ne plus faire appel à ses services. Le directeur du Grelot s’explique l’affadissement du travail d’Alfred Le Petit par le fait qu’il vivrait « en dehors des journalistes et des artistes ». En signant son contrat, Alfred Le Petit ne pensait sans doute pas hériter d’un directeur de conscience paternaliste !

Le caricaturiste doit souvent répondre à des demandes précises, comme pour le Charivari qui lui impose la liste des célébrités à portraiturer[21]. Parfois, le commanditaire réclame même d’être présent lors de l’exécution du dessin, pour en surveiller la réalisation[22] !

Tout cela relativise nettement l’analyse de la sensibilité politique d’un dessinateur au travers de sa production caricaturale quand il n’est pas son propre patron. Ses prises de position, comme on le voit, dépendent largement d’autres que lui-même, et sont déjà fortement influencées par le chiffre des ventes.

Alfred et la Commune

Lorsque Vallès tente d’expliquer la folie de Gill, il reproche à son ami son manque d’implication dans la Commune de Paris. Il s’indigne aussi de ses prises de distances vis à vis de cette révolution sociale massivement réprimée. En effet, dans un article au Figaro daté du 7 juin 1871, Gill déclarait avoir été contraint de rester à Paris « faute de laisser-passer, faute de ressources pour aller vivre ailleurs » et se défendait de toute « participation aux agissements de la Commune ». Il s’enorgueillissait d’avoir, avec les autres délégués à la Commission des artistes, pu « sauvegarder les collections d’art si heureusement échappées au désastre [23]». Bref, Gill fut communard malgré lui et les Versaillais pourraient le remercier pour sa vigilance et sa modération. Il ne sera d’ailleurs pas inquiété, contrairement à des milliers d’autres.

Quid d’Alfred Le Petit ? Jusqu’ici, les historiens considèrent le dessinateur comme hostile à la Commune de Paris. En effet, il illustre une série intitulée Les Hommes de la Commune, publiée après la semaine sanglante. Delescluze, Raoul Rigault, Vermorel, Vallès, Assi, Rochefort, Grousset, Ferré, Courbet notamment se voient portraiturés sous la forme d’un buste non caricatural en couleur. Mais les portraits n’exhalent aucune hostilité. Ils se veulent au contraire même flatteurs. Le texte de L. Ducrocq condamne globalement les agissements de la Commune, mais reconnaît la valeur et le courage de ces hommes, leur dévouement et donc leur grandeur [fig. 6].

Aucun acharnement, aucune haine sous le stylet d’Alfred Le Petit, contrairement à Bertall ou Cham par exemple qui font preuve d’un profond mépris social à l’égard des insurgés. En fait, le directeur de La Charge a été particulièrement silencieux sur les événements qui ont entouré cette crise. Dans une série d’articles fort intéressants, Raymond Bachollet considère que seules trois planches publiées entre mars et mai sont des « concessions que fit Le Petit à la révolution qui bouleversait la capitale depuis le 18 mars [24]». Le dessinateur y attaque Napoléon III ainsi que les membres du gouvernement provisoire.

Il faut également mettre à l’actif du caricaturiste sa collaboration au journal communard La Montagne sous-titré « journal de la révolution sociale », pour lequel il a fourni de petits dessins dès le second numéro et ce, pendant tout le mois d’avril[25]. Le Nain Jaune publie d’ailleurs en septembre 1872 un violent article où il se demande « comment il se fait que ce dessinateur, après avoir fait les beaux jours de la Montagne, après avoir dessiné des fédérés sonnant la charge, des clubistes à la tribune, coiffés du bonnet phrygien, les bras croisés dans l’attitude du défi, -soit devenu tout à coup le ténor du Grelot [26]». L’auteur conclut ainsi sa diatribe venimeuse « Allez serrer la main de Pilotell, monsieur Alfred Le Petit ! Il s’ennuie loin de vous, car il vous aime bien ». Rappelons que Pilotell, réfugié à Londres, sera lui, condamné à mort par contumace deux ans plus tard.

Les lettres d’Alfred Le Petit ne vont pas de l’autre côté de la Manche. Elles s’arrêtent en Belgique où se cachent alors quelques-uns de ses amis en exil.

Il n’est jamais facile de comprendre la sensibilité politique d’un dessinateur, pour lequel les témoignages clairs font défaut, d’autant plus dans une période troublée où les bouleversements sociaux brouillent les camps. De toute évidence, Alfred Le Petit, comme Gill et Vallès, vomit l’Empire. Napoléon III représente sa cible favorite dans ses dessins de La Charge, puis après elle au Grelot. Le caricaturiste qui ne s’enthousiasme pas pour la guerre vit très mal la défaite causée par l’incurie de l’Empereur. Il en appelle au sursaut des français, qui ne doivent pas capituler face à l’ennemi prussien, et en cela, semble assez proche alors de Gambetta [fig. 7]. Mais notre homme, point idéologue, ne voit pas la révolution venir. Une république radicale qui refuserait de capituler lui conviendrait parfaitement alors que la Commune met en cause plus profondément l’ordre social. Alfred Le Petit n’est ni communard, ni Versaillais. Il ne s’enthousiasme pas pour la répression sanglante, et combat au travers de ses dessins pour une République qui sache se faire sociale, sans prendre le visage du collectivisme, du cléricalisme, ou de l’opportunisme [fig. 8]. Sous Thiers et Mac-Mahon il flétrit abondamment la réaction dans ses charges au Grelot notamment. Cette sensibilité radicale et nationaliste[27] (Alfred Le Petit n’oublie pas la « revanche » à prendre sur la Prusse), le mènera dans les années 1880 à se battre en duel contre un Italien qu’il tue, à soutenir Boulanger et à flétrir la République des « affaires ». Celle des décorations, qui met en cause le Président de la République Grévy, puis celle de Panama. Jules Ferry, véritable héros républicains à l’époque des lois laïques fait dorénavant figure, sous la plume d’Alfred Le Petit, de renégat républicain. Finalement, lors de l’affaire Dreyfus, notre caricaturiste, sans épouser les idées du camp clérical, s’en prend, par nationalisme, au « traître » Dreyfus, dans des caricatures nettement antisémites.

Républicain, bohème et fumiste

Le statut du dessinateur de presse oscille entre celui du journaliste et celui de l’artiste. Pas vraiment doctrinaire, le dessinateur républicain participe néanmoins à la lutte contre les forces réactionnaires, monarchistes, cléricales, orléanistes, légitimistes et bonapartistes. Pour autant, ses armes restent le dessin, la satire, c’est-à-dire un mode qui doit largement au comique, à l’exagération et au théâtre. Un mode d’expression considéré par le pouvoir comme bien plus dangereux que l’écrit, qui fascine et effraie, mais dont l’impact reste très difficile à mesurer.

De toute évidence, la caricature républicaine permet de dévaloriser l’image du pouvoir. Elle vise, même après la chute de Napoléon III, à souiller le souvenir qui reste de lui, non seulement pour affaiblir ceux qui s’en réclament encore et éviter tout retour possible du régime honni, mais aussi pour célébrer la victoire sur le vaincu. Il s’agit également de maintenir la vigilance des frondeurs et leur permettre de communier dans un ensemble de représentations partagées. Enfin, en période de censure, la presse illustrée, en diffusant des portraits chargés ou non de ses champions favorise leur héroïsation et la diffusion de leurs idées.

En cela, le caricaturiste républicain fait preuve d’engagement.

Mais il utilise un langage irrationnel, presqu’étranger au combat politique. Il puise à la source du rire, de la fantaisie, des archétypes mentaux parfois obscurs. Il utilise la puissance de la déformation expressive, de la scatologie, des dérèglements physiologiques et psychologiques qui renvoient à l’univers des interdits moraux. Il excelle parfois dans le mensonge et dans les faux-semblants. Il puise aux sources de l’imaginaire pour construire une image du réel qui soit défavorable à ses adversaires.

Jules Vallès, on l’a vu, insiste sur la fantaisie de Gill. Cette fantaisie semble être une des caractéristiques du milieu artistique républicain de la fin du Second Empire et des premières décennies de la Troisième République. C’est à l’époque de La Charge qu’Alfred Le Petit semble intégrer ce milieu social particulier, après avoir navigué dans son équivalent rouennais quelques années plus tôt. Pour preuve, l’invitation que lui fait le dessinateur et photographe Etienne Carjat de venir à une fête réunissant diverses célébrités de l’époque, invitation et fête qu’Alfred Le Petit relaie avec enthousiasme dans son journal[28].

Chez Alfred Le Petit, la caricature est plus qu’un moyen d’expression. Elle semble être devenue un véritable art de vivre, qui allie folie graphique, désordre moral et un certain anticonformisme. Il participe à des cavalcades[29], véritables provocations comiques et spectaculaires, qui rappellent la frénésie du carnaval, lors desquelles il caricature les badauds [fig. 9]. Alfred Le Petit s’intéresse au milieu des cabarets et des cafés concerts qui se multiplient depuis que Napoléon III a mis fin au monopole théâtral. Il adhère aux Hydropathes (1879), aux Hirsutes (1881) et au Bon bock notamment, clubs réunissant des poètes, des littérateurs et des artistes lors de séances bruyantes et alcoolisées. Accompagné de son violon, il compose et chante à la Lice chansonnière et dans les cabarets ses très nombreuses chansons[30]. Il les illustre et les publie ; certaines seront très populaires.

Pour ce dessinateur, la caricature et la vie sont intimement mêlées comme l’atteste notamment cette anecdote liée à la publication de La Charge : dans un dessin intitulé « Malbroug s’en va-t-en guerre [31]», Alfred Le Petit représente l’armée française sous les traits d’un soldat bien mal en point, trottinant avec difficulté du fait de ses béquilles, le pantalon recousu, une jambe bandée et… la tête coiffée d’un pot de chambre surmonté d’une plume tricolore qui masque totalement son visage. Mais parce que les républicains accusent Napoléon III d’être responsable de la défaite, Alfred Le Petit, comme le raconte son fils, après parution du numéro, parcourrait les kiosques pour rajouter d’un trait un nez et une moustache, qui ne laissent plus aucun doute sur l’identité du soldat décati[32]. Ainsi échappe-t-il à la censure et donne à sa caricature imprimée une seconde et nouvelle signification.

Il participe plus tard à la fondation du « Journal parlé », une représentation théâtrale du journal du jour, « joué » devant des spectateurs ébahis. Alfred Le Petit y est responsable de la politique intérieure et crée pour l’occasion un spectacle caricatural. Comme le raconte Paul Théodore-Vibert, face au public, l’amuseur dessine sur un chevalet des caricatures de célébrités mais d’abord à l’envers, pour déstabiliser son public. Il suscite l’admiration, quand avec un groom il retourne l’ensemble[33]. Ce qui n’était que griffonnage devient, remis à l’endroit, la charge réussie et particulièrement ressemblante de tel ou tel ! [fig. 10]

Il mime parfois le personnage visé en utilisant des accessoires. Pour Jules Ferry, il pare ses joues de touffes de foin en guise de rouflaquettes et prolonge son nez d’une carotte de bonne taille. Cette facétie entraîne l’intervention de l’édile visé, alors Président du conseil, qui fait interdire le spectacle[34].

En 1886, pour assurer la promotion du journal La Revanche, Alfred Le Petit réalise de véritables performances caricaturales publicitaires. Juché en haut d’une voiture qui circule dans Paris, il dessine des caricatures politiques sous les yeux des badauds. L’exercice, comme le stipule le contrat qui le lie au journal, doit durer sept heures par jour pendant quinze jours consécutifs ![35] Il sera au moins une fois appréhendé par des sergents de ville[36].

Alfred Le Petit participe aux expositions des Arts Incohérents, qui forment une sorte de « contre-salon burlesque [37]» en opposition au Salon officiel. La caricature, l’absurde et les objets tirés de la vie quotidienne deviennent de véritables œuvres d’art « décalées ». Il combine parfois des objets pour mieux charger telle ou telle célébrité. Ainsi la caricature de Sarah Bernhard composée d’un parapluie, d’un simple balai et d’un morceau de carton. [fig. 11].

Chez Alfred Le Petit, ce décloisonnement entre la caricature et la vie est confirmé par la multiplication très importante de ses autoportraits. Sous des allures très différentes il insère sa propre image dans ses caricatures politiques[38]. Ainsi, par ses mises en scène, le dessinateur devient acteur de l’image caricaturale et semble fondre sa personnalité dans ce monde fantastique qu’est la représentation. Il devient aux yeux du lecteur, l’objet même de la caricature dans un univers recomposé régi par les seules lois de la satire graphique [fig. 12].

Dessinateur engagé, un statut qui évolue

Vallès semble donc toucher juste lorsqu’il évoque la « fantaisie » de ces dessinateurs républicains-bohèmes, impliqués dans les luttes politiques qui prennent alors souvent l’aspect de luttes de presse. Avec La Charge, Le Grelot, Le Sans-Culotte, ou même Le Pétard, comme pour Gill au travers de l’Eclipse ou plus tard du Bulletin de vote notamment, Alfred Le Petit défend les idées républicaines et flétrit la réaction. Mais contrairement aux publicistes et aux patrons de la grande ou de la petite presse, les dessinateurs, en puisant aux armes de la satire, naviguent entre l’art, la politique et le plaisir du jeu, entre Art majeur, Art mineur et comédie. Le caricaturiste se fait aussi bien bateleur de foire que propagandiste. La caricature, elle, conserve une double fonction : elle alimente la polémique politique, mais elle nourrit également la quête de plaisir visuel et intellectuel. Le lecteur républicain qui pourrait être tout autant qualifié de « fantaisiste » dans son appropriation jubilatoire de l’image.

Evoluant dans des milieux sociaux très divers, écartelés entre des perspectives de carrière souvent contradictoires, les caricaturistes forment un groupe à l’identité mal définie. Leur célébrité, pour ceux qui réussissent, est toujours suspectée de cacher une vie dissolue. De fait, le caricaturiste républicain apparaît comme engagé mais en même temps sulfureux, surtout dans les décennies qui précèdent et qui suivent la chute de l’Empire. C’est un artiste « raté » dont la célébrité peut pourtant égaler celle des artistes officiels.

Le développement du mouvement ouvrier et plus généralement du « mouvement social [39]» autour de 1900 tranche la question de l’engagement du dessinateur. Certains caricaturistes, tels Grandjouan, Delannoy ou Luce par exemple, deviennent de véritables « artistes-militants [40]» soutenant de leur pinceau et de leur plume des causes dans des organisations structurées. Grandjouan réalise des affiches politiques pour la CGT ; il publie également des articles sur le mouvement syndicaliste américain dans la Guerre sociale[41]. Des revues illustrées de caricatures sont fondées par des propagandistes ayant pour certains un rôle dirigeant dans des organisations ou des partis qui comptent alors de nombreux adhérents. L’image acquiert une place non négligeable dans la pratique militante[42].

Vingt ans après la disparition de Vallès et de Gill, sous les yeux même d’un Alfred Le Petit déclinant, les luttes politiques et sociales se renforcent. Le rôle du caricaturiste engagé s’en trouve largement modifié. Gageons que Jules Vallès s’il avait été confronté à cette évolution importante, n’aurait sans doute plus pu écrire comme il le faisait en 1870, que la caricature était seulement « l’arme des désarmés [43]» en quête de reconnaissance sociale.

Guillaume Doizy

LEGENDES DES ILLUSTRATIONS

Fig. 1 : Autoportrait photographique d’A. Le Petit à la fin des années 1870. Sd. Coll. J.-F Le Petit.

Fig. 2 : Les Contemporains n°32, 7 juillet 1881. A. Le Petit regrette de voir ses œuvres « refusées » au Salon et doit donc laisser sa palette aux araignées pour se contenter de la caricature. Coll. J.-F Le Petit.

Fig. 3 : L’Eclipse n°79, 24 juillet 1869. Dessin de Gill figurant les relations chaotiques entre le caricaturiste et Polo, directeur de L’Eclipse. Coll. BHVP.

Fig. 4 : La Charge n°24, 24 septembre 1870, dessin d’A. Le Petit. Avec cette publication dont le succès se fait rapide, le dessinateur acquiert une image de combattant hostile l’Empire, la Prusse et favorable à la République radicale. Coll. J.-F Le Petit.

Fig. 5 : Contrat d’exclusivité signé entre J. Madre et A. Le Petit, 1871 et 1874. Par ce contrat, le caricaturiste gagne en stabilité, mais se dessaisit d’une partie de sa liberté créative ou politique. Coll. J.-F Le Petit.

Fig. 6 : Les Hommes de la Commune n°5, « Flourens », dessin d’A. Le Petit, sd (1871). Dans cette série réalisée après la semaine sanglante, Le Petit dresse des portraits valorisants de dirigeants communards. Le principe du buste sculpté confère à ces révolutionnaires une stature digne de la postérité. Certains arborent même un fier sourire. Coll. F. François.

Fig. 7 : « Les contemporains dans leur assiette, Gambetta », dessin d’A. Le Petit, série d’assiettes éditée par C. Macé en 1878 et présentée à l’Exposition universelle. Gambetta sous les traits d’un coq national décoré d’une cocarde s’oppose aux forces antirépublicaines en arrière plan : légitimisme, orléanisme et bonapartisme. Coll. Mairie d’Aumale.

Fig. 8 : « Les deux spectres », dessin d’A. Le Petit, Lyon républicain, 22 février 1880. Le caricaturiste oppose deux spectres, le spectre rouge et le spectre noir. Le premier agit comme un repoussoir et « engraisse » le second, comme l’indique la légende. Coll. J.-F Le Petit.

Fig. 9 : « Souvenir du bal anti-clérical du vendredi dit saint (Paris, 1885) », dessin d’A. Le Petit. Comme l’attestent des lettres ou ici cette feuille volante Le Petit se déguise volontiers pour animer des cavalcades spectaculaires. Le voilà ici en « révérend Père de la sainte rigolade » (en haut à gauche). Coll. J.-F Le Petit.

Fig. 10 : Serviette publicitaire en papier annonçant la troisième conférence du « Journal Parlé » à la salle des Capucines. Paris, 1890. La caricature quitte l’imprimé pour devenir un véritable spectacle vivant. Lors de ces conférences, Alfred Le Petit mime et dessine des caricatures face à un public médusé. Coll. J.-F Le Petit.

Fig. 11 : « Parapluie pour spectacle » (Sarah Bernhardt), œuvre d’A. Le Petit. Balai, parapluie, carton, 1884. Le caricaturiste expérimente la caricature qu’il ne réduit pas à un dessin imprimé. Il combine des objets tirés de la vie quotidienne, comme pour créer un lien plus fort entre la personne visée par la charge et sa version satirique. Coll. J.-F Le Petit.

Fig. 12 : « La liberté du crayon SVP », dessin d’A. Le Petit, Le Pétard n°54, 25 novembre 1877. Alfred Le Petit, plus encore qu’André Gill multiplie les autoportraits dans ses caricatures politiques, et pas seulement à l’occasion, comme ici, de mésaventures avec la censure ! Le dessinateur se présente souvent comme un combattant face à des forces hostiles. Coll. BHVP.



[1] Bertrand TILLIER, A la Charge ! La Caricature dans tous ses états – 1789-2000, Paris, L’Amateur, 2005, p. 65 et suiv.

[2] Le Réveil, 4 novembre 1881.

[3] Colonel GODCHOT (Simon), « Jules Vallès et André Gill », in L’Esprit français n°77, déc. 1932, p. 409-416.

[4] Voir Paul LIDSKY, Les écrivains contre la Commune, Ed. La Découverte, Paris, 1999 et Bertrand TILLIER, La Commune de Paris : une révolution sans images ? Politique et représentation dans la France républicaine 1871-1914, Seyssel, Champ Vallon, 2004.

[5] Jean MAITRON, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Paris, Ed. ouvrières, 1971, TVIII, 1864-1871, p. 188.

[6] Archives de la Préfecture de Police de Paris, Ea 103 (15), feuillet daté « Paris, le 13 août 1879 », Cabinet, 1er Bureau.

[7] La loi impose alors au caricaturiste de pouvoir exhiber l’autorisation écrite de celui qu’il charge sous peine d’amende.

[8] Lettre manuscrite de Jules Vallès à Alfred Le Petit datée du 4 avril 1870, collection J.-F. Le Petit.

[9] Feuillet manuscrit daté du 25 février 1884, Levallois-Perret. Collection J-F Le Petit.

[10] Il demande à ses parents de lui envoyer des jumelles, afin de pouvoir observer les détails des tableaux à reproduire situés en hauteur dans les musées. Lettre manuscrite datée du 10 septembre 1861, Paris, collection J-F. Le Petit.

[11] André GILL, Vingt années de Paris, Paris, Marpon et Flammarion, 1883, p. 125.

[12] Voir Jacques LETHEVE, La vie quotidienne des artistes français au 19ième siècle, Hachette, 1968.

[13] Lettre manuscrite signée Gabriel Rembault, Amiens, le 5 février 1872. Collection J. F. Le Petit.

[14] Dessin signé Félicien Champsaur, mais probablement d’ALP. Les Contemporains n°32, 7 juillet 1881.

[15] Lettre manuscrite datée du 19 juillet 1870. Collection J-F. Le Petit.

[16] Voir l’étude de Bertrand TILLIER, Le potager républicain, Caricatures d’Alfred Le Petit, Musée de l’Histoire Vivante, Montreuil, sd.

[17] Contrat signé entre J. Madre et ALP, le 9 novembre 1871 et prolongé pour trois ans à partir du 1er novembre 1874. Collection J.-F. Le Petit.

[18] Contrat entre Stéphane Juge du journal La Revanche et ALP. Daté du 31 août 1886. Collection J.-F. Le Petit.

[19] Lettre manuscrite signée Madre datée du 23 juillet 1875. Collection J.-F. Le Petit.

[20] Lettre manuscrite signée Madre datée du 7 septembre 1883. Collection J.-F. Le Petit.

[21] Plusieurs lettres de Pierre Véron, rédacteur en chef du Charivari l’attestent. Collection J.-F. Le Petit.

[22] Comme par exemple Léo Taxil. Lettre d’ALP datée du 7 avril 1885, Levallois. Collection J.-F. Le Petit.

[23] Cité par Jean VALMY-BAYSSE, André Gill l’impertinent, (rééd. de 1927), Paris, Ed. du Félin, 1991 p. 142.

[24] Raymond BACHOLLET, « Le catalogue des journaux satiriques – La Charge » in, Le Collectionneur français, 1991, n°294, novembre 1991, p. 6.

[25] La Montagne « journal de la Révolution sociale », rédacteur en chef, Gustave Maroteau. 1er numéro le dimanche 2 avril 1871. Dessins d’ALP dès le second numéro daté du 3 avril, et pendant tout le mois de juin. Mais le dernier dessin inédit date du 13 avril, date après laquelle il semble quitter Paris.

[26] Le Nain Jaune, 23 septembre 1872. Sur la coupure de journal conservée dans ses archives, Alfred Le Petit a écrit « la haine des gredins est aussi flatteuse que l’estime des honnêtes gens ».

[27] Le nationalisme est alors défendu par la gauche.

[28] La Charge 2e série, n°14, 16 juillet 1870.

[29] On lui demande par exemple d’animer une cavalcade en lui proposant de lui payer son costume et le transport. Lettre manuscrite datée du 19 mars 1890, Neufchâtel-en-Bray, qui fait également référence à une cavalcade organisée le 9 mars 1869. Collection J.-F. Le Petit.

[30] Horace VALBEL, Les chansonniers et les cabarets artistiques, Dessins d’Alfred Le Petit, Paris, E. Dentu, sd. (1895), p. 321-331.

[31] « Malbroug s’en va-t-en guerre », dessin d’ALP, La Charge, 2e série n°15, 23 juillet 1870.

[32] Une note manuscrite de son fils sur un dessin original explique cette fantaisie confirmée par l’absence de la moustache sur certaines versions imprimées. Il pourrait y avoir eu également deux versions imprimées différentes. Une avec moustache pour la censure, et une autre, sans. Collection J.-F. Le Petit.

[33] Paul THEODORE-VIBERT, Pierre Leleu, Paris, Schleicher frères, 1912, p. 298.

[34] Voir notre article « Alfred Le Petit et la caricature « solide » : précurseur des Avant-gardes ? », in Ridiculosa n°13, 2006 (à paraître).

[35] Contrat signé entre Stéphane Juge, propriétaire du journal La Revanche et ALP Le Petit. Daté du 31 août 1886.

[36] Le Petit rouennais, 3 septembre 1886.

[37] Luce ABELES, Catherine CHARPIN, Arts incohérents, académie du dérisoire, Les dossiers du musée d’Orsay, Paris, RMN, 1992, p. 15.

[38] Dans ses dessins de La Charge, du Grelot ou du Pétard notamment, ALP multiplie les autoportraits satiriques.

[39] L’expression est alors largement employée par la presse républicaine radicale, anticléricale ou ouvrière.

[40]Voir « L’Art social à la Belle Epoque », catalogue d’exposition, Adiamos-89, Musée-Abbaye Saint-Germain d’Auxerre, 2005.

[41] La Guerre sociale, 7 juillet 1909.

[42] Voir notre article « Une revue anticléricale : Les Corbeaux », in Gavroche n°140, mars-avril 2005, p. 8 à 13.

[43] Lettre manuscrite de Jules Vallès à ALP datée du 4 avril 1870, op. cit.