Images subversives/Images subverties

AAC journée d’études:
Images subversives/Images subverties – Iconographies résistantes en Amérique latine et dans les Caraïbes, de l’époque pré-historique à nos jours
Date limite : 13 mars 2017

Cet appel à contribution intéressera les amateurs d’image satirique

Le Laboratoire Junior EIRALC (Empires, Impérialismes et Résistances en Amérique Latine et dans les Caraïbes) invite les intervenants de cette nouvelle journée d’étude à approfondir la question des résistances et des rapports de pouvoir latino-américains en les envisageant du point de vue des images.

Les récents apports théoriques permettant de “penser l’image” (Alloa et al.2010/2015) – à la lumière du pictorial turn,d’après W.J. Thomas Mitchell, ou de l’iconic turndéfini par Gottfried Boehm – nous invitent à envisager l’image dans toute sa complexité, c’est-à-dire du point de vue des contenus qu’elle représente, du “médium” qu’elle mobilise, des théorisations qu’elle inspire, des contextes dans lesquels elle est mobilisée et, enfin, de son statut économique et juridique. On privilégiera donc une conceptualisation étendue de l’image, qui au-delà de la peinture ou la photographie admettra des supports aussi divers que l’écriture pictographique, la bande dessinée, le dessin de presse, le tatouage ou encore le textile. La journée d’études sera l’occasion de proposer une réflexion interdisciplinaire sur les iconographies résistantes, qui accueillera les contributions de disciplines variées, allant de l’histoire de l’art à l’anthropologie, en passant par la sociologie ou encore le droit.

Il s’agira d’analyser l’articulation entre deux dynamiques souvent complémentaires et parfois contradictoires – les représentations de la résistance et les résistances par des moyens iconographiques. Analyser séparément ces deux processus nous conduirait en effet à en reconduire une vision dichotomique. L’idée de “subversion” nous paraît ici centrale pour penser ensemble les deux dimensions du problème. En effet, tout détournement d’un discours iconographique en subvertit le contenu hégémonique, mais n’en continue pas moins à mobiliser ce substrat dominant sur le long terme, ce qui permet de mettre en évidence le processus inverse, à savoir la réappropriation d’un code subversif issu de la contre-culture afin de garantir la transmission d’un discours hégémonique. Le laboratoire encourage les comparaisons entre différentes époques pour insister sur la dimension transhistorique de ces processus. Par exemple, la récupération de personnages indiens ou afro-descendants par l’Eglise et leur transformation en saints populaires à l’époque coloniale, n’empêche pas la réappropriation de ces figures par une religiosité populaire prompte à transformer et à réinterpréter l’iconographie chrétienne, jusque dans les expressions de la contre-culture contemporaine, à l’image du culte de la Santa Muerte.

En outre, le “contenu” de l’image ne saurait prendre forme sans un “médium”, c’est-à-dire un moyen historiquement déterminé permettant de créer et de recréer des images, leur conférant leur visibilité (Belting 2004). C’est pourquoi la fabrication des images constitue en elle-même un acte symbolique. Dans sa “théorie de la résistance”, (Traba 1973b) Marta Traba souligne l’importance des évolutions et des ruptures dans la fabrication des images, et indique que la domination culturelle des Etats-Unis constitue l’imposition d’un “style”, d’un “médium”, mais aussi d’un “système de civilisation”. L’image jouerait selon elle le rôle d’un véritable “cheval de Troie” en Amérique latine, contre lequel elle propose diverses stratégies subversives.

Une autre dimension à explorer pourrait être celle du contexte dans lequel l’image est mobilisée, et celle de ses usages. On pourra envisager la circulation des images au sein des réseaux de la culture institutionnelle, et s’interroger entre autres aspects sur la place qu’occupe l’art indigène au sein de l’État, dans sa dimension de réparation des lacunes de l’Histoire officielle. On s’intéressera notamment à la diversité des pratiques curatoriales des musées, au sein des contextes politiques, culturels et économiques variés qui forment le vaste espace géographique étudié par le laboratoire. Enfin, la dimension pragmatique et performative des images peut être interrogée dans la contre-culture et jusqu’en dehors du champ artistique au sens strict. C’est le cas de la photographie indigéniste et de ses usages par l’anthropologie et les sciences sociales. Celles-ci produisent en effet elles-aussi des discours visuels tantôt hégémoniques tantôt contre-hégémoniques.

Nous proposons enfin d’étudier la question du statut de l’image, dans sa dimension économique, liée à la notion de droit d’auteur. On peut mentionner la reprise de motifs “ethniques” dans le champ de la haute couture ou de l’industrie textile, pratiques que les communautés concernées n’hésitent pas à dénoncer en termes “d’appropriation culturelle”, et auxquelles elles opposent de nouvelles formes de résistance.

Modalités pratiques d’envoi des propositions
Les propositions de contributions n’excèderont pas 10 lignes et pourront être rédigées en français, anglais, espagnol ou portugais. Elles devront être envoyées
avant le lundi 13 mars
aux trois adresses suivantes, accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique :
thomas.brignon@hotmail.com
lauralema.s@gmail.com

elsa.crousier@gmail.com