Charb à Libération


Interview de Charb, dessinateur et directeur de Charlie Hebdo dans l’édition papier de Libération du 4 avril 2011 et sur le site de Libé, mais sous forme payante

Début de l’interview…

Presque deux ans que Charb le dessinateur a pris la barre de l’hebdo. Son prédécesseur, Philippe Val, ne reviendra plus, il vient de lâcher ses parts dans l’affaire et le journal vend ses locaux. Charlie 3, période Charb, est désormais bien entamé. Entretien.

Comment va Charlie ?
Les ventes ne se portent pas forcément mieux : autour de 48 000 exemplaires, dont 12 000 abonnés, et entre 30 000 et 32 000 en kiosque. C’est 2 000 en dessous de ce qu’il faudrait pour être à l’aise. Mais nous avons fait de telles économies que Charlie est quand même à l’équilibre. Il y a la crise de la presse, et l’affaire Siné n’a pas arrangé les choses.

Des retours de lecteurs ?
Ce sont plutôt des militants de Charlie qui nous écrivent sur la laïcité, la critique des religions ou sur notre spécial nucléaire. Ceux qui ne nous aiment pas n’écrivent pas, ou alors des insultes. Un islamiste qui veut me brûler vif m’a envoyé un mail il y a deux jours parce qu’on se moquait du Prophète. Je lui ai corrigé ses fautes d’orthographe ! Au moment de l’affaire des caricatures, nous avons reçu des menaces, et un car de CRS a stationné en bas durant une semaine. Quand il est parti, personne n’est venu nous péter la gueule ou casser les locaux. Le fantasme sur l’invasion islamiste en France, je n’y crois pas. Il y a des givrés comme il y en a toujours eu ; on leur donne juste plus d’importance qu’à une époque.